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Dimitri Casali : "La communauté nationale est de plus en plus désunie, en danger"

Par Benjamin Jeanjean

Historien et spécialiste de l’enseignement de l’Histoire, Dimitri Casali était l’invité du Grand Matin Sud Radio ce vendredi. Il est notamment revenu sur le dernier sondage Ifop-Fiducial pour Sud Radio et CNews sur le rapport des Français aux commémorations.

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Selon un sondage Ifop-Fiducial pour Sud Radio et CNews, 93% des Français se disent favorables à une commémoration annuelle de la fin de la Seconde Guerre mondiale (89% pour la fin de la Première Guerre mondiale). Historien et spécialiste de l’enseignement de l’Histoire, Dimitri Casali était l’invité du Grand Matin Sud Radio ce vendredi pour évoquer ces chiffres, qui ne sont pas surprenants selon lui.

"En ces temps de grande incertitude dus à la mondialisation, les Français ont besoin de retrouver leur Histoire. Et il est vrai que l’Histoire est une passion française depuis plus de 200 ans. Aujourd’hui, ces moments de commémoration sont les seuls moments où ils peuvent se retrouver et célébrer un événement qui les unit. La communauté nationale est de plus en plus désunie, en danger, avec un sentiment sous-jacent de perte d’identité. Ce sondage exprime ce besoin de filiation morale et spirituelle", explique-t-il.

"Les Français n’arrivent pas à s’approprier l’événement du 13 novembre"

En revanche, seuls 53% des Français approuvent l’idée d’une commémoration annuelle des attentats de janvier et novembre 2015 en France. "Ça m’étonne un peu parce que je pense que c’est un événement fondateur de notre histoire récente et immédiate. Quatre millions de Français étaient descendus dans la rue, on n’avait jamais vu ça depuis fort longtemps. C’est un événement qui mériterait d’être célébré d’après moi car chaque citoyen français doit pouvoir s’approprier cette célébration qui commémore avant tout les valeurs de la République française : liberté d’expression, universalisme, égalité, etc. (…) Ces chiffres expriment aussi le fait que tous les Français n’arrivent pas à s’approprier cet événement qui est encore très récent. Il faut toujours au moins une dizaine d’années pour que les Français puissent se l’approprier et le digérer", analyse Dimitri Casali.  

En ce qui concerne Mai 68, seulement 36% des Français seraient en faveur d’une commémoration annuelle. Un chiffre assez faible, mais logique selon l’historien. "S’il est indéniable que Mai 68 est un grand moment de modernisation de la société française, dans un sens beaucoup plus libéral pour une société française qui était très sclérosée en 1968, il y a aussi eu d’effroyables effets négatifs – selon mon avis – en ce qui concerne l’Éducation nationale et l’école. On peut d’ailleurs dater la rupture d’un système scolaire français extrêmement efficace à Mai 68. Avec 36%, on voit bien que cette célébration ne fait pas consensus chez les Français", indique-t-il.

Retrouvez en podcast l’intégralité de l’interview de Dimitri Casali dans le Grand Matin Sud Radio

 

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