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Jean-Loup Bonnamy : "il n'y a que les Français qui croient au couple franco-allemand"

Alors que Angela Merkel rencontre Emmanuel Macron au Fort de Brégançon, selon Jean-Loup Bonnamy, normalien et spécialiste de géopolitique, il n’y a que la France qui tient au couple franco-allemand. Notre pays en a en effet besoin pour des raisons purement économiques, les priorités géopolitiques des deux pays étant différentes.

Angela Merkel rencontre Emmanuel Macron au Fort de Brégançon le 20 août 2020. © AFP

Jean-Loup Bonnamy était l'invité d'Arthur de Laborde le 20 août 2020 dans "Sud Radio Midi", à retrouver du lundi au vendredi à 12h10.

 

"L’Allemagne n’apporte aucun soutien à la Grèce, qui est pourtant un pays membre de l’Union européenne"

"Le couple franco-allemand, c’est quelque chose qui a vraiment existé dans l’histoire, dans les années 1950, 1960 et 1970. Mais depuis la réunification allemande en 1991, il n’y a que les Français qui croient au couple franco-allemand. Avant on avait une Allemagne où la capitale, Bonn, était à 200 km de Strasbourg. Mais maintenant sa capitale est Berlin, à quelques dizaines de kilomètres de la Pologne. Avec la réunification, le centre de gravité de l’Allemagne a donc basculé vers l’est, et l’Allemagne s’est détournée de la France."

Selon Jean-Loup Bonnamy, le conflit gréco-turc illustre bien cette différence des priorités de la France et de l’Allemagne. "La France est en première ligne pour défendre les Grecs contre l’expansionnisme turc, car la Turquie d’Erdogan est clairement le pays agresseur. L’Allemagne, quant à elle, n’apporte aucun soutien. Elle renvoie dos à dos d’un côté les Français et les Grecs, et de l’autre les Turcs. L’Allemagne n’apporte aucun soutien à la Grèce, qui est pourtant un pays membre de l’Union européenne, qui se fait agresser par un pays non membre, à savoir la Turquie."

"Tout le but du plan de relance était d’empêcher une éventuelle sortie de l’Italie"

Quid du plan de relance européen, n’était-il pas un témoignage de l’unicité des priorités des différents pays européens ? Non, estime Jean-Loup Bonnamy. "Il faut bien comprendre la raison de ce plan de relance. Après le traumatisme du Brexit en 2016, on a eu très peur d’une sortie de l’Italie de l’Union européenne et de l’euro à cause de la crise du Covid-19. Pendant le confinement, en Italie, on a vu les drapeaux européens enlevés et remplacés par des drapeaux russes et chinois, parce que ces pays avaient apporté une aide à l’Italie, alors que les Italiens avaient l’impression qu’ils étaient abandonnés par l’Union européenne. Il y avait un sondage selon lequel plus de 50% des Italiens voulaient quitter l’Union européenne. Tout le but de ce plan de relance était d’empêcher une éventuelle sortie de l’Italie.

Plus le temps passe, plus ça devient problématique. Plus les crises économiques se multiplient, plus la situation devient intenable sans une relance massive pour les pays du Sud. Que les Allemands fassent preuve d’une orthodoxie budgétaire s’ils n’ont pas besoin d’une relance budgétaire massive, je le comprends tout à fait. Mais qu’ils imposent cette orthodoxie à l’Europe, cela devient de plus en plus problématique. Surtout que les Allemands sont bénéficiaires nets de l’euro, cette monnaie les avantage parce que l’euro est plutôt sous-évalué par rapport à ce qui serait le Deutsche Mark. L’industrie allemande est donc soutenue par l’euro, ce qui n’est pas le cas de la France, de l’Italie et de l’Espagne. C’est le cœur du problème."

 

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