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Le patron de LafargeHolcim démissionne pour apaiser le dossier Syrie 

Par Benjamin Rieth avec AFP

Le patron du cimentier suisse LafargeHolcim a annoncé sa démission. Une tentative pour désamorcer le dossier syrien dans lequel le cimentier a été mis en cause pour avoir indirectement financés des groupes armés dans le pays.

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Il n’y est pour rien mais a décidé de démissionner. Eric Olsen, placé à la tête de l’entreprise en 2015 pour mener à bien la fusion entre le français Lafarge et le suisse Holcim, va quitter son poste après l’accord du conseil d’administration. "Ma décision est guidée par la conviction qu'elle contribuera à apaiser les fortes tensions qui sont récemment apparues autour de la question de la Syrie", a déclaré le futur ex-dirigeant. 

Pourtant, une enquête interne a montré que ce dirigeant franco-américain était hors de cause. "Après avoir procédé à un examen approfondi, le conseil d'administration a conclu qu'Eric Olsen n'était ni responsable ni pouvant être considéré comme informé des actes répréhensibles identifiés dans le cadre de cette enquête", a indiqué le groupe dans un communiqué.

Des arrangements conclus avec des groupes armés

Visé par une enquête en France depuis octobre, suite à une plainte de Bercy, le cimentier avait mené sa propre investigation au sein l’entreprise. Au terme de cette enquête interne, l’entreprise a établi que des mesures "inacceptables" avaient été prises pour permettre à un site syrien de continuer à fonctionner dans ce pays déchiré par la guerre civile. Des erreurs de jugement "significatives" contrevenant au code de conduite de l'entreprise ont été commises, a également admis LafargeHolcim.

LafargeHolcim fait l’objet de plusieurs plaintes depuis plusieurs semaines, notamment de la part du ministère de l’Économie et d’ONG concernant des arrangements conduits en 2013 et 2014 avec des groupes armés pour maintenir l’activité d’une cimenterie située à Jalabiya, à 150 kilomètres au nord-est d'Alep. Achetée en 2007 par le français Lafarge, cette cimenterie avait été remise en service en 2010 après trois années de travaux qui avaient coûté environ 680 millions de dollars, ce qui en faisait le plus gros investissement étranger dans le pays en dehors du secteur pétrolier.

Selon une enquête du journal Le Monde publiée en juin dernier, Lafarge avait missionné un intermédiaire pour obtenir de l'organisation État Islamique des laissez-passer pour ses employés aux checkpoints. Il était aussi question d’un laissez-passer estampillé du tampon de l'EI pour permettre aux camions d'approvisionner l'usine mais aussi l'intervention d'intermédiaires et de négociants visant à vendre au cimentier du pétrole raffiné par l'EI. L'organisation jihadiste avait fini par prendre le contrôle du site en septembre 2014.

Début mars, LafargeHolcim avait reconnu qu'une filiale locale avait remis des fonds à des parties tierces afin de trouver des arrangements avec un certain nombre de groupes armés, dont des tiers visés par des sanctions, alors que la détérioration de la situation politique avait créé des conditions très difficiles pour assurer la sécurité de l'usine et de ses employés. 

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