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Nicolas Bay : "On n'a plus de ministre de l'Intérieur"

Nicolas Bay était l’invité du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 25 juin 2020 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Nicolas Bay interviewé par Patrick Roger sur Sud Radio le 25 juin 2020 à 7h40.

Emmanuel Macron met en place un dispositif de chômage partiel de longue durée, avec un salaire moyen maintenu de 84%. "Je pense que ces dispositions de chômage partiel sont inévitables dans le contexte", juge Nicolas Bay, député européen du Rassemblement national. Toutefois, il estime qu’il "faut créer les conditions d’une vraie relance économique".

 

Pour lui, si le gouvernement "a tendance aujourd’hui à faire comme s’il subissait totalement la situation économique de la France, la vérité est que la situation était déjà très dégradée avant la crise", ce qui rend les choses encore plus compliquées. Certains pays, qui avaient moins de chômage, moins de déficit ou encore moins de dette "ont tendance à s’en sortir mieux".

 

"La perte de chiffre d’affaires a un caractère irréversible"

Le député européen du RN juge en outre que le dispositif n’est pas suffisant, notamment au niveau des TPE et des PME : "il faut annuler purement et simplement" les charges fiscales et sociales, estime Nicolas Bay, alors qu’elles n’ont été que "reportées". "La perte de chiffre d’affaires a un caractère définitif et irréversible", souligne Nicolas Bay. Le report des charges de quelques mois "ne leur permettra pas davantage d’y faire face".

"Il n’y a pas de conditionnalité suffisante" aux aides d’État

Il revient également sur les aides données aux grands groupes et qui représentent "des milliards d’euros qui sortent de la poche du contribuable". Pour lui, "il n’y a pas de conditionnalité suffisante" à ces aides : "en clair, on a Renault qui va empocher des milliards et qui annonce la fermeture de plusieurs sites" ou encore Peugeot "qui va empocher des milliards et qui fait appel à des travailleurs détachés".

"Qu’il y ait des restructurations dans une entreprise pour la rendre compétitive, ça peut être acceptable", estime Nicolas Bay, mais pas qu’une entreprise "touche de l’argent public" tout en délocalisant "en Europe de l’Est" ou "au Maghreb leurs unités de production", n’est pas "acceptable". "Qu’ils touchent de l’argent et qu’ils fassent appel massivement à des travailleurs étrangers, c’est-à-dire en pratique à la préférence étrangère à l’emploi, ça n’est pas acceptable."

Aides européennes : "la France va payer plus qu’elle ne reçoit"

L’Europe a mobilisé des centaines de milliards d’euros pour faire face à la crise économique. "Les sommes sont considérables, mais à l’échelle continentale", souligne le député européen. "Rapportées à chaque pays, ça reste des sommes qui s’ajoutent en effet aux plans de relance nationaux, mais qui ne sont pas si importantes."

Sur la question de savoir si l’Europe a joué son rôle, Nicolas Bay est critique : "je ne crois pas". "Est-ce qu’il y a une plus-value à organiser ça à l’échelle européenne, moi je ne le crois pas." Il souligne qu’au niveau européen il n’y a que "9 pays contributeurs nets sur 27", parmi lesquels la France, et qui seront ceux qui "à la fin" vont "payer". "Et comme toujours, la France va payer plus qu’elle ne reçoit."

Il critique également le fait que ce sera la Commission européenne qui va "fixer les conditions d’utilisation" de l’argent des aides, et donc que les pays n’en disposeront pas "librement". "Si vous avez Bruxelles qui décide comment on utilise l’argent, alors que c’est nous qui payons, ça pose quand même un vrai problème."

"Le gouvernement a fait exactement le contraire" de ce que préconisait le professeur Raoult

Le Professeur Raoult a été auditionné le 24 juin 2020 par la Commission d’enquête parlementaire sur la gestion de la crise sanitaire. "Depuis le début, on nous a présenté le professeur Raoult comme un farfelu", souligne Nicolas Bay, "en négligeant le fait que c’était un des plus grands infectiologues en France".

"On a immédiatement balayé d’un revers de main sa proposition sur l’hydroxychloroquine, alors qu’on n’avait aucun autre traitement." Si Nicolas Bay juge normal "qu’il y ait une controverse scientifique", il estime que le professeur Raoult n’a fait que proposer de "tester massivement, isoler et traiter et utiliser l’hydroxychloroquine très tôt pour éviter l’aggravation des cas". Une solution qui "semble rester parfaitement pertinente" alors que "le gouvernement a fait exactement le contraire".

"Le gouvernement et les technocrates nous on dit ‘ça ne sert à rien’", précise le député européen en ajoutant "ils disaient la même chose sur les masques" et remarquant le changement d’avis sur la question. "Ensuite, sous la pression de certains médecins, ils nous ont dit ‘d’accord, mais uniquement pour les cas graves’, exactement le contraire des préconisations du professeur Raoult."

Nicolas Bay précise qu’il n’est pas médecin et qu’il n’est pas "chargé de dire s’il a raison ou s’il a tort", mais demande "qu’on prenne un peu en considération ce qui semble être dans ce domaine le bon sens". Or, selon lui, "en face, on voit bien un certain nombre de laboratoires pharmaceutiques, qui ne sont pas des entreprises philanthropiques : ce sont des sociétés privées". Ces entreprises ont "des actionnaires qui veulent gagner de l’argent et des produits à vendre", explique Nicolas Bay : "et ces gens-là ne voyaient pas d’un très bon œil l’utilisation massive d’un médicament dont le coût est dérisoire".

"Il y a une immixtion dans le processus d’enquête"

Le gouvernement, et particulièrement Emmanuel Macron, est touché par ce qui pourrait être un scandale d’État : l’affaire Alexis Kohler. Une note manuscrite attribuée au président de la République semblerait protéger le haut fonctionnaire qui est secrétaire général de l’Élysée. "Ça mérite en tout cas de pousser les investigations", estime Nicolas Bay. "Le fait qu’Emmanuel Macron s’investisse en première ligne pour protéger en quelques sortes Alexis Kohler" pose des soucis. "Il est chef de l’État", souligne le député européen du RN. "Il n’est pas simplement l’ancien employeur d’Alexis Kohler en guise de ministre de l’Économie."

"Il y a un peu une immixtion dans un processus qui est un processus d’enquête, il est certain qu’Alexis Kohler a des liens d’ordre familial avec MSC, le fait qu’il ait siégé au Conseil d’administration du grand port du Havre et des Chantiers de l’Atlantique et qu’il ait voté un certain nombre de décisions dont MSC est bénéficiaire, ça pose évidemment question."

"On n’a plus de ministre de l’Intérieur : Christophe Castaner est totalement disqualifié"

Christophe Castaner est entendu au Sénat jeudi 25 juin 2020 sur les méthodes d’intervention des forces de l’ordre, après avoir interdit puis réinstauré certaines techniques, notamment la clé d’étranglement. "Que des techniques d’interpellation" soient remises en question, réévaluées et modifiées est "parfaitement possible", juge le député européen. "Mais avoir le ministre de l’Intérieur qui abandonne en rase campagne les policiers en les livrant à l’accusation de racisme, puis en leur empêchant d’utiliser des techniques d’interpellation qui ont fait leurs preuves, ça pose un vrai problème."

"En réalité, on n’a plus de ministre de l’Intérieur : Christophe Castaner est totalement disqualifié, il a perdu toute autorité sur la police, les policiers sont écœurés par l’attitude de leur ministre." Pour Nicolas Bay, et ce "depuis le début", Christophe Castaner "ne s’est pas montré à la hauteur" du rôle de ministre de l’Intérieur. "Tout le monde a eu le sentiment que le costume était un peu grand pour lui", juge Nicolas Bay, qui estime en outre qu’il "n’a qu’une seule solution c’est de partir".

Si un remaniement a lieu au gouvernement et que Christophe Castaner est démis de ses fonctions, cela pourrait ne pas suffire à résoudre le problème de la crise de confiance entre les forces de l’ordre et leur ministère de tutelle : "le problème, c’est toujours pareil, c’est la pièce de rechange", souligne le député européen RN.

Les policiers sont livrés "en pâture à des associations d’extrême gauche"

Sur les techniques d’interpellation, Nicolas Bay juge qu’il peut "y avoir des fautes individuelles dans la police, ça, c’est sûr. Mais jeter l’opprobre sur toute une profession qui mène une mission difficile, dans des conditions très difficiles, avec une hiérarchie politique qui se révèle défaillante, ça n’est pas acceptable."

Samedi 27 juin 2020, les forces de l’ordre se rassembleront pour protester place de la République à Paris, rassemblement auquel Nicolas Bay ne compte pas participer, car il pense que "la présence de responsables politiques" n’est peut-être pas "souhaitée par les policiers". Néanmoins, il est très clair : "nous soutenons les policiers". Il ajoute qu’il faut "leur donner les moyens de mener à bien leur mission, il faut leur donner les effectifs, il faut les équiper, les former, les armer convenablement et il faut les réarmer moralement".

Pour lui, les policiers sont livrés "en pâture à des associations d’extrême gauche, à des responsables politiques d’extrême gauche, à des gens qui ont une attitude authentiquement racialiste, qui accusent la police de racisme pour en réalité accuser la France de racisme."

"Si on déboulonne Colbert, demain on va déboulonner Louis XIV, demain on va fermer le château de Versailles"

Les manifestations contre les violences policières et contre le racisme ont conduit à la dégradation et au déboulonnage de statues partout dans le monde. En France, la statue de Colbert, devant l’Assemblée nationale, est la nouvelle cible de ce mouvement. Nicolas Bay estime toutefois qu’il ne faut pas l’enlever : "évidemment pas". "D’ailleurs, ceux qui disent ça sont des ignares parce qu’en réalité, celui dont ils veulent déboulonner la statue ce n’est pas lui, c’était son fils."

Le député européen explique qu’avoir "une réflexion critique" sur l’Histoire et prendre en compte "les pages sombres" de celle-ci, dont fait partie l’esclavage, est normal. "Mais est-ce que ça doit faire oublier les pages glorieuses ?", demande-t-il. "Est-ce que ça doit faire oublier le fait que la France a rayonné à travers le monde, et grâce notamment à des figures comme Colbert ?"

"Si on déboulonne Colbert, demain on va déboulonner Louis XIV, demain on va fermer le château de Versailles." La question qui "est posée" est celle de l’Histoire de la France et "de son prestige". "Et on voit bien que ceux qui s’engagent dans cette voie-là, à vouloir déboulonner à tout va, remplacer, à faire du révisionnisme historique, finalement, ils ont un calendrier politique et il y a derrière une volonté de culpabiliser les Français pour leur passé et leur Histoire."

"La sociologie des grandes villes nous est sans doute un peu moins favorable"

Le Rassemblement National semble en difficulté aux élections municipales de 2020. Un avis que ne partage pas Nicolas Bay : "je pense que nous allons gagner la mairie de Perpignan, qui est une ville de plus de 100.000 habitants". Pour autant, Louis Alliot, candidat à cette mairie, n’a pas affiché d’étiquette RN. Un détail, pour Nicolas Bay : "je pense que tout le monde sait que Louis Alliot est député du Rassemblement National".

L’absence d’étiquette RN est, au contraire, liée à la "logique de rassemblement" qui lui permet d’être capable "d’avoir une équipe au-delà du seul Rassemblement National". "C’est une démarche de bon sens quand on mène le combat municipal", souligne le député européen. "Je crois qu’il a une liste très rassembleuse."

Nicolas Bay juge possible une victoire également "dans d’autres villes", mais plutôt de petite taille. Concernant les grandes villes, où le RN ne semble pas sortir vainqueur en 2020, il explique que "la sociologie des grandes villes nous est sans doute un peu moins favorable" tout en précisant que "dès le premier tour nous avons conservé la quasi-totalité des villes acquises en 2014" ce qui lui permet de dire que "la gestion du RN, ça marche, c’est apprécié des électeurs".

"Un référendum, oui, mais sur les grands sujets et pas uniquement sur les questions écologiques"

Julien Aubert, député Les Républicains, a déclaré que la convention citoyenne était "une arnaque de plus abandonnée aux idéologues" et demande un référendum afin de trancher les questions écologiques. Nicolas Bay va plus loin : "référendum, oui, mais sur les grands sujets et pas uniquement sur les questions écologiques". Il demande un référendum "sur l’Union européenne, sur l’immigration, sur les protections économiques, sur le libre-échange mondialisé, etc.".

Pour lui, c’est simple : la Convention citoyenne a un panel "pas aussi représentatif de la France qu’on ne le dit". "Et la vérité c’est que, les propositions qui en sortent, on aurait réuni l’assemblée générale des Verts, on aurait obtenu à peu près le même résultat."

 

 

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