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Au procès Jubillar, nouvelle confrontation sur l'enquête pour ouvrir la 2e semaine

La deuxième semaine du procès de Cédric Jubillar pour le meurtre de sa femme Delphine s'ouvre lundi par une nouvelle confrontation annoncée sur l'enquête, la défense ayant demandé à entendre l'ancien procureur de Toulouse, qui, selon elle, a "crucifié" leur client au début de l'instruction.

Lionel BONAVENTURE - AFP/Archives

La deuxième semaine du procès de Cédric Jubillar pour le meurtre de sa femme Delphine s'ouvre lundi par une nouvelle confrontation annoncée sur l'enquête, la défense ayant demandé à entendre l'ancien procureur de Toulouse, qui, selon elle, a "crucifié" leur client au début de l'instruction.

Par deux fois lors de la première semaine du procès, l'accusé de 38 ans a réaffirmé son innocence dans la disparition, en décembre 2020, près d'Albi, de l'infirmière de 33 ans dont le corps n'a jamais été retrouvé.

Depuis "bien longtemps", la défense de Cédric Jubillar voulait rencontrer l'ex-procureur de Toulouse, "parce que cet homme a crucifié Cédric Jubillar dès le 18 juin 2021", a expliqué à la presse l'un des deux avocats de l'accusé, Me Alexandre Martin, en référence à la date de la mise en examen de son client.

Ce jour-là, le procureur Dominique Alzeari tient une conférence de presse de plus d'une heure au cours de laquelle il détaille certains éléments du dossier, comme par exemple l'existence d'une "violente dispute" au sein du couple le soir des faits, selon leur fils, et décrit un Cédric Jubillar "brutal, grossier, agressif" dont il est démontré qu'il a proféré des "mensonges" en audition.

Ce magistrat "est venu expliquer qu'un certain nombre de choses étaient des vérités alors que ça s'est avéré être faux. Et c'est très préjudiciable à la défense, ça l'a été au départ, ça l'est encore aujourd'hui", a souligné Me Martin.

- "Déstabilisation" -

"L'image qui a été initiée de Cédric Jubillar" et contre laquelle "on s'est battu pendant quatre ans et demi, c'est à cause des propos de M. le procureur Alzeari. Et j'attends avec impatience ce qu'il va nous dire", a encore insisté l'avocat qui, avec sa consoeur de la défense Emmanuelle Franck, est à l'origine de la citation du magistrat devant la cour d'assises du Tarn.

Le procureur Dominique Alzeari donne une conférence de presse à Toulouse après la mise en examen de Cédric Jubillar, le 18 juin 2021

Le procureur Dominique Alzeari donne une conférence de presse à Toulouse après la mise en examen de Cédric Jubillar, le 18 juin 2021

VALENTINE CHAPUIS - AFP

Une telle audition est "assez rare" même si ce n'est "pas une première", souligne auprès de l'AFP une source proche du dossier.

"On est dans la stratégie de la défense de déstabilisation de l'enquête", poursuit cette source, reconnaissant que ce 18 juin 2021, le procureur s'était montré "imprudent" lors d'"une conférence de presse mal maîtrisée".

Du côté des parties civiles, l'un des avocats des frères et soeur de Delphine Jubillar, Laurent de Caunes, n'attend rien de cette audition.

"C'est du spectacle", a-t-il déclaré à l'AFP.

"Toute la démarche de la défense est de faire de la dilution et de la diversion", a-t-il estimé la semaine passée, en commentant le travail de sape entrepris par ses deux confrères de l'autre côté de la barre, pour tenter de démolir le dossier construit par l'accusation.

Invités à tirer un bilan de la première semaine de procès, Mes Franck et Martin ont quant à eux estimé avoir "démontré (...) toutes les lacunes de cette enquête".

- Cascade de questions -

Mercredi, lors du premier temps fort de ce procès de quatre semaines, la défense s'était livrée à plusieurs heures d'un interrogatoire musclé du directeur d'enquête, le major de gendarmerie Bernard Lorvellec, qui avait conclu sa déposition en estimant que "tous les éléments recueillis ramènent" vers M. Jubillar.

Les avocats de Cédric Jubillar, Alexandre Martin et Emmanuelle Franck, le 22 septembre 2025 lors de l'ouverture du procès devant la Cour d'assises du Tarn à Albi

Les avocats de Cédric Jubillar, Alexandre Martin et Emmanuelle Franck, le 22 septembre 2025 lors de l'ouverture du procès devant la Cour d'assises du Tarn à Albi

Ed JONES - AFP/Archives

Pistes insuffisamment suivies, manque de sérieux des procès verbaux, défaut d'éléments objectifs, lui ont répondu les avocats de Cédric Jubillar, au fil d'une cascade de questions incisives qui s'est prolongée jusque dans la soirée.

"C’était efficace en apparence mais en réalité cela se situe toujours à la marge, cela ignore le côté global" des éléments réunis par l'accusation, estime Me de Caunes.

"Quand on demande à un enquêteur de justifier l'intégralité de ce qu’il a fait, c’est toujours compliqué pour lui dans un exercice comme celui-ci, d’abord parce qu’il n’a pas tout en tête et qu’ensuite, effectivement, tout n’a jamais été fait à 100%", commente l'avocat.

Lundi, outre Dominique Alzeari, la cour entendra encore quatre témoins spécialisés sur l'enquête, avant de donner la parole à partir de mardi à la famille de la disparue.

Cédric Jubillar, 38 ans, est détenu depuis juin 2021. Il dément avoir tué celle qui était sa compagne depuis leurs 18 ans et qui lui avait annoncé sa volonté de divorcer. Le verdict est attendu le 17 octobre.

Par Valentin GRAFF, Eloi ROUYER / Albi (AFP) / © 2025 AFP

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