Le magazine Zèbre est dédié à la neuro-diversité.
Céline Lis-Raous : "Les neuro-atypiques, c'est 16% de la population"
Le magazine Zèbre a trouvé son public. "Ça marche bien, on a la chance d'avoir cette semaine notre 1.000ème abonné. Mille abonnés, c'est pas beaucoup pour les grands journaux, mais pour nous, qui commençons, 1.000 abonnés en moins d'un an, c'est beaucoup. Ça montre aussi qu'on a la confiance des parents. Et ça, c'est vraiment important", confie Céline Lis-Raous.
Comme l'explique Céline Lis-Raous, les gens neuro-atypiques sont plus nombreux qu'on ne le pense. "Les gens qui sont neuro-atypiques, c'est-à-dire qui ne sont pas exactement dans la norme, ça représente 16% de la population. Si vous ajoutez tous les dyslexiques, dyspraxiques et dysorthographiques, les gens avec un TDAH (trouble déficit de l'attention avec hyperactivité), les personnes autistes… les neuro-atypiques, c'est 16% de la population, c'est pas deux personnes, c'est plus de 10 millions de personnes en France. Ça veut dire que la question qu'on peut se poser, c'est : 'est-ce que la norme n'est pas un peu étroite, un peu étriquée' ? Est-ce que le vrai enjeu ne serait pas de faire que tous ces gens-là ne soient plus neuro-atypiques, mais se dire : 'finalement, la norme est peut-être trop étroite, il faudrait l'élargir'."
Y a-t-il une différence entre maladie et trouble ? "Le trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité, c'est un trouble du neuro-développement, c'est donc biologique. Très longtemps, on a dit : 'c'est des enfants mal élevés'. Non, ça n'a rien à voir avec la manière d'élever les enfants. Un gamin avec un TDAH ou un adulte avec un TDAH, c'est une personne qui est faite comme ça. C'est comme le dyslexique : ce n'est pas qu'il ne fait pas d'efforts, il ne voit pas les lettres comme vous. Donc, le TDAH, c'est une neuro-atypie, et vous naissez comme ça."
"Être autiste, c'est une manière d'être, c'est ni une maladie ni un trouble"
Pourquoi a-t-on le sentiment qu'il y a plus de gens neuro-atypiques aujourd'hui ? "Il n'y en a pas plus aujourd'hui. Aujourd'hui, on demande aux gens de rester de plus en plus statiques. Il y a trois siècles, on ne demandait pas aux enfants de rester les fesses sur une chaise de 8 heures à 18h30. Et par ailleurs, aujourd'hui, on commence à diagnostiquer. Avant, dans notre génération, on disait : 'Il est mal élevé, il bouge tout le temps, il est épuisant'. On ne se posait pas la question de savoir pourquoi, tout comme les dyslexiques : ils n'arrivaient pas à lire au tableau, ils ne faisaient pas d'efforts. Personne ne se disait : 'ce gamin ne lit pas parce qu'il ne peut pas lire'. Donc, aujourd'hui, on a fait de gros efforts dans le diagnostic, et ça n'a rien à voir avec quelque chose à la mode ou quelque chose d'éducationnel", a expliqué Céline Lis-Raous.
Céline Lis-Raous rappelle qu'un trouble, ça ne se guérit pas. "Quand vous êtes dyslexique, vous pouvez faire de la remédiation, mais globalement, vous serez dyslexique tout votre vie. Quand vous avez un TDAH, vous serez TDAH toute votre vie. Et quand vous êtes autiste, qui n'est pas un trouble, c'est une manière d'être, c'est ni une maladie ni un trouble… vous êtes autiste, point. Donc la notion de maladie, c'est quelque chose qui est réversible et dont on peut guérir. Là, ce n'est pas une maladie, on ne peut pas en guérir. Ce sont des êtres humains qui font partie de la diversité de l'humanité. On accepte d'être divers physiquement : il y a des petits, il y a des grands, il y a des gens de toutes les couleurs… En revanche, la diversité mentale, on la voit comme quelque chose de maladif, c'est absurde."
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