Après des mois de discussions et de préparations, le Service National Universel (SNU) promis par Emmanuel Macron pendant sa campagne présidentielle va bel et bien voir le jour ! Le Premier ministre Édouard Philippe présente aujourd’hui en Conseil des ministres les grandes lignes de ce dispositif qui va s’appliquer aux jeunes de 16 à 18 ans pendant un mois. Un mois divisé en deux phases, une période d’apprentissage de 15 jours en internat où les jeunes apprendront les gestes des premiers secours, puis une seconde phase pratique sous forme de stage dans le civil, l’associatif ou le militaire.
S’il est d’accord avec l’idée sur le fond, Matthias trouve tout de même des choses à redire sur la forme. "Je trouve ça un petit peu trop long. Quinze jours pour apprendre les premiers secours… Je pense qu’à la fin on arrête d’écouter, ce sera barbant...", prévoit-il au micro de Sud Radio. Alix, elle, a du mal à digérer la mise en place de la première phase… pendant les vacances scolaires. "Si on nous donne des vacances scolaires c’est pour nous reposer. Ces quinze jours pour nous former, ce serait mieux sur une autre période", regrette-t-elle.
"Je pense d’abord aider les gens qui sont dehors"
Dans l’ensemble, beaucoup se disent intéressés par la démarche, telle que Zineb. "Je pense que je me sentirais plus citoyenne. On peut se sentir utile et apprendre des choses, c’est bien !", assure-t-elle, alors que Houda a déjà une petite idée de l’endroit où elle voudrait effectuer son stage. "Je pense d’abord aider les gens qui sont dehors, distribuer de la nourriture, des couvertures, etc. Si on est directement sur le terrain, on apprend plus", déclare-t-elle.
Et si les 700 000 jeunes qui seront, à terme, concernés seront mineurs, il sera tout à fait possible de leur proposer des missions intéressantes, comme l’assure Pierre-Emmanuel Ranson, directeur adjoint de la protection civile. "Un mineur, on peut le mettre au début sur des missions adaptées à son âge. Il y a actuellement une mission très importante : le secours d’urgence aux populations. Ça peut être pour des personnes âgées, isolées ou qui ont un handicap, ou à l’occasion des maraudes en cas de temps très chaud ou très froid, pour lesquelles on a besoin de renforts. On peut tout à fait imaginer une équipe de trois, avec un ou deux majeurs pour encadrer le mineur", explique-t-il.
Un bilan d’illettrisme également au programme
Dans le cadre de ce service national sera également effectué un bilan d'illettrisme, alors que la France compte environ 11% d'illettrés (entre 5 et 6 millions de personnes). Linguiste, professeur à l'université Paris-Descartes et auteur d'une rapport sur l'illettrisme remis au ministre de l'Éducation nationale il y a deux mois, Alain Bentolila démonte quelques préjugés sur les illettrés français. "Il ne faut pas croire que les illettrés sont tous dans les milieux suburbains et dans le 93. Les taux d’illétrisme les plus forts sont en zone rurale, avec une désertification culturelle absolue. C’est véritablement là, en Picardie par exemple dans le département de l’Aisne en particulier, qu’on va avoir les taux les plus forts. Les illettrés ne sont pas tous hors du travail. Il y a effectivement un taux d’illettrisme assez fort chez les chômeurs, mais 50% des illettrés sont salariés ! Sauf que quand ils sont dans les entreprises, ils sont les plus fragiles...", indique-t-il.
Propos recueillis par Alfred Aurenche et Adeline Tavet