La colère ne s'éteint pas parmi le personnel hospitalier. Et les mesures annoncées par Agnès Buzyn qui a annoncé le déblocage de 1,5 milliard d'euros pour l'hôpital public n'a pas calmé les infirmiers, urgentistes, internes et chefs de services.
Un plan qui n'améliore pas la situation
Sur le plan financier, "ce milliard et demi réparti sur trois ans va représenter la charge de la dette hospitalière, qui était de 30 milliards, elle n'en a repris que 10", analyse Bernard Kron qui note que sur "les 20 milliards restant, il va falloir rembourser les intérêts à 3 ou 4%". "Ça ne fera que couvrir la charge de la dette", affirme le chirurgien. Sur le plan hospitalier, "elle a saupoudré quelques primes mais une infirmière payée 1.800 euros par mois ne peut plus se loger à Paris à ce tarif là. Donc il y a des dizaines de lits qui sont fermés, faute de personnel", remarque-t-il.
"Les chefs de service n'ont plus le temps de se consacrer à l'enseignement pour former par compagnonnage leurs internes, parce qu'ils ont des tâches administratives", déplore-t-il. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'un millier ont démissionné de leurs tâches administratives dernièrement. Et Bernard Kron a une idée : "pour la grève, on avait proposé de faire le transport gratuit pour que la France ne soit pas paralysée. Je propose aux chefs de service qui font la grève administrative de ne plus coder les actes, comme ça l'hôpital n'est plus payé et on sera obligé de faire une table ronde sous 48 heures, sous faute de dépôt de bilan", explique-t-il.
Des mesures qui "aggravent la situation"
Le chirurgien s'est offusqué d'une nouvelle idée intervenue par l'intermédiaire d'un conseiller : payer 60 euros chaque urgence qui ne serait pas prise en charge par l'hôpital, afin qu'elle soit réadressée. "Mais pour réadresser une urgence il faut la voir, donc si on l'a vue, c'est non-assistance à personne en danger si c'est quelque chose de grave, et si c'est bénin on va la renvoyer en ville ? Mais il n'y a plus personne pour prendre en charge les urgences dans les villes", dénonce Bernard Kron. "Et donc, il y en a un qui recevra 60 euros pour ne pas soigner et l'autre 25 euros pour soigner", souligne-t-il.
Autre mesure proposée par Agnès Buzyn, "le bed management", censé gérer les lits pour que les urgences puissent trouver un lit disponible pour hospitaliser. "À l'époque de l'informatique on rêve !" réagit le membre de l'Académie nationale des chirurgiens. "C'est simplement essayer de calmer les esprits mais elle ne se rend pas compte qu'elle aggrave la situation, ce sera encore une tâche administrative de plus", note-t-il.
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