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Marine Le Pen : "Le PNF va à l'encontre de notre Etat de droit"

Marine Le Pen était l’invitée du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 2 juillet 2020 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Marine Le Pen interviewée par Patrick Roger sur Sud Radio le 2 juillet 2020 à 7h40.

Dans le cadre de l’enquête sur la gestion de la crise sanitaire menée par la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale, Roselyne Bachelot, ancienne ministre de la Santé, a été écoutée. Elle s’en est prise aux médecins qui n’auraient pas fait leurs stocks de masques et blouses. Pour Marine Le Pen, présidente du Rassemblement National (RN) et députée du Pas-de-Calais "ces propos sont indignes".

L’ancienne ministre a "quitté la politique", souligne la présidente du RN, et a "probablement oublié quelles sont les responsabilités qui pèsent sur des ministres face à une pandémie". "Pourtant, ces responsabilités sont travaillées depuis des années, il y a des rapports qui sont régulièrement mis à jour pour expliquer ce que doit faire l’État lorsque l’on est confronté à une situation de crise sanitaire."

La députée souligne également que cette crise était exceptionnelle : elle était "mondiale", ce qui signifie que les "pays producteurs des moyens de protections face à la pandémie sont eux-mêmes bloqués" ce qui influence négativement l’offre, ce qui "rend l’accès à des commandes extrêmement difficile".

"Les médecins ont été les victimes de la gestion de cette crise"

Roselyne Bachelot tacle également Agnès Buzyn jugeant qu’un ministre doit tout savoir. "Je crois qu’elle a tort, les médecins ont été les victimes de la gestion de cette crise." Notamment, car "on ne leur a pas fait confiance" en leur interdisant de prescrire certains médicaments "qui pouvaient leur apparaître comme étant susceptibles de soigner leurs patients". À l’égard des médecins, estime Marine Le Pen, il s’agit "d’une très grande violence, une très grande souffrance pour eux". "On remet en cause, en quelque sorte, le fondement même de leur engagement à soigner."

La députée estime également qu’on "ne s’est pas appuyés sur les médecins de ville". "C’est le vieux défaut français : tout pour l’hôpital" en oubliant qu’il y a "une médecine de ville qui est un support essentiel dans l’offre de soins". Et, enfin, "on les a laissés en première ligne des risques sanitaires puisqu’ils devaient voir des patients sans aucun élément de protection".

"C’est l’état qui est responsable de cela", juge la députée qui estime que le gouvernement tente d’échapper à ses responsabilités.

"Arrêtons de chercher à échapper à la responsabilité"

Agnès Buzyn, qui s’est expliquée le 30 juin 2020 devant la même Commission d’enquête parlementaire, par exemple, est "dans la droite ligne de ce gouvernement Macron : ils ont tout fait bien, il n’y a rien à leur reprocher, tout va pour le mieux…"

Pour Marine Le Pen, "on a fait beaucoup moins bien que d’autres pays européens qui étaient plus pauvres que nous, censés être moins organisés que nous et censés avoir un système de santé bien moins performant que le nôtre".

"Arrêtons, encore une fois, de chercher à échapper à la responsabilité qui est celle des dirigeants face au peuple", demande la présidente du RN : "les gouvernants ont été tout à fait défaillants dans cette crise sanitaire".

"Le Parquet national financier est une juridiction d’exception"

Le Parquet national financier (PNF) est sous le coup des critiques pour diverses affaires, notamment celle des écoutes de Nicolas Sarkozy et de ses avocats. Nicole Belloubet, garde des Sceaux, a donc demandé une enquête sur le fonctionnement ou les dysfonctionnements du PNF à ce sujet. Marine Le Pen est plutôt sceptique : "les enquêtes sur soi-même, j’en attends assez peu de choses".

Elle ironise : "je vais demander au Parquet national financier s’il considère que le Parquet national financier a agi en dehors des clous. Ce à quoi le Parquet national financier s’est empressé de répondre ‘non, pas du tout, Mme la Ministre, nous sommes restés dans les clous’".

La présidente du Rassemblement national juge que "le Parquet national financier est une juridiction d’exception" et qui, de fait, "va à l’encontre de notre État de droit". Elle rappelle d’ailleurs en avoir demandé la dissolution.

"C’est un parquet politisé, dont les magistrats sont choisis, je le crois, en partie sur des critères politiques, qui sont toujours les mêmes, et dont on a vu d’ailleurs l’action qui consiste à démultiplier les procédures à l’encontre de l’opposition en choisissant très précisément le calendrier qui les arrange pour que la mise en œuvre de ces procédures soit le plus nuisible possible."

Le PNF "foule au pied toutes les règles de la démocratie et de notre constitution"

Si la justice semble s’attaquer à tous les bords politiques, Marine Le Pen revient sur les affaires ayant éclaté durant la campagne présidentielle de 2017. "Pendant l’élection présidentielle, c’est sûrement dû au hasard, je suppose, ce sont précisément les deux candidats qui pouvaient accéder au second tour qui ont vu se déclencher contre eux les foudres du Parquet national financier selon encore une fois des calendriers qui véritablement ont étonné tous les spécialistes du droit." C’est deux candidats étaient "François Fillon et Marine Le Pen". "Comme par hasard !"

Faut-il y voir une institution judiciaire au service de quelqu’un ? Marine Le Pen reste floue : "de toute façon, le parquet est sous la direction hiérarchique du ministre de la Justice" ce qui n’est pas "contestable" en soi. "Je ne suis pas pour l’indépendance du parquet." Mais elle souligne être pour "sa neutralité" : "ça n’est pas parce que hiérarchiquement le parquet dépend du ministre qu’il doit fouler au pied toutes les règles de la démocratie et de notre constitution qui l’obligent à être impartial à l’égard des enquêtes qu’il mène".

Selon la présidente du RN, c’est simple : dans l’affaire Fillon ou dans l’affaire qui la touche directement, c’est "démontré" que "les manœuvres procédurales se sont multipliées pendant la campagne des présidentielles".

"L’empêchement juridique de pouvoir être candidate, c’est trop tard"

Le RN est inquiété dans l’affaire des assistants parlementaires qui pourrait déboucher sur un procès en 2021. Un tel procès pourrait donc mettre en difficulté Marine Le Pen dans sa candidature en 2022. Mais elle ne le pense pas : "je pense qu’ils auraient bien aimé pouvoir probablement m’empêcher". Et ce, que ce soit sur le plan de la candidature en elle-même ou simplement sur le plan de l’image. Une attaque sur son image, Marine Le Pen juge que "ça a déjà été testé, tenté" et ça pourrait même avoir "eu une influence".

La présidente du RN est confiante : "l’empêchement juridique de pouvoir être candidate, c’est trop tard, ils n’y arriveront pas" pour une raison de délais.

"Qui va me rendre ces cinq ans de diffamation ?"

"Je vais vous rappeler quelque chose : pendant 5 ans nous avons été diffamés, de toutes les manières possibles et imaginables" ou encore "présumés coupables" de surfacturation ou dans l’affaire des kits de campagne obligatoires. "Résultat des courses : relaxés sur les tracts, relaxés sur la surfacturation", précise la présidente du RN. Quant aux condamnations, elles ne sont que liées à "un problème juridique qui n’est pas tranché". "Qui va me rendre ces cinq ans de diffamation, ces cinq ans de salissures, ces cinq ans d’image de voleurs, d’escrocs ?"

Et ce n’est pas le fait que la presse a parlé de l’affaire et que Marine Le Pen et le RN ont pu se défendre qui va y changer quelque chose. "La victime de ce genre d’agissements devrait se réjouir parce qu’on a parlé d’elle ?" "Moi, je considère que c’est un véritable scandale", demandant aux médias d’avoir "du recul" concernant les "manœuvres du parquet" ainsi que la "présomption d’innocence".

Jean-Luc Mélenchon est "victime d’un acharnement judiciaire"

Dans un tweet, la députée du Pas-de-Calais a soutenu Jean-Luc Mélenchon, chose rare, également attaqué en justice. Elle explique ce geste par le fait qu’elle a "des principes" et que "quand ces principes vont au soutien de mes adversaires politiques, je continue à les défendre, parce que je suis une femme de principes". Un fait qui "n’est jamais vrai" de la part de ses adversaires.

Du fait de ses principes, elle soutient Jean-Luc Mélenchon qui est, selon elle, "victime d’un acharnement judiciaire", mais également l’avocat Éric Dupont-Moretti dans l’affaire de la "géolocalisation des avocats" et de "la lecture des fadettes des avocats", car il s’agit d’un "véritable scandale dans un État de droit".

"J’ai des principes : je demande à ce qu’on me les applique, mais je demande aussi à ce qu’on les applique à tout le monde, y compris à mes adversaires politiques."

Il faut "arrêter d’envisager de faire entrer la Turquie dans l’Union européenne"

Les relations entre la France et la Turquie, sur le dossier libyen, sont très tendues, la France ayant accusé la Turquie d’avoir une responsabilité criminelle dans le conflit en Lybie. Cette affaire, selon Marine Le Pen, "pose la question de notre présence dans l’alliance [l’OTAN] avec la Turquie".

"La Turquie a effectué un acte extrêmement hostile à l’égard d’une de nos frégates", rappelle la députée en parlant de l’incident durant lequel un navire turc a "illuminé", ce qui signifie ciblé par son système d’armement, un navire français. "Face à cela, nos alliés ont été pour le moins discrets dans leur soutien à l’égard de la France." Or, pour elle, "cet acte ne peut pas rester sans conséquence".

Parmi ces conséquences, elle estime qu’il faut "arrêter d’envisager de faire entrer la Turquie dans l’Union européenne" et "il faut demander à nos alliés de nous soutenir et poser la question de la présence de la Turquie dans l’alliance". "Je soutiens, sur ce coup-là, totalement Emmanuel Macron."

Marine Le Pen ne manque pas de souligner la position de l’Allemagne, qui est "très prudente" dans le fait de soutenir la France dans ce conflit. Une position qui pourrait se justifier par les exportations d’armement allemandes qui "vont vers la Turquie" à "près de 42%".

Il faut donc identifier "qui sont nos amis, qui ne sont pas nos amis, qui sont nos alliés, qui ne sont pas obligatoirement des amis". "Ce qui est sûr, c’est qu’il faut défendre l’intérêt de la France en toute circonstance."

"La police est une des institutions les plus surveillées de France"

Un scandale a éclaté à la Compagnie de Sécurisation et d’Intervention (CSI) de Seine-Saint-Denis (93) où certains policiers ont été accusés de trafic de drogue, ce qui a entraîné la décision d’une dissolution partielle de la compagnie. Pour Marine Le Pen, "évidemment" qu’il faut sanctionner. "Ça prouve d’ailleurs une chose : contrairement à ce qui est dit, la police est une des institutions les plus surveillées de France." Si, effectivement, "il existe et il a toujours existé des ripoux", "quand ils sont attrapés, ils sont en règle générale extrêmement et durement condamnés". "C’est tant mieux, et c’est normal."

Édouard Philippe "contribue à la popularité d’Emmanuel Macron"

Le remaniement au gouvernement devrait avoir lieu dans les jours à venir. La grande question est toutefois celle du remplacement, ou non, du Premier ministre Édouard Philippe. Marine Le Pen estime que si elle était à la place du Président, "très certainement, je le garderais". "Il est plus populaire que lui, alors en quelque sorte il contribue à la popularité d’Emmanuel Macron, même si celle-ci est très basse."

"Si c’est pour remplacer Édouard Philippe par Sibeth Ndiaye ou par Brune Poirson, oui, je pense qu’il a intérêt à garder Édouard Philippe. C’est sûr."

"Les moyens qui sont mis en œuvre ne sont pas suffisants"

Airbus a annoncé que les aides de l’État, dont l’entreprise a bénéficié, pourraient permettre de sauver 2.000 emplois. "On est censés s’en réjouir ?", se demande la présidente du RN, "parce qu’on met beaucoup d’argent, quand même, dans l’aéronautique". "On aurait aimé qu’il n’y ait aucun licenciement."

Si elle ne nie pas qu’il y a une crise, elle juge qu’il y a "des moyens de répondre à cette crise" et que "les moyens qui sont mis en œuvre ne sont pas suffisants". Alors qu’il s’agit d’engagements "à moyen terme" et à "long terme", elle estime qu’il "faut des engagements à court terme".

"Derrière Airbus, il y a l’intégralité des sous-traitants d’Airbus qui ont des problèmes de trésorerie auxquels il faut apporter des réponses immédiates." Pour ce faire, elle rappelle le rôle de la commande publique et "l’aspect défense". "Il y a une loi de programmation militaire qui a été faite", mais dont la "montée en puissance des budgets" n’est prévue qu’en "2022" : "je pense qu’il faut lisser ces engagements et les ramener en 2020, 2021, 2022, pour pouvoir être évidemment un booster de commandes".

 

 

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