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Aymeric Patricot : "Samuel Paty a subi ce que Mila aurait pu subir"

Aymeric Patricot, professeur de lettres modernes en classe préparatoire dans un lycée de l'Aube ; essayiste et romancier, auteur de Les bons profs (Plein jour, 2019), était interviewé dans "le coup de fil du matin" sur Sud Radio le 19 octobre. "Le coup de fil du matin" est diffusé tous les jours à 7h12 dans la matinale animée par Cécile de Ménibus et Patrick Roger.

Peut-on espérer que l’assassinat de Samuel Paty reste un cas isolé ? Comment Aymeric Patricot, professeur de lettres modernes en classe préparatoire dans un lycée de l'Aube, juge-t-il les manifestations de soutien qui se sont déroulées ce dimanche ?

 

Du "Pas de vague" à l'affaire Mila

"C’était un moment indispensable, estime l’enseignant et essayiste. Nous avons tous ressenti la nécessité d’une réaction collective. Mais ni ma tristesse ni mes inquiétudes ne se sont dissipées. En tant que citoyen, cela fait 15 ans que je souffre à chaque attentat ; en tant que professeur, nous sommes tous atteints dans notre chair."

" Je fais partie de ceux qui pensent que de nombreux signaux n’ont pas été interprétés, juge l’essayiste et romancier, auteur de Les bons profs (Plein jour, 2019). D’abord le hashtag « pasdevague » en 2018, ce professeur braqué en pleine classe. Les professeurs avaient dit qu’ils subissaient des violences. M. Blanquer avait promis que les professeurs seraient protégés. Cela n’a pas été le cas. Le deuxième signal a été l’affaire Mila, une adolescente que l’institution et les professeurs n’ont pas su protéger. Nous avons démissionné, laissé cette ado seule. Samuel Paty, je ressens sa perte, il a subi ce que Mila aurait pu subir."

 

Une fracture sur l’attitude à adopter

Pour Aymeric Patricot, on constate une fracture quant à l’attitude à adopter dans une telle situation. "On parle d’unité, sur la douleur, mais sur le fond il existe une fracture à gauche, comme avec l’affaire Charlie Hebdo. Une gauche universaliste concède le doit de critique et une autre approche estime que la valeur qui prévaut est le respect. On ne peut pas défendre à la fois le droit de s’exprimer et la défense absolue des cultures. Charlie doit se sentir souvent bien seul et souvent trahi. La communauté éducative ressent cette fracture-là."

Est-ce que cet assassinat sera un électrochoc ? "J’en ai un peu marre des petits cœurs, ce sont des actes de barbarie à l’état pur, rappelle le professeur de lettres modernes, essayiste et romancier. Dans l’Éducation Nationale, on a du mal à nommer les choses : il s’agit d’une violence fasciste, intolérable, que l’on a du mal à dénoncer." Du fait d’une forme de peur ? "Moi-même, j’ai montré les caricatures il y a une dizaine d’années dans une banlieue. Le referais-je aujourd’hui ? J'ai un doute. Le professeur a du mal à dénoncer l’élève quand il dérape, et en général la violence dans la rue s’explique pour lui par des raisons sociales, par la pauvreté. Or dans le cadre de l’islamisme, la pauvreté n’excuse pas tout. Il y a des violences intolérables qu’il faut savoir dénoncer. On a peur de mettre des mots sur des phénomènes de violence pure."

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Retrouvez "le coup de fil du matin" du lundi au vendredi à 7h12 sur Sud Radio, dans la matinale de Cécile de Ménibus et Patrick Roger.

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