Ils cumulent des emplois dans le secteur privé et public, se servant de l'un ou l'autre pour arriver à leurs fins, ils cumulent les responsabilités. Ils, ce sont les voraces de la République ! "Ils sont très coriaces", note Vincent Jauvert qui a enquêté sur ces personnalités qui n'hésitent pas à profiter des avantages que leur mandat leur offre, parfois même à la limite de l'éthique.
Une frontière entre privé et public qui s'efface peu à peu
Depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron, l'auteur note "une fusion des trois élites : politique, économique, administrative, pour la première fois". "Ce sont des gens qui considèrent que le public et le privé en gros c'est la même chose. Ils se justifient en disant qu'ils agissent pour le bien public dans les deux cas. Il faut quand même rappeler que quand ils travaillent dans le privé, ils travaillent pour les actionnaires", déplore Vincent Jauvert. Et parfois, "c'est du grand n'importe quoi", insiste-t-il.
Des exemples, l'auteur en recense de nombreux dans son livre. "À gauche comme à droite", précise-t-il. Parmi eux, François Baroin, l'un des leaders du parti Les Républicains. "Il est à la fois maire de Troyes, président de la communauté urbaine, président des associations des maires de France d'une part dans le public, d'autre part il est avocat, lobbyiste d'une grande banque d'affaire anglo-saxonne et membre de trois conseils d'administration d'entreprises portuaires", détaille le journaliste. Et les revenus paraissent particulièrement juteux, du moins pour ceux dont on en connait le montant. "Il touche le maximum pour un élu : 8.500 euros par mois, il a un fixe comme avocat de 7.500 euros nets par mois en plus des commissions, comme lobbyiste on ne sait pas, et comme membre de conseils d'administration, il a touché dans mes souvenirs autour de 40.000 euros pour le mois de décembre 2019", énumère Vincent Jauvert.
Un carnet d'adresses acquit dans le public pour le privé
De bons clients pour les entreprises privées et des compétences uniques pour ces fonctionnaires. "Ils font leur carnet d'adresses et apprennent les faiblesses de l'État dans le public, et ensuite revendent ça aux entreprises privées", rapporte le journaliste. "S'ils deviennent entrepreneurs, qu'ils créent des richesses, inventent des choses, ce serait formidable mais ce n'est pas pour ça que les entreprises les embauchent", déplore-t-il.
Autre exemple, le patron des banques à Bercy, celui qui s'occupait de la régulation des banques, est rentré "du jour au lendemain comme associé à la banque d'affaire Lazare, chargé de la fusion des banques", s'amuserait presque Vincent Jauvert. "Cet homme un jour voyait des banquiers pour parler de leurs régulations et le lendemain, il proposait des affaires à Lazare", note-t-il. Et s'ils ne veulent pas perde leur statut de fonctionnaire, "ils peuvent toujours revenir dans le public grâce au droit au retour dans son corps d'origine, avec un très bon salaire. Ils ne peuvent juste pas rester plus de dix ans dans le privé", explique-t-il.
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