Une association de Poitiers menacée d’être privée de subventions car elle fait la promotion de la désobéissance civile. La réaction d'Élisabeth Lévy.
Face à ces verts remuants, le Préfet voit rouge. Dimanche, au village des alternatives à Poitiers, Alternatiba, mouvement citoyen pour le climat et la justice sociale, organisait un atelier de formation à la désobéissance civile, animé par des militants de Greenpeace et d'Extinction Rebellion.
Pour le Préfet de la Vienne, cela contrevient au contrat d’engagement républicain, qui interdit aux associations de troubler l’ordre public. Il a donc sommé la mairie et l'agglomération de retirer leurs subventions, mais l’une et l’autre soutiennent l’association.
D’après les comptes-rendus de la presse, ces gens-là ne semblent pas vraiment menacer la République. On explique aux participants leurs droits et devoirs face à la police, on conseille de rester toujours «poli, calme et patient face aux uniformes.» Excellent conseil.
Donc, vous êtes favorable à la désobéissance civile ?
Impossible de donner une réponse générale, sauf dans le cas des régimes totalitaires. Les gens qui cachaient des juifs dans la France occupée transgressaient la loi. Ils sont aujourd’hui des héros. En démocratie, c'est plus compliqué. Si chacun n’applique que les lois qu’il juge légitimes, il n'y a plus de loi commune. Cependant, cela peut être un moyen de protester, d’alerter contre une politique injuste. Fabien Roussel appelle les collectivités à ne pas payer leurs factures d’électricité : poussera peut-être le gvt à leur donner le bénéfice du bouclier tarifaire ? Le curseur varie avec les opinions: je soutiendrais un prof refusant d’appeler un élève en transition de genre par un autre prénom que celui de son sexe, même si c’est contraire à la loi (en Irlande, un prof a été suspendu pour ça). En revanche, soustraire son enfant à l’école obligatoire est très problématique. Autre exemple : les Actions des Faucheurs volontaires sont inacceptables.
Si on veut définir des critères: il y a la non-violence ; les nuisances pour autrui (quand extinction-rebellion bloque le centre de Paris). Bref, il faut un équilibre entre la conscience individuelle et les impératifs de la vie en société. Mais attention à ne pas criminaliser la contestation. Je ne partage pas les idées d’Alternatiba, mais je ne veux pas vivre dans une société où on les fait taire. Après tout, j’ai moi aussi pratiqué la désobéissance civile en refusant de porter un masque dans la rue et en le revendiquant. Et si c’était à refaire, je le referais.