"Je voterai contre la suspension de la réforme des retraites" : au micro de Sud Radio, Karl Olive, député Renaissance des Yvelines, a répondu aux questions de Jean-François Achilli.
"Mon premier message, c’est la restructuration des dépenses publiques avant toute taxation"
Jean-François Achili : Ce sont les socialistes qui mènent désormais la politique du gouvernement ?
Karl Olive : "Moi, j’aimerais qu’ils soient un tout petit peu moins suffisants, mais c’est pas péjoratif. Le fait de mettre des ultimatums — “si on n’a pas de réponse lundi, on censure”, “si on n’a pas de réponse en fin de semaine, on censure”… chacun est dans sa posture : les socialistes, le bloc central, le Rassemblement national. On brandit souvent la menace de la dissolution, mais personne n’est favorable à la dissolution. Donc arrêtons de menacer de dissolution, et si jamais on doit vraiment la craindre, allons à la dissolution et retournons aux urnes."
Je reprends vos mots sur X : vous avez posé une question, “est-ce que le Parti socialiste peut arrêter de faire le faux-cul première langue dans ce pays ?” Le PS menace sans cesse de censurer. Vous leur dites : “censurez, on va aux élections et vous ne la ramènerez plus. Chiche". Vous y allez !
"Vous savez, moi je viens du sport. Dans le sport, on est imbibé aux règles du jeu : on dit les choses, on respecte l’adversaire. Et si on peut gagner 6-0, on met 6-0 à l’adversaire, mais on ne fait pas de chantage. Moi, je respecte les socialistes. J’ai échangé avec M. Hollande la semaine dernière par exemple. Mais je n’aime pas le chantage. Les Français n’aiment pas le chantage. Il faut avoir de la mémoire, Jean-François. Lors des dernières législatives, ça a été une débâcle, oui, pour le bloc central, mais pas seulement : les socialistes aussi ont essuyé de gros échecs. Typiquement, M. Vallaud doit sa réélection au fait que le collègue de Renaissance ne s’est pas maintenu au second tour."
Qu’est-ce que ça dit du climat entre vous, les soutiens d’Emmanuel Macron, et ce Parti socialiste qui veut pousser la taxe “Zucman light” ?
"Ça ne dit rien du tout par rapport à la proximité avec le président Macron. Ça dit l’état d’esprit de cette Ve République et ce qui se passe au sein même de l’Assemblée. Moi, je viens d’une droite sociale, populaire et humaniste, avec des valeurs de travail, de réciprocité entre les droits et les devoirs. Mon premier message, c’est la restructuration des dépenses publiques avant toute taxation. Là encore, on le voit : on a l’impression que c’est la liste au Père Noël, celui qui va inventer la plus grande taxe. On va droit dans le mur avec ça."
.@KARLOLIVE (@Renaissance) : "Il n'y a pas de taxe #Zucman light, zéro ou sans sucre ! Il n'y aura pas de Zucman !" #GrandMatinhttps://t.co/hCrcZOn4KG pic.twitter.com/gugkmUNP5X
— Sud Radio (@SudRadio) October 28, 2025
"Je vais voter contre la suspension de la réforme des retraites"
Vous voulez réformer le système, pas forcément augmenter les impôts. Pourtant, le gouvernement accepte de surtaxer les bénéfices des entreprises, de 4 à 6 milliards. Vous avez voté contre ?
"J’ai voté contre. Et une partie de mes collègues, ou même une majorité, se sont abstenus ou ont voté contre. Ce n’est pas le budget de Sébastien Lecornu, c’est le budget des parlementaires. C’est le budget de la France."
Mais vous soutenez votre Premier ministre quand même ?
"Ah mais moi, je soutiens Sébastien Lecornu. Et heureusement qu’on a un Sébastien Lecornu à la tête du gouvernement : quelqu’un qui a été maire, président de conseil départemental, ministre sans discontinuer, et qui sait parler à tout le monde. Mais on n’est pas des bénis-oui-oui, Jean-François. Vous me voyez, moi, qui défends depuis toujours la réciprocité entre les droits et les devoirs, essaie d'être un bon père de famille à la tête de Poissy et comme député, aller demain voter pour l’ouverture des vannes ? On parlera peut-être des retraites : je vais voter contre la suspension de la réforme des retraites."
Parce qu’il faut trouver 1,4 milliard pour financer le report ?
"Et même au-delà ! Vous imaginez ? Pendant deux ans, on a expliqué que cette réforme était indispensable. Elle fait partie du programme présidentiel, comme l’avaient proposé à juste titre Les Républicains. Le départ à la retraite est à 64 aujourd’hui, au forceps. Dans toute l’Europe, c’est entre 65 et 67 ans. Pendant un an, sur tous les marchés de ma circonscription, j’ai expliqué pourquoi cette réforme était nécessaire. Et aujourd’hui, en une décision, un vendredi, on dit : “on oublie la réforme des retraites.” Non. Je veux bien le compromis, pas la compromission."
Mais Emmanuel Macron est forcément derrière cette décision de report. Sans lui, ça n’existe pas.
"Je soutiens Emmanuel Macron, j’ai des désaccords avec lui, mais je suis loyal. Ce ne sont pas des cailloux dans la chaussure, ce sont des valeurs. Mais le président n’est pas derrière chacun des 577 parlementaires pour leur dire quoi faire. Chacun prend ses responsabilités. Moi, je prendrai les miennes, comme d’autres collègues. Sur ce point, je rejoins la position des Républicains. J’ai entendu M. Wauquiez parler de la défiscalisation des pourboires, des heures supplémentaires : évidemment que je soutiens cela. Il faut valoriser la valeur travail, sinon plus personne n’aura intérêt à travailler."
"Il faut de la stabilité institutionnelle"
Et ici, vous n’avez pas envie de “renverser le logiciel” ?
"Notre priorité, c’est d’être pragmatiques. Faire simple plutôt que compliqué, arrêter d’emmerder les Français. Vous voulez des économies ? Mettez du sport dans le temps de travail des agents territoriaux : à Poissy, un euro investi, c’est treize euros d’économie. Écoutons les Français et les maires. Aujourd’hui, il reste 2 800 amendements à examiner, vingt à l’heure : on dirait la tortue avec le frein à main. Si on n’arrive pas au bout, soit on obtient un délai, soit la copie repart au Sénat."
Vous n’en avez pas marre de tout ce bazar ? Édouard Philippe demande la démission du chef de l’État…
"Ce n’est pas mon vœu. Il faut de la stabilité institutionnelle. Je partage la position d’Édouard Philippe sur la réforme des retraites, qui est indispensable. Et non, je n’en ai pas marre. J’aime mon pays, et je veux qu’il s’en sorte. Je ne veux pas donner raison à ceux qui veulent le chaos."
Vous parlez de la France insoumise ?
"Oui, on le voit bien. Dès qu’ils peuvent pondre une idée ou faire quelque chose hors des clous… Regardez : deux députés LFI ont voulu visiter Nicolas Sarkozy à la prison de la Santé. Ce n’était pas pour prendre de ses nouvelles !"
Émeutes de 2005 : "Les propos de @ErsiliaSoudais et @ManonAubryFr sont insupportables ! (...) Heureusement que nous avons la police en France... Ils tiennent le pays et sont des catalyseurs de la paix sociale !" selon @KARLOLIVE (@Renaissance) #GrandMatinhttps://t.co/QKa5Efuc2W pic.twitter.com/SAs1kkpD2q
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Ce budget, va-t-il tenir ?
"Oui, je pense qu’on va s’en sortir. Nous avons des élus responsables. Il faut rester dans la justice et la justesse sociale. Et surtout, il faut que les Français aient intérêt à aller travailler plutôt qu’à rester chez eux."
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