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Le regard libre d'Élisabeth Lévy - Taxe GAFA : la France cède (encore) au chantage américain

Le Parlement français avait voté en juillet l'instauration d'une taxe GAFA. Mais en pratique, la nécessité d'homogénéiser aux normes européennes et même mondiales repousse sans cesse l'échéance. Bruno Lemaire a encore une fois courbé l'échine face à Trump. Résultat des courses : l'État se prive de 500 millions d'euros de taxes.

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Finalement, la France retire sa taxe sur les GAFA

Vous ne comprenez rien aux subtilités de la langue diplomatique. La taxe n’est pas supprimée, elle ne sera pas perçue. Bruno Lemaire l’a dit à Davos: « La France ne renoncera jamais, jamais, jamais à taxer les géants du numérique. » Aux termes de l’accord conclu hier, la taxe de 3 % sur le chiffre d’affaires des entreprises du numérique votée par le Parlement en juillet n’est pas retirée mais suspendue pendant les négociations. Un peu comme l’âge pivot. Résultat : le fisc français voit 500 millions d’euros lui échapper.

Pourquoi le gouvernement français a-t-il reculé devant les GAFA ?

Il a surtout reculé devant Donald Trump. Après des mois de menaces et de tweets rageurs a appelé Macron dimanche pour lui mettre l’ultimatum en main : soit la France retirait sa taxe, soit les États-Unis taxaient à hauteur de 100 % le champagne et les fromages français qui ont grandement besoin du marché américain. Les produits concernés représentent 2,4 milliards de dollars d’exportations. Autant dire que les comptes sont vite faits. Emmanuel Macron a choisi de sauver le champagne et le roquefort.

Vous vous en réjouissez ?

Non, je ne me réjouis nullement que la France soit obligée de céder à ce chantage. Et pas non plus que nous soyons un nain numérique et une puissance de plus en plus moyenne du point de vue industriel. Nous pouvons être fiers des merveilles de notre terroir mais notre ambition ne saurait se résumer à vendre du champagne et à accueillir des touristes. On aimerait que nos gouvernants, au lieu de se plier au sens du vent, s’attachent à la reconquête de notre souveraineté économique et industrielle.

Très bien, mais fallait-il signer cet accord ou pas ?

On aurait pu se passer des roulements de mécanique, bien ridicules a posteriori. Cependant, il est trop facile de dénoncer cette capitulation, comme le fait toute l’opposition. Clémentine Autain enrage de voir le gouvernement se soumettre « aux normes de la jungle néolibérale ».

Les relations internationales ne sont pas régies par la justice mais par les rapports de force. Oui, les Américains sont arrogants. Mais le problème est qu’ils ont les moyens de leur arrogance. Ce n’est pas en instaurant les multiples taxes et règlements nouveaux dont rêve Clémentine Autain que nous nous donnerons ceux de notre puissance. Encore mieux que taxer les GAFA, il nous faut créer les futurs GAFA.

En attendant, une consolation : dans dix ou 20 ans, Google et les autres auront peut-être été détrônés par des petits nouveaux. Mais dans trois siècles, le monde entier, peut-être même la galaxie, connaîtra les noms « roquefort » et Dom Pérignon.

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