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François Jost : "Au moins 25% des mèmes sont pour dire quelque chose de sérieux"

François Jost, sémiologue français, professeur émérite en sciences de l'information et de la communication à l'université Sorbonne-Nouvelle, était l'invité de Valérie Expert et Gilles Ganzmann sur Sud Radio le 3 mai 2022 dans "Le 10h - midi".

François Jost
François Jost, invité de Valérie Expert et Gilles Ganzmann dans "Le 10h - midi" sur Sud Radio.

François Jost publie un nouveau livre, "Est-ce que tu mèmes ? - De la parodie à la pandémie numérique" (CNRS Éditions).

 

François Jost : "Il a y a des mèmes qui soudent la communauté"

Tout d’abord, qui fait les mèmes ? "On les appelle les mèmers. Les mèmers publient beaucoup de mèmes. Il faut vraiment s’y pencher et en faire beaucoup. Il y a des gens qui sont individuels, et puis, il y des gens qui collaborent avec des politiques.

Il y a des mèmes qui soudent la communauté. Les mèmes sont parfois difficiles à comprendre si on n’est pas dans la communauté. Il y a même des mèmes pour les jihadistes, et comme ça, ils forment une communauté. La plupart des mèmes, au moins 50%, c’est pour rire. Mais il en y a aussi au moins 25% qui sont pour dire quelque chose de sérieux", a expliqué François Jost.

 


Et le mot lui-même ? "C’est un biologiste qui a inventé le mot mème, par ressemblance avec 'mimesis' en grec, à savoir tout ce qui ressemble. En partant de l’idée que dans la culture, il y a des éléments qui se transmettent par imitation. Il a forgé mème par analogie avec 'gêne'".

"La parodie sous toutes ses formes, ça nous amuse"

Les mèmes, est-ce un phénomène qui va rester ? Et peut-il avoir un côté obscur ? "Il y a du pour et du contre. Certaines personnes trouvent cela drôle et sympathique, d’autres trouvent les mèmes ridicules. En effet, des personnages ont été ridiculisés : on se souvient de ce pauvre garçon, Ghyslain, qui joue avec un sabre laser, qui est en réalité un truc pour ramasser des balles de golf, et qui se casse la gueule. Il a été moqué mondialement. Et ce garçon a terminé dans un service psychiatrique.

 


Il y a aussi Bad Luck Brian, c’est un garçon qui avait fait une photo pour son école avec un sourire totalement idiot, pour s’amuser. Un copain l’a fait circuler sur Internet. Sur cette photo, il a l’air complètement crétin. Ce mème a servi pour dire qu’on est malchanceux. Quoi qu’il en soit, les mèmers cherchent à faire rire et non pas à faire des œuvres d’art", a raconté François Jost.

 


L’intérêt des gens pour les mèmes, va-t-il perdurer ? "Je suis certain que ça va perdurer. La parodie sous toutes ses formes, ça nous amuse parce que ça joue avec un certain savoir. Ce n’est pas qu’il n’y a pas de culture, il y a au contraire beaucoup de culture. Il faut partager le patrimoine, sinon vous ne comprenez rien", a répondu François Jost.

 


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