Alors qu'il étudiait à l'école des Arts à Nice, Éric Piedoie Le Tiec côtoyait déjà des grands noms du domaine : "Ben, Armand, César, même Andy Warhol". Tout jeune peintre, après avoir fait de la photographie, les tableaux avaient du mal à se vendre. "Au bout d'un moment j'en ai eu marre, il faut arrêter de ne pas vivre", se dit-il à cette époque.
L'engrenage du faux
C'est alors qu'Éric Piedoie Le Tiec bascule dans le côté obscur de l'art en devenant un faussaire. "Un matin, je me lève, je regarde les catalogues de ventes publics, je vois un dessin sympa et je prend une feuille et un crayon, je dessine. Je l'ai vendu une fortune à l'époque en l'espace de dix minutes", se souvient-il. "Un prix sympa pour deux minutes de travail" qui lui font repérer un filon et l'incite à repasser à l'action. "On a récidivé après, on s'est engouffré dans la brèche", rapporte le peintre.
La tâche semble facile. Éric Piedoie Le Tiec fréquente des artistes quotidiennement et a même accès à leurs ateliers. "J'avais toutes les matières sur place", souligne-t-il, se rappelant que "ce n'était pas facile mais ça me passionnait le plus au niveau intellectuel". Ses fausses œuvres s'achètent sans trop de difficulté. "Les gens achètent parce qu'ils font des profits derrière. La cupidité est un facteur essentiel", note le galeriste.
La chute inopinée du faussaire
Mais l'histoire prend fin à la suite d'un vol dans une galerie de Saint-Paul-de-Vence où trois tableaux sont dérobés. Éric Piedoie Le Tiec n'a rien à voir dans ce cambriolage mais connaît le gérant de la galerie. "La police a mis sous écoute 250 personnes", se souvient-il. À travers ce "concours de circonstances", il évoque la combine par téléphone et pousse les enquêteurs à s'intéresser à son cas.
"Dans les écoutes, ils sont sur nous pendant un an et demi et ils se sont aperçus de la partie invisible de l'iceberg, que l'on fabriquait des faux à tire-larigot", s'amuse Éric Piedoie Le Tiec qui sera condamné à neuf ans et demi de prison, à la suite d'une accumulation de plusieurs peines. "À l'arrivée, j'ai fait quatre ans, ce qui m'a permis d'écrire ce livre et de me reposer", fanfaronne-t-il.
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