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Notre-Dame-des-Landes : un recul qui va coûter cher au contribuable

Le gouvernement renonce donc à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, ce qui n'est pas sans conséquences économiques.

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La décision est enfin prise, assumée, cinquante ans après le lancement du projet. Ça nous change des dernières années, des petites guéguerres au sein même du gouvernement, entre Jean-Marc Ayrault et Arnaud Montebourg, souvenez-vous, "Tu fais chier tout le monde avec ton aéroport", ou entre Manuel Valls et Ségolène Royal, le premier en faisant un symbole de son autorité, la seconde proposant "d’arrêter les frais".

Sauf qu’en fait de frais, ça ne fait que commencer. Un partenariat public-privé comme celui-ci est assorti de clauses. Si l’État peut rompre le contrat pour un motif d’intérêt général aux contours assez flous, cela s’assortit de garanties énormes pour l’entreprise privée. En l’occurrence, elle peut réclamer les bénéfices escomptés sur les trente premières années d’exploitation. Certains évaluent la facture à 3 milliards d’euros. Ça fait cher le zadiste.

Le problème, c’est, une fois de plus, d’en arriver à de telles aberrations. Le problème, c’est d’avoir prolongé ce projet envers et contre tout quand il apparaissait évident que la situation était devenue ingérable, c’est de ne pas avoir tranché plus tôt, par exemple en envisageant d’autres solutions. C’est de n’avoir pas compris plus tôt que les projets d’aménagement du territoire version années 60 ne déchaîneraient pas l’enthousiasme en 2018 et qu’il n’y aurait pas une majorité de Français pour exiger la construction de cet aéroport.

Alors, la droite va forcément se saisir de cette décision, dénoncer le naufrage politique, juridique, l’atteinte à l’autorité de l’État. C’est à peu près le seul sujet que lui concède Emmanuel Macron. Et de fait, il avait lui aussi joué cette partition pendant la campagne. Il avait brandi l’autorité de l’État, soutenu Manuel Valls dans sa croisade, au nom du progrès, du développement économique et d’un referendum calibré pour obtenir un oui. Mais depuis, il a été élu.

Mais ça ne devrait pas lui porter préjudice. Ce qui aurait été considéré pour n’importe qui d’autre comme une trahison va apparaître comme une merveilleuse lucidité. C’est la chance d’Emmanuel Macron, ses prédécesseurs ont été tellement ridicules sur ce sujet que le fait même de débarrasser les Français de ce feuilleton va devenir une victoire politique. La facture sera évoquée pudiquement, au milieu d’autres dépenses, Nicolas Hulot ne perd pas la face, et tout le monde pourra célébrer le happy end.

Écoutez la chronique de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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