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Les principales réactions aux frappes américaines en Syrie

Par Jérémy Jeantet (avec AFP)

L'Iran et la Russie condamnent, Jean-Marc Ayrault, la Grande-Bretagne et la Turquie approuvent. Les frappes aériennes américaines en Syrie dans la nuit de jeudi à vendredi ont entraîné des réactions partagées dans le concert international.

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Donald Trump a décidé de frapper une base militaire en Syrie, dans la nuit de jeudi à vendredi, en réaction à l'utilisation d'armes chimiques imputée au régime de Bachar al-Assad, mardi.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a fait savoir que Vladimir Poutine considérait ces frappes américaines comme "une agression contre un État souverain, en violation du droit international" et se fondant "sur des prétextes inventés".

"Cette action de Washington cause un préjudice considérable aux relations russo-américaines, qui sont déjà dans un état lamentable", a-t-il ajouté.

Marine Le Pen se dit "étonnée"

La question du "prétexte", comme l'évoque le Kremlin, est aussi à l'origine des doutes émis par Nicolas Dupont-Aignan, candidat à l'élection présidentielle française qui, invité de Territoires d'Infos sur Sud Radio et Public Sénat jeudi, laissait déjà entendre son scepticisme quant à l'implication du régime de Bachar al-Assad dans l'attaque chimique, indiquant vouloir attendre d'avoir plus d'éléments de preuve avant de se prononcer : "Donald Trump n'est même pas passé par l'ONU. Moi je demande une vraie enquête, je veux être sûr qu'on est pas dans une manipulation à l'irakienne."

Même chose pour l'Iran, dont le ministre des Affaires étrangères, Bahram Ghassemi, a déclaré "condamner vigoureusement" les frappes américaines : "Nous condamnons toute action unilatérale et l'attaque contre la base aérienne d'Al-Chaayrate, sous prétexte d'une attaque chimique suspecte mardi à Khan Cheikhoun". La Chine, dont le président Xi Jinping était reçu par Donald Trump au moment des frappes aériennes, a appelé à éviter "toute détérioration" de la situation.

Invitée sur France 2, Marine Le Pen a, elle, fait part de son étonnement : "Je suis un peu étonnée, parce que Donald Trump avait indiqué à plusieurs reprises qu'il n'entendait plus faire des Etats-Unis le gendarme du monde, et c'est exactement ce qu'il a fait hier."

Nathalie Arthaud, candidate Lutte Ouvrière à la présidentielle, a réagi sur BFMTV : "Je dénonce ces bombardements américains, je dénonce les bombardements russes, je dénonce évidemment les bombardements d'Assad à l'arme chimique. C'est du terrorisme d'Etat qui alimente le terrorisme de Daesh. C'est les populations qui sont prisonnières. Parce que toute ces interventions ne se font pas pour l'intérêt des populations, pour leur venir en aide. (...) Je demande le retrait des troupes françaises du Proche-Orient, d'Afrique où finalement ils œuvrent pour des visées impérialistes. Aucun travailleur, aucun ouvrier n'a intérêt à ces interventions aux quatre coins du monde."

"Une réponse appropriée" pour la Grande-Bretagne

À l'inverse, le Gouvernement britannique "soutient pleinement l'action des États-Unis", qui ont lancé des frappes aériennes contre le régime syrien. Pour le porte-parole, ces frappes "sont une réponse appropriée à l'attaque barbare à l'arme chimique perpétrée par le régime syrien".

L'Arabie Saoudite, important allié des États-Unis, a également indiqué qu'elle "soutenait complètement" la décision "courageuse" de Donald Trump de frapper la Syrie, tenant le régime de Bachar al-Assad pour "responsable de ces opérations militaires", à cause de "ses crimes odieux depuis des années contre le peuple syrien". Le Japon a également soutenu "la détermination" des États-Unis, alors que l'Allemagne a estimé que ces frappes étaient "compréhensibles".

La Turquie a réagi par la voix de son Premier ministre, Numan Kurtulmus : "Nous considérons que c'est une chose positive. Le régime d'Assad doit être puni entièrement sur le plan international."

Sans aller jusqu'à approuver, Jean-Marc Ayrault est loin de condamner, lui aussi, l'initiative américaine. Dans des propos relayés par France Inter, lors d'un déplacement en Mauritanie, le ministre des Affaires étrangères français a indiqué que les frappes des États-Unis constituaient un "avertissement" et une forme de "condamnation" du "régime criminel" de Bachar al-Assad.

Le Premier ministre Bernard Cazeneuve a réagi lors de son déplacement à Tunis. Pour lui, les frappes américaines montrent "que notre ligne était la bonne", quand la France avait demandé, en 2013, "une réaction très ferme à l'égard de l'utilisation d'armes chimiques".

"Nous constatons aujourd'hui que notre ligne était la bonne et que l'on se réveille, tant mieux", a ajouté Bernard Cazeneuve.

Emmanuel Macron était lui en Corse lorsqu'il a fait part de son souhait "d'une action coordonnée sur le plan international, concertée, dans le mandat de l'ONU, en représailles au régime de Bachar al-Assad". "Nous avons un ennemi, Daesh et l'ensemble des mouvements jihadistes, a poursuivi le candidat à l'élection présidentielle. Le peuple syrien a un ennemi, Bachar al-Assad."

Hollande et Merkel dénoncent Assad, Fillon met en garde

Si l'opposition syrienne salue cette frappe, l'un de ses représentants a appelé à aller plus loin. "Frapper un seul aéroport n'est pas suffisant; il y a 26 aéroports (utilisés par le régime pour) bombarder les civils. Le monde entier doit aider à sauver le peuple syrien des griffes de l'assassin Bachar (al-Assad) et ses acolytes", a affirmé à l'AFP Mohammad Allouche, un dirigeant de Jaich al-Islam et membre du Haut comité des négociations (HCN) de l'opposition syrienne.

Dans une déclaration commune, François Hollande et Angela Merkel ont, eux, pointé du doigt la responsabilité de Bachar el-Assad dans cette situation. "Une installation militaire du régime syrien utilisée pour des bombardements chimiques a été détruite cette nuit par des frappes américaines (...) Assad porte l'entière responsabilité de ce développement".

De son côté, François Fillon a mis en garde contre toute escalade militaire dans la région. "Cette riposte américaine, que l'on peut comprendre au vu de l'horreur des attaques chimiques, ne doit pas conduire à une confrontation directe des forces occidentales avec celles de la Russie et de l'Iran. Ce serait un terrible danger pour la paix", a déclaré le candidat Les Républicains à la présidentielle dans un communiqué.

Benoît Hamon, quant à lui, a jugé que Bachar el-Assad, "l'un des criminels les plus abominables que connaît ce siècle", est "directement responsable de la riposte américaine" pour avoir "gazé des enfants".

Régulièrement pointé du doigt pour ses positions ambiguës sur la Russie et la Syrie, Jean-Luc Mélenchon a préféré mettre l'accent sur... François Hollande et Angela Merkel

La Syrie dénonce un acte "idiot"

Dans un communiqué publié ce vendredi après-midi, la présidence syrienne a officiellement réagi elle aussi. "Tout ce qu'a entrepris l'Amérique n'est qu'un acte idiot et irresponsable, et révèle sa vision à court terme (...) et son aveuglement sur les plans politique et militaire", peut-on notamment lire dans ce communiqué.

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