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Ado fauché en marge du Mondial: 12 ans requis à l'encontre du chauffard

Douze années de prison ont été requises jeudi à l'encontre d'un homme jugé à Montpellier pour avoir mortellement fauché Aymen, 13 ans, alors qu'il conduisait sans permis, en marge des célébrations de la demi-finale France-Maroc de la Coupe du monde 2022.

Damien MEYER - AFP

Douze années de prison ont été requises jeudi à l'encontre d'un homme jugé à Montpellier pour avoir mortellement fauché Aymen, 13 ans, alors qu'il conduisait sans permis, en marge des célébrations de la demi-finale France-Maroc de la Coupe du monde 2022.

La cour criminelle de l'Hérault s'est retirée pour délibérer vers 18H00. Le verdict est attendu dans la soirée.

"Personne n'a dit qu'il voulait tuer des gens, mais il y a effectivement ce crime de violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner", a déclaré dans son réquisitoire l'avocat général, Robert Bartoletti, au second jour de ce procès.

"C'est pas la faute à pas de chance, c'est la faute uniquement à son comportement, à sa peur, à sa panique, à son désir de se sauver, à son +moi d'abord+", a-t-il poursuivi, en évoquant le "drame absolu" de la perte d'un enfant, qui plus un "jour de fête".

"Il voit qu'il n'a pas d'autre échappatoire que de passer par les rails du tram, qu'il y a des personnes, des être humains, des vivants. Il sait qu'il va foncer dans le tas, qu'il va occasionner des victimes", a ajouté le représentant du ministère public.

Il a écarté la légitime défense, estimant qu'il n'y avait pour le conducteur "strictement aucun danger". "Il y a d'un côté un arrachage de drapeau, et de l'autre un mort. Elle est où la proportionnalité"?

- "Boire le thé ensemble" -

Le 14 décembre 2022, des dizaines de supporters arborant le drapeau marocain étaient descendus dans les rues du quartier de La Mosson, en périphérie de Montpellier, à l'issue de la demi-finale remportée 2-0 par la France. Certains, le visage dissimulé, ont mis le feu à des poubelles et procédé à des tirs de mortiers.

Au même moment, William C., alors âgé de 20 ans et qui n'avait pas le permis de conduire, a décidé d'aller fêter la victoire de la France avec la voiture de sa mère, drapeau tricolore accroché à la portière.

Il s'était retrouvé bloqué à proximité des supporters du Maroc, qui le chahutent et arrachent son drapeau français.

William C. démarre alors en trombe, effectue un demi-tour sur les voies du tramway où se trouvent des dizaines de personnes et en percute trois, dont Aymen, qui mourra peu après, et en blesse légèrement un autre.

"Vous pensez que ça va se passer comment, qu'on va sortir et boire le thé ensemble? De qui se moque-t-on ? La réalité, c'est que quand il voit ces types, qui ne sont pas là pour le féliciter de la victoire la France, il a peur", lui a répondu dans sa plaidoirie Me Jean-Baptiste Mousset, l'un des avocats de la défense.

Jeudi matin, le mis en cause a réaffirmé que, pour lui, c'était un "accident" et qu'il n'avait "pas vu" qu'il renversait plusieurs personnes, mettant son geste sur le compte de la panique.

Il a aussi redit que les jeunes qui l'entouraient étaient munis de bâtons ou de barre de fer et qu'un bloc de pierre avait brisé la lunette arrière de sa voiture, amplifiant sa crainte, ce que ni les témoins ni les vidéos projetées à l'audience n'ont confirmé.

"Je le reconnais, je suis coupable, mais j'ai essayé de faire mon possible pour ne pas faire de mal. Je demande de me pardonner, excusez-moi, pardon, pardon...", a-t-il répété.

- "Cela ne nous rendra pas Aymen" -

"Nous entendons que ce sont des excuses sincères, qu'il regrette vraiment. Ca n'excuse pas l'acte, ça ne nous ramènera pas le petit frère, mais ça nous touche", a ensuite affirmé le frère aîné d'Aymen, Saïd, 23 ans, entendu comme partie civile.

A la tête d'un snack situé à proximité du drame, il s'était rendu immédiatement sur les lieux, prévenu par des témoins, en compagnie de son père.

"Un ambulancier essaie de lui faire un massage cardiaque. Malheureusement, il est mort dans les bras de mon père deux minutes après", ajoute Saïd.

Le décès d'Aymen avait endeuillé Montpellier durant le Mondial et un millier de personnes avaient défilé, roses blanches à la main, pour rendre hommage à l'adolescent. Sa mort avait aussi provoqué des échauffourées dans le quartier défavorisé où s'était déroulé le drame.

Par Philippe SIUBERSKI / Montpellier (France) (AFP) / © 2025 AFP

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