François-Xavier Bellamy : "On a besoin de maintenir l’activité, on a besoin que la société continue de vivre"
L’épidémie continue de gagner en intensité en France, et des voix se lèvent pour interdire les rassemblements privés, qui sont souvent à l’origine de clusters de contaminations. Pour François-Xavier Bellamy, c’est "à l’exécutif de prendre cette décision" tout en soulignant que toute décision doit être "juste et proportionnée". "Cette proportion est dans tous les cas fondamentale." Il juge qu’il faut "tout faire" pour éviter un nouveau confinement car "on a besoin de maintenir l’activité, on a besoin que la société continue de vivre".
Jean Castex a tenu une conférence de presse depuis Matignon vendredi 11 septembre 2020 dans laquelle il a annoncé, notamment, la réduction de la période de quarantaine à 7 jours. Pour le député européen, "je pense que c’était une bonne chose de concentrer l’essentiel du message sur l’appel à la responsabilité de nos concitoyens". Les annonces, bien qu’attendues, n’ont pas été nombreuses finalement.
"L’écologie pourrait devenir un nouvel autoritarisme, si nous n’y prenons pas garde"
Les nouveaux maires écologistes ont créé plusieurs polémiques depuis début septembre 2020 : le Tour de France a été jugé "machiste", tandis que le maire de Bordeaux a annoncé que sa ville n’aurait pas de sapin de Noël géant cette année 2020 car le sapin est "un arbre mort". Pour François-Xavier Bellamy, "ce ne sont pas des décisions, d’abord, ce sont des déclarations".
Pour lui, "c’est une vision du monde, et je crois qu’on aurait tort de la prendre à la légère". "Je crois que c’est très sérieux et que c’est très inquiétant : ce qui se joue derrière cette idée, c’est que l’écologie c’est d’abord une manière de punir les individus, de tenter de transformer leur mode de vie. On sait bien que dans cette volonté de transformer de l'extérieur une société, il y a toujours une tentation autoritaire. Pour lui, l’écologie pourrait devenir un nouvel autoritarisme, si nous n’y prenons pas garde".
Le député européen rappelle que certains écologistes ont jugé "légitime et nécessaire de restreindre nos libertés fondamentales au motif de l’écologie". Pour lui, ce sont "des attaques très claires contre notre manière de vivre. Je ne suis pas d’accord avec ça, pour une raison très simple : c’est que ça ne produit aucune espèce de solution." Il souligne notamment que la France ne représente que "1%" des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Il faut évidemment faire tout pour qu'on puisse garantir que notre manière de vivre soit la plus respectueuse possible de l'environnement, mais ce qui compte maintenant, c'est d'ouvrir les yeux sur des solutions concrètes, pour l'avenir, faire en sorte par exemple que nous puissions imposer à d'autres régions du monde de décarboner leur propre mode de production, à travers la taxe carbone dans l'Union européenne par exemple".
Les maires écologiques demandent également un moratoire sur la 5G. "Je ne comprends pas le principe du moratoire", explique François-Xavier Bellamy : "que la 5G pose des questions, évidemment" et ce sur de nombreux points. Mais "ça n’enlève rien à la nécessité de continuer à chercher, de continuer à investir : nous ne pouvons pas imaginer que notre projet politique soit de devenir une espèce de réserve de touristes que les Chinois et les Américains viendront visiter demain". "Comment peut-on se prétendre écologiste et se réjouir de la fermeture de Fessenheim ?, demande l’élu, alors que le nucléaire est une énergie décarbonée. Continuons la recherche pour garantir que demain, nous aurons résolu ce problème des déchets".
Turquie/Grèce : "La menace de guerre est réelle et ne doit pas être prise à la légère"
Sur la situation très tendue entre la Turquie et l’Union européenne, notamment la Grèce sur le sujet des migrants, mais également au sujet des gisements de gaz, François-Xavier Bellamy soutient le gouvernement dans son opposition au président turc Erdogan. "Je suis heureux et même fier que notre Président ait la parole forte et l'action énergique qu'il faut pour dire que dans les tensions entre la Turquie et la Grèce, il n'y a pas d'équivalence à faire entre l'agresseur et l'agressé. Il ne s'agit pas, comme certains le voudraient dans l'Union européenne, de lancer une médiation entre la Turquie et la Grèce, soutient-il. D'un côté, un pays qui déstabilise toute une région, qui viole la souveraineté territoriale de la Grèce, qui fait peser sur toute l'Europe un chantage migratoire insupportable, et de l'autre côté, il y a un pays ami, dont la souveraineté est violée de manière récurrente par Erdogan. Pour lui, la menace de guerre est réelle et ne doit pas être prise à la légère".
"Il faut bien sûr arrêter instantanément, mettre fin à ces négociations d’adhésion [de la Turquie à l’Union européenne, ndlr] qui n’ont littéralement plus aucun sens."
"Il faut sanctionner M. Erdogan, sanctionner ses proches, par des sanctions économiques immédiates qui les toucheront personnellement, pour montrer que nous sommes capables de faire barrage lorsque l'inacceptable est commis."
"Est-il normal, anodin, que le voile soit banalisé, y compris dans les médias, alors qu'il est un signe d’oppression ?"
Jusqu'où peut-on aller dans la liberté d'expression ? Judith Waintraub, journaliste au Figaro, a créé un scandale lorsqu’elle a associé le voile d’une blogueuse cuisine diffusée sur BFMTV le 11 septembre à un tweet que certains ont jugé déplacé. Mais l’affaire a rapidement pris une tournure plus inquiétante lorsqu’elle a reçu des menaces de mort. Pour François-Xavier Bellamy, qui signale avoir exprimé son soutien à la journaliste, c’est simple : "on ne menace pas quelqu’un de mort. Entre un commentaire déplacé et une menace de mort, on ne peut pas faire une équivalence !, s'indigne-t-il. On peut argumenter, critiquer et même aller en justice le cas échéant. On devrait se souvenir qu'il y a quelques années, tout le monde 'était Charlie' ! Qu'est-ce qu'il en reste aujourd'hui ? Il est absolument scandaleux que nous en venions à dire, que beaucoup en viennent à dire ‘attendez, quand même, elle se fait menacer de mort mais son tweet était déplacé’."
Pour lui, cette affaire est dramatique : "c’est par la terreur qu’on voudrait imposer à tous ceux qui tentent une critique de se taire". Mais le député tient à déclarer son soutien également à la jeune fille au centre de cette affaire, qui se trouve propulsée dans une polémique, parce qu'elle a été diffusée sur BFMTV, voilée, publiant des recettes de cuisine. Mais "on a le droit de se poser cette question : est-il normal, anodin, que le voile soit banalisé, y compris dans les médias, alors qu'il est un signe d’oppression ? Quand on voit que dans le monde entier, le voile est pour beaucoup de femmes un symbole d'oppression, on ne peut pas le considérer comme un vêtement comme un autre. Sa banalisation n'a rien qui soit insignifiant", insiste-t-il.
"En France, nous voyons sous le prétexte de la défense d'une liberté se déployer une stratégie qui accompagne la montée de l'islamisme et du séparatisme. Le séparatisme ne doit pas être un concept abstrait. Il faut le traiter à fond, lucidement, avec le respect des personnes et des croyances, estime François-Xavier Bellamy. Il faut se poser les vraies questions et que chacun accepte qu'elles soient posées. Il n'existe pas dans notre pays de 'droit à ne pas être dérangé, offensé'. Quand on s'engage dans l'espace public, il arrive souvent d'être critiqué, insulté, rappelle-t-il. Je ne dis pas que c'est bien, mais ça ne mérite pas qu'on menace qui que ce soit de mort !"
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