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Frédérique Lantieri : "Avant 1985, les agricultrices n'avaient pas de statut"

Par Jean Baptiste Giraud

La réalisatrice Frédérique Lantieri était l’invitée de Christine Bouillot et Gilles Ganzmann sur Sud Radio le 27 février 2024 dans "Sud Radio Média".

Frédérique Lantieri
Frédérique Lantieri, invitée de Christine Bouillot et Gilles Ganzmann dans "Sud Radio Média" sur Sud Radio.

Le 27 février 2024 à 21h10, France 2 diffuse une soirée exceptionnelle : "Femmes de la terre". Frédérique Lantieri a co-écrit ce film avec Edouard Bergeon et Luc Golfin.

 

Frédérique Lantieri : "Les congés maternité pour les agricultrices n’étaient pas les mêmes jusqu’en 2019"

Comme l’explique Frédérique Lantieri, jusqu’à très récemment, les agricultrices n’ont pas eu de statut. "Elles étaient 'sans profession'. Elles bossaient du matin au soir, mais elles étaient 'sans profession'. Même au niveau administratif, on ne pouvait pas être inscrite agricultrice quand on était mariée à un agriculteur. Puis, il y a eu les lois de 1985 et de 1999. Et l’égalité de statut, c’est 2010."

Frédérique Lantieri a-t-elle été personnellement frappée par cet état des choses ? "Je ne m’attendais pas à une telle inégalité. Je ne savais pas que les congés maternité pour les femmes agricultrices et les autres n’étaient pas les mêmes jusqu’en 2019… j’avoue que je suis tombée de ma chaise. Et puis j’ai été assez scotchée devant l’histoire des écoles ménagères : dès l’âge de 13 ans, on les formait à être des bonnes fermières, des bonnes épouses… Je trouve que le sort des femmes, en 50 ans, a beaucoup changé, et heureusement."

 

"Ces parents qui n’ont pas bénéficié de la ferme de leurs parents disent à leurs filles : ‘vas-y’"

Comme raconte Frédérique Lantieri, la reconnaissance des agricultrices s’est faite grâce à leur propre mobilisation. "Les femmes elles-mêmes se sont prises en charge. Avec l’instauration de la TVA, les femmes se sont rencontrées toutes ensemble et ont pris conscience du poids qu’elles avaient au sein d’une ferme. Comme elles faisaient les papiers, elles se sont rendu compte de ce qui rentrait, elles se sont dit : ‘c’est pas possible, on ne peut pas bosser à ce point-là et ne pas exister socialement et économiquement’. Donc, quand elles se sont rencontrées, elles se sont rendu compte que tout le monde pensait à la même chose. Ils se sont dit : il faut absolument qu’on lutte pour nos droits."

La propriété de l’exploitation n’est pas évidente pour les femmes non plus. "La transmission des fermes se fait beaucoup de père en fils, et pas beaucoup de père en fille. C’est peut-être là qu’il y a une toute nouvelle génération. Ces parents qui n’ont pas bénéficié de la ferme de leurs parents disent à leurs filles : ‘vas-y’. Et puis, ce que les jeunes agricultrices veulent montrer, c’est : ‘c’est un métier formidable, venez, vous pouvez le faire’. Il faut savoir que parmi les chefs d’exploitation, il n’y a que 25% de femmes", a raconté Frédérique Lantieri.

Enfin, la possibilité de prendre un congé maternité a contribué à rendre le métier attractif pour les femmes. "Aujourd’hui il y a un système de remplacement. Si vous donnez un congé maternité, mais qu’il n’y a personne pour vous remplacer à la ferme, alors qu’il faut traire et faire la moisson… vous êtes coincée. Ce qui a changé les choses, c’est la mise en place par la MSA de ce système de remplacement."


Retrouvez “L'invité média” de Gilles Ganzmann chaque jour à partir de 10h00 dans “Sud Radio Média” avec Christine Bouillot.

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