Que reste-t-il du fameux vivre ensemble ? Les faits sont clairs : on assiste à une poussée de violences contre les Roms dans le nord de l’Île-de-France, notamment en Seine-Saint-Denis, accompagnées de rumeurs de Roms voleurs d’enfants, à Clichy-sous-Bois ou à Bobigny.
Des différends religieux en toile de fond
Les Roms ont répondu à leurs agresseurs. Mais qui sont leurs agresseurs, dans un département où cohabitent des dizaines de nationalités ? "Rien que la ville de St-Denis, c’est 134 nationalités et 24% de la population d’origine étrangère, souligne Véronique Jacquier. À cela, s’ajoutent 100 à 400.000 clandestins, selon un rapport parlementaire. Résultat : nous avons des populations qui ne s’intègrent plus, qui se replient sur leur identité et défendent leur territoire."
En toile de fond, on retrouve en fait des différends religieux, confient des policiers, "avec d’un côté, des Français ou immigrés de religion musulmane et de l’autre, des Roms chrétiens évangéliques très fervents. Cela rappelle ce qui s’était passé à Perpignan en 2005 en centre-ville, entre la communauté gitane sédentarisé et la communauté maghrébine".
"Je vois au quotidien des chasses à l’homme, des ratonnades, des violences, explique Benjamin Alban, membre du bureau de SOS Racisme. Cela s’inscrit dans une histoire très longue de violences contre les Roms en France et en Europe. Les stéréotypes sur les Roms et les vols d’enfants, c’est aussi vieux que ceux sur les juifs et l’argent. Les messages de haine sur les Roms sont parmi ceux qui circulent avec le plus d’impunité".
La question des Roms
Il ne faut pas confondre les Roms avec les Gens du voyage, ces 150.000 Gitans qui résident dans le Sud de la France. "Mais ce sont les 15.000 Roms que les autorités françaises identifient comme une préoccupation politique : occupation illégale de terrains, mafia à l’œuvre pour la prostitution et la mendicité... Personne ne veut de Roms sur sa commune." Tous les gouvernements ont essayé d’être efficaces en matière de reconduite à la frontière.
Mais "comme la France ne fait plus nation, il est à craindre que les guerres entre communautés s’intensifient, estime Véronique Jacquier. En effet, les agresseurs sont insérés dans la société : trois jeunes de 18 à 21 ans ont été jugés en comparution immédiate pour avoir lynché des Roms. Ces gens ont un travail, sont bien insérés dans la société. La lâcheté des politiques est d’accuser les réseaux sociaux quand le vrai sujet est de ne pas être capable de lutter contre des dérives inacceptables".
Retrouvez "Info Vérité" du lundi au vendredi avec Véronique Jacquier à 7h10 et 9h15 sur Sud Radio, dans la matinale de Cécile de Ménibus et Patrick Roger.
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