Fabien Roussel : "La vraie gauche, authentique et sincère, se renforce"
Les dernières élections sénatoriales semblent avoir profité à la gauche, le PC compte deux sénateurs de plus. "C’était une belle journée, hier, estime Fabien Roussel, secrétaire national du PCF. Le groupe communiste au Sénat se renforce avec deux sénateurs supplémentaires. À gauche, les groupes se sont plutôt renforcés, je pense à nos collègues écologistes. On a aussi gagné une députée, lors de l’élection législative partielle de la Réunion. Ce sont de bonnes nouvelles et un bon signe que la vraie gauche, authentique et sincère, se renforce."
En vu des élections régionales, va-t-il falloir s’organiser et faire l’union ? "Les régionales, c’est dans six mois. L’inquiétude, c’est l’emploi. C’est surtout cela la priorité, l’urgence. C’est se battre pour sécuriser les emplois, je pense à Bridgestone, à tous ceux qui sont sous le coup de licenciements. Si les élections ont lieu, avec le contexte sanitaire compliqué, nous serons prêts. Mais aujourd’hui, les Français n’ont vraiment pas cela en tête. C‘est l’angoisse des fins de mois."
"Qu’attend ce gouvernement pour mettre enfin les moyens dans les hôpitaux ?"
Avec l’épidémie de Covid, les mesures de fermetures sont-elles trop sévères ou justifiées ? "Déjà la crise sanitaire est réelle, la pandémie est réelle, et le virus circule de plus en plus. Mais pour que des mesures soient acceptées, il faut que la confiance des citoyens soit là. Ce gouvernement applique des mesures avec brutalité, sans concertation, décidées en haut, appliquées en bas. On ne comprend pas pourquoi on a le droit de s’entasser dans un TER ou un bus pour aller au boulot, et plus d’aller dans un café ou un restaurant. Ils prennent beaucoup de mesures, au moins, c’est sécurisé. Fermer ces lieux, demain, on va les retrouver où ces jeunes, le soir ?"
"La crainte c’est la saturation dans les hôpitaux. Qu’attend ce gouvernement pour mettre enfin les moyens dans les hôpitaux ? Pourquoi des services d’urgences sont menacés de fermeture ? Les moyens techniques, s’il n’y a pas les bras pour aller avec, on va faire comment ? Si nous avions plus de lits de réanimation et de personnels, on ne serait pas obligés d’en arriver là, surtout après la première vague. "
Fait-il confiance au gouvernement pour lutter contre l’épidémie ? "Oui, il y a un manque de confiance. Le Premier ministre a réuni les chefs de partis, il nous parle de la gravité de la situation. Le lendemain, nous apprenons à la télévision que le gouvernement a décidé de fermer les bars et restaurants à Marseille et Aix. On découvre cela comme tout le monde. D’un côté, on nous parle de concertation, de l’autre, on donne des coups de bâton sans prévenir. Les mesures tombent d’en haut, paraissent disproportionnées et ne sont pas admises. Je suis député, je ne vais pas appeler à la désobéissance civile. Des mesures importantes, difficiles sont à prendre, c’est sûr, mais elles doivent l’être en concertation."
"Je ne comprends pas que le Premier ministre de notre pays n’ait pas encore appelé son homologue japonais"
Fabien Roussel craint-il un hiver meurtrier pour les entreprises françaises ? "Beaucoup de mesures ont été annoncées, je pense à la prise en charge du chômage partiel et de longue durée. Mais il y a des dizaines de milliards d’euros d’argent public mis sur la table qui n’empêchent pas les délocalisations de nos emplois dans les pays à bas coût, en Europe. Là on assassine nos emplois avec de l’argent public, dénonce-t-il. Cet argent devrait servir à maintenir tous les emplois, nos outils industriels. Il n’y a aucune logique industrielle si ce n’est de gaver encore des actionnaires".
Sur Bridgestone, "ce ne sont pas des patrons voyous, mais le premier producteur de pneus au monde, qui a décidé de fermer une usine pour produire là où les travailleurs coûtent moins cher, déplore le député. Le gouvernement doit demander au gouvernement japonais de faire pression sur l’entreprise. C’est ce qu’a fait l’Italie pour empêcher une décision de fermeture. Les députés des Hauts-de-France vont demander à rencontrer l’ambassadeur japonais, assure l'élu. Je ne comprends pas que le Premier ministre de notre pays n’ait pas encore appelé son homologue japonais. C’est comme cela que l’on fait de la politique pour défendre son industrie", estime-t-il.
"Une loi qui cible nos concitoyens musulmans, cela s’appelle de la stigmatisation"
Croit-il que le texte à venir sur le séparatisme sera un texte de gauche ? "Aujourd’hui, nous devons nous mobiliser tous ensemble pour faire vivre la laïcité et les valeurs de la République, et cela peut souder les Français. Maintenant, pour faire une loi appelée séparatisme, mais qui cible nos concitoyens musulmans, cela s’appelle de la stigmatisation", affirme Fabien Roussel.
Nous sommes tous unis pour dire que l’islamisme politique, nous n’en voulons pas et le condamnons. Il y a des lois, il faut les appliquer, défendre le droit à la caricature, la liberté de la presse. Je suis à 100% derrière Charlie, je l’étais hier, je le suis plus encore."
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