Faut-il y voir un nouveau pas dans le rapprochement entre Belgrade et Pristina ? Le gouvernement serbe vient de constituer un groupe de travail, sous la direction du ministre de la Défense Zoran Djordjevic, afin d'élaborer un plan de rétablissement d'une ligne aérienne reliant les capitales serbe et kosovare. L'équipe sera composée d'experts serbes, rattachés notamment aux ministères de la Défense, de l'Intérieur, des Affaires étrangères ou encore des Transports.Un geste loin d'être anodin et dont la portée symbolique traduit l'émergence d'une volonté commune aux deux États de se rapprocher, après des années de tensions liées au conflit des Balkans qui a ravagé l'ancienne République fédérale Yougoslave, pendant près d'une décennie (de 1991 à 1999).
Un nouveau rapprochement ?
Depuis la déclaration unilatérale d'indépendance proclamée par le Kosovo le 17 février 2008, seuls 113 États - sur les 193 que comptent l'ONU - ont officiellement reconnu ce nouveau pays né sur les cendres de l'ex-république autonome. Parmi ces États réfractaires figurent la Serbie qui n'a jamais accepté l’indépendance, considérant le territoire kosovar comme une région serbe, peuplée en majorité d'Albanais.Ces divergences, jusqu'alors rédhibitoires pour Belgrade, ont longtemps été un frein au réchauffement des relations entre les deux pays, avant qu'une normalisation des rapports soit encouragée, sous la houlette de l'Union Européenne, dès 2011. Rapprochement qui avait pris du plomb dans l'aile en début d'année 2017 lorsqu'un train - sur lequel on pouvait lire des inscriptions nationalistes serbes - avait été envoyé vers le Kosovo avant d'être stoppé à la frontière.Cette réflexion nouvelle des Serbes sur la possibilité de rétablir cette liaison aérienne prend donc des allures de main tendue et peut légitimement inciter à l'espoir quant au dialogue entre les deux pays. Début février déjà, des membres de la minorité serbe de Kosovska Mitrovica (au nord du Kosovo), avaient procédé à la destruction d'un mur de la discorde séparant les deux rives de la rivière Ibar, où se font face les deux communautés serbe et kosovare. L'érection de cette barrière d'une centaine de mètres de long avait provoqué l'ire des autorités kosovares qui voyaient en ce projet un moyen d'attiser les tensions inter-communautaires.