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Annie Genevard : "Je trouve que le voile a beaucoup trop prospéré dans notre pays"

Par La Rédaction

Annie Genevard, députée LR du Doubs, vice présidente de l'Assemblée nationale et présidente du Conseil national des Républicains, était l’invitée du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 10 décembre 2020 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Annie Genevard interviewée par Patrick Roger sur Sud Radio le 10 décembre 2020 à 7h40.

"On ne parle plus d’islamisme"

Le gouvernement a présenté, mercredi 9 décembre, son projet de loi contre le séparatisme. Le ministre de l’Intérieur, en a fait l’éloge et a déclaré que la loi aurait pu empêcher la mort du professeur Samuel Paty. Annie Genevard confirme que l’objectif est bien de lutter "de toutes nos forces" contre l’islamisme. "Tout ce qui ira dans ce sens, nous le soutiendrons", assure-t-elle, voyant la France "confrontée à un danger majeur".

La députée Les Républicains souligne toutefois un détail : "Je regrette que l’ennemi ne soit pas nommé précisément, on ne parle plus de séparatisme, on ne parle plus de communautarisme, on ne parle plus d’islamisme". Pour elle, "il y a eu un repli prudent sur les mots" alors qu'on "ne vainc pas l’adversaire sans le désigner très clairement". La vice-président de l’Assemblée nationale précise en outre que l’engagement du gouvernement "sur ces sujets" vient "très tardivement". "Une fois que la loi sera adoptée, on sera à la fin du quinquennat", déplore l'élue.

Une réticence sur ces sujets

La députée ne semble pas pour autant vouloir lutter pour que ces termes, dont elle regrette l'absence, ne soient pas réintégrés dans le texte. "Les textes qui sortent [de l’Assemblée nationale, ndlr] sont systématiquement en retrait de ce qui y ont été présentés", note-t-elle. Une réticence sur ces sujets liée à "l’aile gauche" de la majorité, "qui vient du Parti socialiste". Sur ce texte, la parlementaire LR a "les plus grandes craintes" sur les changements qui y seront opérés par les députés.

Annie Genevard déplore "des grands absents". "On ne parle pas d’immigration, alors qu’il y a un sujet", souligne-t-elle, estimant qu’une "immigration non contrôlée compromet nos principes républicains, parce que tous les attentats qui ont été commis dernièrement l’ont été par des immigrés clandestins ou qui s’étaient introduits clandestinement dans notre pays". La députée soupçonne que "ces sujets" font "peur" à la majorité. "Quand on a un ennemi aussi puissant, aussi déterminé à nous détruire, il ne faut pas avoir peur", recommande l'élue.

Toutefois, dans ce projet de loi, "il y a des choses" qui sont bonnes. Mais un autre "grand absent" est remarqué par la présidente du Conseil national des Républicains.  "Dans le monde des entreprises, 60% des encadrants ont déjà eu affaire à un problème d’entrisme religieux dans l’entreprise", sujet qui "n’est absolument pas traité", regrette Annie Genevard qui annonce "proposer des amendements", dans ce sens. "La majorité des groupes demande une commission spéciale, le gouvernement bloque", s'indigne la porte-parole du groupe LR.

"Les familles ont une liberté d’instruction"

Un des sujets qui sera le plus débattu, selon la députée, "c’est l’enseignement en famille". Elle rappelle le principe constitutionnel qui dit que "les familles ont une liberté d’instruction. Elles peuvent choisir d’instruire l’enfant à l’école publique, à l’école privée, ou en famille". Une remise en cause de cette liberté par le président de la République qui entend "combattre l’enseignement qui prospère dans les milieux islamistes".

"Moi aussi je suis accablée par le spectacle de ces petites filles voilées, instruite dans des hangars, dans des locaux insalubres", confie la députée du Doubs qui appelle à "combattre cette cible avec la plus extrême rigueur". Mais, pour Annie Genevard, hors de question de passer par la pénalisation "des 60.000 familles qui instruisent bien leur enfant à domicile". "Il faut ajuster les dispositifs pour véritablement empêcher ce dévoiement" propose l'élue qui encourage à "bien identifier chaque enfant et voir exactement où ils sont enseignés". "Il faut des contrôles tout simplement, et que les parents soient pénalisés", affirme-t-elle.

"On doit s’interroger sur le déploiement du voile dans notre pays"

Aurore Bergé, députée LREM, a déclaré vouloir déposer un amendement pour interdire le voile aux petites filles. "J’y serais assez favorable", déclare Annie Genevard. "Je trouve que le voile a beaucoup trop prospéré dans notre pays", note-t-elle. "Quand je vois que dans certaines villes, dans les places publiques, il n’y a pas une femme non voilée, je pense qu’on doit s’interroger sur le déploiement du voile dans notre pays", confie la députée pour qui cette question "doit être abordée sans tabou".

"D’une manière générale, la question des droits des femmes dans les pays musulmans doit être abordée sans crainte", affirme Annie Genevard, pas certaine "que toutes les femmes qui portent le voile y consentent". "Je ne suis pas sûre que toutes les petites filles qui portent le voile y consentent et surtout que ce soit pour elles le début d’un parcours d’épanouissement et d’autonomie", insiste la représentante des Républicains.

"Un risque d’inacceptabilité sociale du confinement"

Le déconfinement du 15 décembre est de plus en plus remis en question, le nombre de cas de Covid-19 ne baissant pas autant qu’espéré par le gouvernement. "Je suis très désireuse qu’on déconfine à la mi-décembre", explique pourtant la députée, "parce qu’il y a un risque d’inacceptabilité sociale du confinement". "Les Français n’en peuvent plus", rapporte-t-elle, soulignant une situation d'épuisement et de dégradation psychologique.

Même si parmi les Français, "il y a une profonde aspiration à une liberté", Annie Genevard invite à "des rassemblements familiaux raisonnables" pour les fêtes de fin d'année et à une politique de tests "beaucoup plus vaste". "Il faudrait se tester massivement avant de se réunir", souligne-t-elle, ne se prononçant pas favorablement pour une interdiction pure des rassemblements du 31 décembre, "mais pour une responsabilisation des Français".

La députée du Doubs se fera vacciner et rappelle que "toute prise de médicament comporte une part de risque". Elle invite les Français à ne "pas surinterpréter les deux cas d'allergie détectés en Angleterre". Selon elle, "les risques sont bien plus grands si on ne se vaccine pas".

"L'impatience est mauvaise conseillère"

Sur la désignation du prochain candidat Les Républicains pour les élections présidentielles de 2022, Anne Genevard est plutôt favorable que cette question soit évoquée après les régionales, en juin prochain. "Il ne sera pas difficile de se mettre d'accord sur un processus", assure-t-elle. "Je pense que l'impatience est mauvaise conseillère", estime la députée, certaine que "ce débat n'intéresse pas les français". "Je suis sûre que nous trouverons la voix raisonnable pour ne pas se diviser", annonce la députée qui rappelle la vocation de la droite "à revenir au gouvernement et proposer d'autres options que Emmanuel Macron ou Marine Le Pen".

 


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