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"Il veut enfumer les gens" : les catholiques méfiants sur le voyage de Macron à Rome

Par Benjamin Jeanjean

Reportage Sud Radio. Alors qu’Emmanuel Macron effectuera mardi sa première visite officielle au Vatican en tant que président de la République, les catholiques français accueillent ce déplacement avec circonspection.

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Comme la plupart de ses prédécesseurs, Emmanuel Macron s’apprête à rencontrer mardi le pape François au Vatican, la première visite officielle du chef de l’État au Saint-Siège en tant que président de la République. Une rencontre au cours de laquelle il recevra le titre honorifique de chanoine de Latran, un titre historique remis à tous les chefs d'État français depuis Henri IV.

"Henri IV, qui a négocié avec la papauté, s’est appuyé sur cette tradition française d’amitié à l’égard de cette cathédrale. Le chapitre de la cathédrale de Saint-Jean-de-Latran à Rome a fait du roi de France un chanoine honoraire, mais à titre purement honorifique. Les différents chefs d’État ont perpétué cette tradition. Que fait Emmanuel Macron ? Il renoue avec une tradition. Il peut aller à Saint-Jean-de-Latran et y être chanoine honoraire tout en respectant la laïcité", explique Odon Vallet, spécialiste de l'histoire des religions, au micro de Sud Radio.

Alors qu’Emmanuel Macron tente depuis plusieurs mois un rapprochement avec les catholiques français, ces derniers sont encore loin d’être séduits. "C’est bien qu’il se rapproche des catholiques, mais je ne suis pas certaine qu’il y aura des actes derrière. Beaucoup de choses pour les pauvres sont supprimées, tout est fait pour l’entreprise. J’espère que ce n’est pas le président des riches, mais j’attends de voir. J’ai un peu l’impression qu’il veut enfumer les gens. Tout ça, c’est beaucoup de communication pour finalement arriver à ce dont il a envie. Je n’ai pas confiance en lui", assure Dominique (52 ans).

"Je veux croire que son discours aux Bernardins n’était pas que de la flûte"

Sébastien (37 ans) a une meilleure opinion du chef de l’État, mais reste très méfiant. "Je n’ai pas voté pour lui, et pourtant je reconnais qu’un homme comme ça, l’histoire de France n’en a pas connu beaucoup, en tout cas sous la Vème République. Je suis assez admiratif de ce qu’il a fait en très peu de temps. Je veux croire que son discours aux Bernardins n’était pas que de la flûte, et qu’il le croyait réellement. À titre personnel, en tant que catholique et papa adoptant par ailleurs, je pense que sur la PMA la décision est déjà prise. Ça me fait penser à un dessin de Plantu dans les années 1990, qui disait "La dictature c’est ferme ta gueule, la démocratie c’est cause toujours"", souligne-t-il.

Pour Ludovine de la Rochère, présidente la Manif pour tous, Emmanuel Macron doit maintenant aller au-delà des paroles et des discours pour convaincre vraiment l’électorat catholique. "Il donne l’impression – et c’est assez frappant – d’un certain pragmatisme dans les différents débats de société (PMA, GPA…). Après, il est encore un peu tôt pour être sûr qu’on n’est pas simplement dans la communication mais bien dans une réflexion de fond, concrète et efficace en vue de l’avenir de la France à moyen et long terme, et pas simplement dans un intérêt politicien", indique-t-elle.

Un reportage de Solène Godin

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