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Au procès des membres d'un groupe d'ultradroite anti-musulmans, la défense refuse de parler de terrorisme

"Beaucoup de fantasmes, de conneries", mais pas d'intention terroriste: au procès des membres du groupe d'ultradroite Action des forces opérationnelles (AFO), jugés pour avoir planifié des actions anti-musulmans, la défense a contesté mardi la qualification d'association de malfaiteurs terroriste.

Thomas SAMSON - AFP/Archives

"Beaucoup de fantasmes, de conneries", mais pas d'intention terroriste: au procès des membres du groupe d'ultradroite Action des forces opérationnelles (AFO), jugés pour avoir planifié des actions anti-musulmans, la défense a contesté mardi la qualification d'association de malfaiteurs terroriste.

"On veut faire passer une bande de zozos plutôt sympathiques pour des criminels en puissance", s'exclame Me Fabrice Delinde devant le tribunal.

"Mais est-ce que c'est sérieux? Ils aimaient surtout se retrouver pour des gueuletons une fois par mois, ça ils savaient faire", souligne l'avocat de Philippe G., contre qui le parquet a requis trois ans de prison dont deux avec sursis.

Son client, comme 15 autres personnes, est jugé depuis le 10 juin devant le tribunal correctionnel de Paris pour association de malfaiteurs terroriste et recherches d'armes, avec des implications diverses.

Le ministère public a requis jeudi jusqu'à cinq ans de prison ferme avec des interdictions de port d'armes, l'interdiction d'entrer en contact avec les co-auteurs et l'inscription au Fichier des auteurs d'infractions terroristes (Fijait).

Deux relaxes ont également été évoquées, le parquet estimant les éléments trop faibles concernant deux prévenus.

Ces 13 hommes et trois femmes qui se définissaient comme "patriotes" ont rejoint entre 2017 et 2018 le groupe AFO, une organisation "hiérarchisée et structurée" qui planifiait des "actions violentes concrètes dans des lieux symboliques" de l'islam, selon l'ordonnance des juges d'instruction.

- "Un stade embryonnaire" -

Dans leur réquisitoire, les procureurs de la République avaient rappelé les projets évoqués par le groupe au cours de réunion et par le biais de mails et de notes détaillées. Notamment l'"opération halal" prévoyant de dissimuler les femmes d'AFO sous des niqabs pour empoisonner de la nourriture dans les rayons halal de supermarchés avec du cyanure ou de la mort aux rats.

AFO avait aussi imaginé tuer "200 imams radicalisés" et faire exploser la porte d'une mosquée de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine).

"C'est une logorrhée, ce sont des projets évoqués de manière totalement abstraite. On est à un stade embryonnaire de l'association de malfaiteurs", plaide Me Gabriel Dumenil.

"Les discussions en réunion, aussi répugnantes soient-elles, ne permettent pas de retenir la qualification d'association de malfaiteurs terroriste. C'est beaucoup de fantasmes, de conneries, c'est tout", ajoute l'avocat de Daniel R., contre lequel le parquet a requis la peine la plus lourde.

Évoquant son client, ancien militaire en Afghanistan, victime d'un choc post-traumatique et alcoolique depuis son retour en France, l'avocat n'a pas demandé la relaxe mais une peine prenant notamment en compte son parcours.

Pendant le procès, les prévenus ont tous mentionné le choc et la peur qu'ils ont ressentis après les attentats de 2015 et 2016 en France et leur volonté d'agir pour protéger leur famille.

"Regardez cette Une!", interpelle Me Lucile Collot en montrant un numéro de Valeurs Actuelles daté de juillet 2016, publié après l'attentat de Nice et intitulé: "Détruire les islamistes".

"A côté de ça, le blog animé par AFO, c'est rien!", soutient l'avocate de Guy S., le fondateur et "chef d'état-major" du groupe, demandant au tribunal de remettre les propos de ses membres dans le contexte de la France post-attentats.

"Vous allez dire qu'il était guidé par la haine?" interroge à son tour Me Margaux Durand-Poincloux. "Mais il était guidé par le désarroi, par une peur panique, par ce sentiment que quoiqu'on fasse, on ne pourra pas protéger ses enfants. Et ça, ça crée de la colère", explique l'avocate de Franck G.

Les plaidoiries de la défense doivent se poursuivre mercredi.

Par Céline BRUNEAU / Paris (AFP) / © 2025 AFP

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