Marqué, c’est le mot puisque lorsqu’on rencontre Marine Le Pen ces dernières semaines, elle se confie sur la manière dont elle a été physiquement marquée par cette campagne présidentielle qui s’est achevée de manière plutôt dure pour elle, avec des douleurs au dos et une obligation médicale de s’arrêter et de prendre du repos. Au-delà de ça, la symbolique politique existe aussi. On a ainsi à l’Assemblée nationale, de manière étonnante, une Marine Le Pen qui a du mal à s’installer dans ce nouveau rôle et à reprendre une forme d’électricité et d’énergie politique à laquelle elle et le Front national nous avaient habitué. On voit qu’avec sa poignée de députés – elle n’a pas réussi à avoir un groupe à l’Assemblée nationale –, il y a une vraie difficulté à reprendre le dessus.
D’ailleurs, cela s’est immédiatement traduit par une scission politique puisque Florian Philippot quitte le Front national et crée Les Patriotes. Des élus régionaux s’en vont également en Île-de-France. Globalement, on observe une forme de désarroi et d’interrogation de la part de son électorat, qui est pourtant bien là ! Ce n’est pas parce que Marine Le Pen a des difficultés à reprendre son leadership que l’électorat est parti. Les raisons pour lesquelles on a pu ou on peut voter Front national sont toujours là, même si on voit à partir de cette fin d’année (et vraisemblablement au début de l’année prochaine) que dans les sondages de plus en plus favorables à Emmanuel Macron, il y a également une montée au sein des électeurs du Front national de personnes satisfaites de l’action présidentielle.
Autant de difficultés pour Marine Le Pen donc, qui doit redéfinir un territoire politique et un corpus. Elle est en pleine refondation de son parti, avec le fameux abandon de la sortie de l’euro comme préalable à toute gouvernance publique, ce qui sera encore un tournant à gérer. 2018 sera donc encore une année très sensible pour Marine Le Pen.
Réécoutez ici en podcast l'édito politique de Michaël Darmon dans le Grand Matin Sud Radio