L'élection du Pape Léon XIV, la guerre en Ukraine, l'alliance Russie-Chine, le conflit Inde-Pakistan... Renaud Girard a répondu aux questions de Benjamin Glaise.
Élection du Pape Léon XIV : "L’Église poursuit son ouverture au monde"
Jeudi 8 mai 2025, le cardinal Robert Francis Prevost a été élu 267e pape, et a pris le nom de Léon XIV. C’est la première fois qu’un Américain est élu à la tête de l’Église. Une élection qui a surpris : le cardinal n’était pas parmi les favoris mais il n’aurait fallu que quatre scrutins pour l’élire. "Une élection assez rapide", confirme Renaud Girard, géopoliticien, grand reporter et chroniqueur international au Figaro. "L’Église poursuit son ouverture au monde", explique-t-il rappelant que les derniers Papes ont été Polonais, Allemand et Argentin. "On pouvait attendre effectivement un Pape africain, ou un Pape d’Amérique". "C’est un choix très intéressant. Surtout qu’il ait pris le nom de Léon XIV" s’inscrivant ainsi "dans la tradition de Léon XIII" qui était très proche des plus humbles.
Est-ce que Léon XIV sera en mesure de relever les défis qui attendent l’Église, et notamment la déchristianisation du Vieux Continent et les conflits internes de l’Église ? "On n’en sait rien. On ne peut juger les grands chefs que sur leurs actes." Or, le nouveau Pape n’a pas encore fait de discours.
Russie : Vladimir Poutine "est en train de commettre une erreur stratégique historique de ne pas accepter l’occasion en or qui lui était offerte"
Le journaliste du Figaro n’oublie pas que le Pape aura un rôle dans la paix dans le monde, et notamment dans la paix en Ukraine, alors que les deux pays sont chrétiens. La paix, au centre de sa première apparition publique et même de sa première phrase prononcée, pourrait être centrale dans son pontificat. Or, "la médiation proposée par Trump" entre l’Ukraine et la Russie "ne semble pas marcher, à cause de Vladimir Poutine", souligne Renaud Girard qui juge que le Président russe "traîne les pieds". Alors que l'Ukraine a accepté un cessez-le-feu de 30 jours, la Russie n'a toujours pas accepté.
"J’'ai l’impression qu’il est en train de commettre une erreur stratégique historique de ne pas accepter l’occasion en or qui lui était offerte de se tirer en fait la chemise sèche de cette très mauvaise aventure" qu’a été l’échec de l’invasion de l’Ukraine. Or, cette occasion aurait permis à Vladimir Poutine de "normaliser" les relations avec les États-Unis qui eux ne veulent que faire du "business" avec la Russie. Et la Russie aussi a besoin des États-Unis. "On a l’impression qu’il est train de lâcher tout ça pour entrer dans les mâchoires chinoises", explique le géopoliticien.
Une alliance entre la Russie et la Chine ? "C’est un partenariat avec des gens beaucoup plus puissants, en tout cas économiquement"
D’ailleurs, le président chinois Xi Jiping est à Moscou à l’occasion du 80e anniversaire de la victoire de l’URSS sur l’Allemagne nazie, ce vendredi 9 mai 2025. Pour autant, et malgré une cérémonie impressionnante, Renaud Girard estime que la Russie ne pourrait pas être gagnante. "C’est un partenariat avec des gens beaucoup plus puissants, en tout cas économiquement."
Et ce d’autant plus que "la Chine ne soutient pas l’invasion du Dombass, de l’Ukraine. La Chine n’a pas reconnu, par exemple, l’annexion de la Crimée en 2014." Pour le grand reporter, c’est simple : "la Chine défend la position de l’ONU et l’intégrité territoriale de l’Ukraine". Toutefois, il y a une "amitié très forte" entre la Chine et la Russie basée "sur un refus de ce qu’ils appellent l’hégémonie occidentale".
"Pour vraiment garantir une paix entre l’Inde et le Pakistan, le retour à la normale, il faudrait vraiment une implication de la diplomatie américaine"
Autre guerre qui reprend : le conflit entre le Pakistan et l’Inde, deux puissances nucléaires. Des bombardements indiens ont eu lieu au Pakistan en réponse à l’attaque terroriste dans le Kashmir. Et le Pakistan a répondu à son tour par des tirs d’artillerie. "On est toujours sur un dossier qui date de 1947", rappelle le journaliste. "C’est le partage du Kashmir, depuis le départ." Un partage issu de la fin de l’empire indien britannique et qui a été fait sans réelle concertation, ce qui a créé des conflits. Depuis des années "c’est le même scénario", avec un attentat terroriste et des représailles.
Pour Renaud Girard, les seuls en mesure de calmer les tensions, ce sont les Américains, comme ils l’ont déjà fait. "En mettant une pression maximum à l’égard du Pakistan" dont les Américains sont "les parrains" et en faisant jouer les "bonnes relations" avec l’Inde. "Pour vraiment garantir une paix entre l’Inde et le Pakistan, le retour à la normale, il faudrait vraiment une implication de la diplomatie américaine."
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