Jeudi dernier, France 2 diffusait un documentaire retraçant l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine et son action au pouvoir depuis. Un film dans lequel il était question de la rencontre avec Nicolas Sarkozy lors du G8 de juin 2007, quelques semaines après l'élection présidentielle française.D'après Nicolas Hénin, auteur du livre La France russe (Fayard), interrogé dans ce documentaire, le président russe aurait menacé Nicolas Sarkozy, lui lançant notamment "Si tu continues comme ça, je t'écrase". Sauf que Michaël Darmon, éditorialiste politique à Sud Radio, a eu connaissance des retranscriptions de l'entretien entre les deux chefs d'Etat et le ton est tout autre.
"Nous n'avons pas d'oppositions, mais des enjeux communs"
Le verbatim fait plutôt état d'un échange franc et courtois entre les deux hommes. "Je voudrais que vous me regardiez comme un partenaire", a notamment lancé Nicolas Sarkozy, avant d'ajouter : "Nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir une Europe inquiète de la Russie et une Russie méfiante avec l'Europe."Du côté de Vladimir Poutine, point de menaces : "Nous n'avons pas d'oppositions, mais des enjeux communs. Nous ne voulons pas rétablir l'URSS ou donner des leçons en Europe. Nous avons besoin d'une chose, un partenariat franc, avec la prise en compte des intérêts des deux côtés."Après un échange de chocolats, des sujets plus sensibles sont évoqués. "Parfois, on veut dire à nos amis russes 'Il y a des images qui font du mal', comme sur les homosexuels ou le terrorisme. On ne résout pas le terrorisme avec des méthodes de terrorisme", avance Nicolas Sarkozy. Ce à quoi Vladimir Poutine lui répond : "Les homosexuels sont libres de manifester, mais où c'est permis et pas où ils veulent."
Nicolas Sarkozy n'était pas ivre
Durant toute l'entrevue, il est question de partenariats stratégiques profonds et les deux hommes ont visiblement envie de travailler ensemble. "Je veux sincèrement un vrai partenariat avec la Russie", conclut le président français. "Avec plaisir, suite à cette conversation", abonde le chef d'Etat russe.Dès lors, comment expliquer l'attitude de Nicolas Sarkozy lors de la conférence de presse qui a suivi cet entretien ?La presse belge avait été la première à évoquer l'ivresse d'u président et une rencontre où la vodka aurait coulé à flots ont eu cours. Mais cette théorie a vite eu très peu de crédit puisque les deux présidents sont connus pour ne pas boire d'alcool, ou très peu.
Sarkozy entre diplomatie et problèmes de couple
Le documentaire de France 2 laissait donc entendre que Nicolas Sarkozy était sous le choc des menaces de Vladimir Poutine et d'un entretien très musclé, là encore, il semble que cette explication ne soit pas la bonne.Michaël Darmon était présent à ce G8, en Allemagne. D'après lui, il faut également prendre en compte la situation personnelle entre Nicolas Sarkozy et son épouse de l'époque, Cécilia. Cette dernière a fait le déplacement avec son époux en Allemagne, mais est repartie dans la nuit qui précède la rencontre avec Poutine. Le couple est en pleine séparation.Pendant tout le sommet, Nicolas Sarkozy est extrêmement soucieux de ce qui se passe avec Cécilia. Il est tout le temps au téléphone avec elle et gère cette rupture en même temps qu'il mène des discussions denses sur le plan politique - il a rencontré George Bush le matin de sa rencontre avec Poutine. Tout cela pourrait expliquer son état de fatigue et de nervosité dans laquelle il se trouve lors de cette conférence de presse. Tout comme l'escalier escarpé qu'il lui fallait monter à toute vitesse pourrait expliquer son essoufflement au début de son face à face avec les journalistes.