"Plus de 250 piquets de grève" mais une mobilisation perfectible: électriciens et gaziers ont fait grève mardi à l'appel de la CGT dans toute la France, un mouvement reconductible pour leurs salaires et la fiscalité de l'énergie, sans lien direct avec les mobilisations annoncées contre l'exécutif, mais susceptible de donner un premier signal de la colère sociale en cette rentrée.
Chez les deux principaux employeurs du secteur, les taux de participation étaient en recul par rapport aux précédents conflits : 9,45% de grévistes parmi l'ensemble des effectifs électriciens et gaziers du groupe Engie à la fin de journée, "sans impact" sur les opérations du groupe, c'est très loin des quelque 25% de grévistes relevés en décembre 2024, mais à l'appel de l'ensemble des syndicats du secteur.
Chez EDF SA (c'est-à-dire le groupe sans ses filiales), où la mobilisation avait été du même ordre, la direction a fait état en fin de journée de 10,14% de grévistes sur l'effectif total.
Sur l'ensemble du secteur, la CGT a assuré avoir comptabilisé "au moins 30.000 salariés grévistes" sur les 138.000, soit un peu plus de 21% de grévistes.
Le syndicat a réfuté toute déception: "notre but, n'était pas de sortir des scores incroyables dès la première journée", a assuré Fabrice Coudour, secrétaire général de la FNME-CGT, premier syndicat du secteur, qui a assuré à l'AFP vouloir "construire les choses petit à petit et s'organiser pour tenir dans la durée".
Dans les métiers opérationnels, "on est souvent au-delà de 30%", notamment dans les centrales nucléaires, a indiqué M. Coudour, tout comme dans la production hydraulique.
"Ça représente quand même des milliers de salariés. Et on espère bien que les employeurs vont répondre à leurs revendications", a-t-il indiqué.
En milieu de soirée, le syndicat a annoncé que "la quasi totalité des assemblées générales de grévistes a(vait) décidé la reconduction du mouvement pour les jours à venir (...) sous différentes formes".
Il réclame l'abrogation de la dernière réforme des retraites, une baisse de la TVA de 20% à 5,5% sur les factures d'énergie et des mesures salariales comme l'alignement sur le Smic du premier échelon de la grille des salaires, actuellement inférieur de 9% au salaire minimum et une revalorisation des indemnités d'astreintes, notamment.
- Une jonction avec le 10 septembre ? -
"Plusieurs piquets de grève" ont indiqué "avoir voté la reconduction du mouvement" pour mercredi, a indiqué Gaël Farou, secrétaire général adjoint, mais le syndicat n'avait pas encore de remontées pour l'ensemble des piquets de grève et tablait sur un point complet pour mercredi matin.
A la centrale nucléaire de Penly (Seine-Maritime), où travaillent 1.300 personnes, la CGT a procédé des filtrages, ralentissant l'entrée des salariés pour affecter l'activité et comptabilisé "90% de grévistes" dans les personnels de quart, a affirmé à l'AFP Nicolas Vincent, délégué syndical CGT.
"Les salariés ont voté la grève et un filtrage +soft+ (ralentissement de l'entrée des salariés pour ralentir l'activité, NDLR) pour une seule journée (mardi NDLR) pour commencer, ensuite on laissera la place aux négociations et si on n'obtient pas gain de cause, on durcira le mouvement" avec un blocage "total" de la centrale, a-t-il ajouté.
La CGT est seule à ce stade, à appeler à la grève. Certains syndicats, comme la CFDT, partagent une part de ses préoccupations, mais souhaitent "discuter avec les employeurs", avant d'envisager d'autres actions.
S'ils ne sont pas liés au départ, l'appel dit "citoyen" à "tout bloquer" le 10 septembre "et notre préavis reconductible à compter du 2 ne s'opposent pas, bien au contraire", a indiqué à l'AFP Fabrice Coudour. Il estime que l'appel à bloquer pourrait s'inscrire "dans la reconductibilité du mouvement" des électriciens et gaziers, si celui-ci venait à se prolonger.
A la centrale nucléaire de Paluel (Seine-Maritime), Sylvain Chevalier, militant CGT, donne d'ailleurs déjà rendez-vous, le 10 septembre, "pour du filtrage et des assemblées citoyennes où les gens se parlent".
EDF a fait état mardi sur son site internet, d'une "perte de puissance disponible" sur son parc hydraulique en raison du mouvement.
Mardi soir, la CGT a indiqué n'avoir pas reçu "de sollicitation des employeurs de la branche". Le syndicat prévoit un point sur les avancées obtenues pour le jeudi 4 septembre au matin. Le syndicat décidera alors de la suite à donner au mouvement.
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Par Nicolas GUBERT et les bureaux de l'AFP en régions / Paris (AFP) / © 2025 AFP