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François Bayrou devant la commission d'enquête Bétharram : Boris Vallaud dénonce "une énorme entreprise d'enfumage"

Par Aurélie Giraud

Boris Vallaud, député des Landes, président du groupe PS à l'Assemblée nationale et candidat au poste de Premier secrétaire du PS, était “L’invité politique” sur Sud Radio.

Boris Vallaud François Bayrou
Boris Vallaud interviewé par Maxime lledo sur Sud Radio, le 15 mai 2025, dans “L’invité politique”.

Affaire Bétharram, audition de François Bayrou par la commission d'enquête, élection à la tête du PS, territoires oubliés, A69, ArcelorMittal : Boris Vallaud a répondu aux questions de Maxime lledo.

François Bayrou devant la commission d'enquête Bétharram : "J’ai eu le sentiment d’une énorme entreprise d’enfumage"

Interrogé sur l’audition de François Bayrou devant la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Bétharram, Boris Vallaud, député socialiste des Landes et président du groupe PS à l’Assemblée nationale, n’a pas mâché ses mots : "J’ai eu le sentiment, au fond, d’une énorme entreprise d’enfumage". Il reproche à l’ancien Haut-Commissaire au Plan d’avoir esquivé les questions essentielles. "Ce qu’on attendait, c’était la vérité, la compréhension des choses".

"Comment un responsable politique peut, comme il le prétend, ne pas avoir été au courant de ce qui s’est passé ?" s’interroge Boris Vallaud. Le député souligne le contraste entre les dénégations de François Bayrou et "les témoignages entendus devant la commission". Si la commission établit qu’il y a eu des mensonges, "François Bayrou ne serait pas en situation de continuer d’être Premier ministre". Il appelle surtout à "ne jamais perdre de vue la question des victimes".

"Au PS, ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous sépare"

Boris Vallaud est qualifié par certains de "troisième homme" dans la course à la tête du Parti socialiste. Mais le député se défend de n’être là que pour la figuration. "Ce n’est pas un petit tour pour se faire plaisir" tient-il à préciser. Il revendique un autre chemin que "la confrontation stérile" et plaide pour un PS rassemblé autour d’un "collectif de travail". "Au PS, ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous sépare" assure-t-il.

Il se veut le candidat d’une gauche utile, enracinée et diverse. "Ça n’est pas la même chose d’être élu du centre-ville de Paris, de la campagne comme je le suis, ou d’un territoire de montagne". Pour lui, le rôle du PS est de s’adresser aux classes populaires et moyennes, à ceux qui "n’ont que leur force de travail pour vivre". Et d’ajouter : "Je regarde l’état du pays. Nous pensions que la démocratie était menacée à ses marges. Elle est menacée en son centre".

"Tous les aspects de notre vie sont devenus des marchandises, de la naissance à la mort"

Défenseur d’une "démarchandisation", Boris Vallaud dénonce une société où "tous les aspects de notre vie sont saisis par une logique marchande". "De la naissance, la petite enfance jusqu'au grand âge, jusqu'aux obsèques. Tout est devenu marchandise. Nous sommes devenus marchandises. Nos corps, nos données personnelles sont devenues marchandises". Il prend en exemple la privatisation rampante des services publics, notamment les EHPAD (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) et les crèches.

Dans son département des Landes, "il n’y a pas d’EHPAD à but lucratif" affirme-t-il. "Le taux d’encadrement par résident est de 0,8", contre 0,5 lors du scandale Orpea. Pour lui, ce modèle devrait inspirer les politiques nationales : "Je ne veux pas que la vieillesse soit une marchandise". Il défend aussi la "réappropriation" de biens communs, citant une baisse de 30% du prix de l’eau après une remunicipalisation locale.

"Le PS ne sous-estime pas la poussée du RN dans les territoires"

Boris Vallaud récuse toute forme de déni face à la montée du Rassemblement national dans la "diagonale du vide". "Ce n’est pas le cas de mon parti. En tout cas, ce n’est plus le cas", affirme le député socialiste des Landes. Il dit comprendre le sentiment d’abandon exprimé par certains électeurs. Mais souligne que la gauche peut encore convaincre, à condition d’agir concrètement dans les territoires.

Il cite en exemple son département, avec la gratuité du transport scolaire ou la distribution d’ordinateurs aux collégiens, "pour que cela ne soit pas discriminant". Pour lui, les politiques socialistes ancrées localement montrent leur efficacité. "La République ne passe plus par chez nous", lui disent certains habitants, preuve que les inégalités territoriales doivent être traitées comme une urgence démocratique.

"Oui, nos territoires ruraux doivent être une préoccupation première"

Boris Vallaud insiste sur les inégalités d’accès aux soins dans les campagnes. "Il y a des départements où certaines spécialités médicales n’existent plus", alerte-t-il. Avec Guillaume Garot, il propose une loi transpartisane pour réguler l’installation des médecins, comme cela existe déjà pour les pharmaciens ou les infirmiers.

Il rappelle que "l’espérance de vie est aujourd’hui plus basse dans les zones rurales que dans les métropoles", un écart qu’il qualifie de "scandale absolu". Le député socialiste plaide pour une politique de santé ambitieuse, fondée sur l’égalité réelle entre les territoires. "Il faut se battre à toute force", affirme-t-il.

"Je préfère des droits pour tous, plutôt que des allocations pour certains"

Sur la question sociale, Boris Vallaud défend une vision inclusive. Il veut mettre fin au sentiment d’injustice des travailleurs modestes : "Il y a des gens qui bossent beaucoup et qui ont le sentiment de n’avoir droit à rien".

Pour y répondre, il propose de sortir d’une logique de ciblage : "Je plaide pour l’universalité des aides". Selon lui, un système de droits ouverts à tous garantit plus de justice sociale. "Des droits pour tous, plutôt que des allocations pour certains", résume-t-il, en écho aux principes fondateurs de la sécurité sociale.

"Emmanuel Macron est hypocrite ! À chaque fois qu'il a baissé les cotisations sociales, il l'a compensé par la TVA !"

Boris Vallaud accuse Emmanuel Macron de double discours en matière fiscale. "À chaque fois qu’il a baissé les cotisations sociales, il l’a compensé par la TVA", dénonce le président du groupe socialiste. Selon lui, cette stratégie masque une réalité injuste : "Il y a 50 milliards de TVA qui sont déjà venus compenser les baisses de cotisations".

Boris Vallaud rappelle que la TVA est un impôt non progressif, qui touche plus lourdement les foyers modestes. "La TVA est anti-redistributive", insiste-t-il, fustigeant "l’hypocrisie" d’un président qui prétend soutenir le pouvoir d’achat tout en creusant les inégalités. "Le taux d’effort fiscal d’un milliardaire est inférieur à celui qui est dans la première tranche de l’impôt", martèle-t-il, appelant à une réforme fiscale plus juste.

A69 : "Un certain nombre de projets structurants, une fois qu’ils ont été débattus démocratiquement, doivent pouvoir se dérouler"

Interrogé sur le chantier controversé de l’autoroute A69, Boris Vallaud attend de pouvoir consulter les derniers éléments juridiques. Notamment l’avis du Conseil d’État, mais défend un principe général. "Un certain nombre de projets structurants, une fois qu’ils ont été débattus démocratiquement, doivent pouvoir se dérouler". "Il y a un débat parlementaire que je veux écouter et auquel je veux participer".

Il appelle à un débat de fond sur l’avenir des grands projets d’infrastructure, à la lumière des enjeux sociaux, économiques et environnementaux. Évoquant la LGV Bordeaux-Hendaye dans son département, il rappelle que "ces investissements sont attendus depuis longtemps". Pour lui, les territoires doivent rester connectés et accessibles.

Louer des places de prison à l’étranger : "C’est une idée absurde"

Boris Vallaud rejette catégoriquement la proposition de louer des places de prison à l’étranger, défendue notamment par Robert Ménard. "C’est une idée absurde", tranche-t-il. "On ne sous-traite pas la gestion de notre justice !"

Il appelle au contraire à construire des établissements pénitentiaires en France et à renforcer les moyens des forces de l’ordre et de la justice. "Certaines brigades de gendarmerie ont des conditions de travail déplorables", souligne-t-il. Boris Vallaud plaide pour des "casernes neuves, des véhicules neufs, et plus d’effectifs". Pour lui, la sécurité est "un droit premier" sur tout le territoire.

ArcelorMittal : "Si notre souveraineté dépend de la nationalisation, oui, il faudra nationaliser !"

Boris Vallaud revient sur le dossier ArcelorMittal et la situation des salariés du site de Dunkerque. "Ce sont des hommes et des femmes qui ont consacré toute une vie, parfois leurs parents avant eux, à une entreprise", rappelle-t-il. Le député souligne leur rôle dans la réussite industrielle du groupe. Il déplore que ces travailleurs soient "considérés comme des variables d’ajustement dans une mondialisation déloyale".

Face à la position du président de la République, qui a écarté toute nationalisation, Boris Vallaud prévient : "Si notre souveraineté dépend de la nationalisation, notre souveraineté sur l’acier européen en dépend, oui, il faudra nationaliser. Et Macron ne pourra pas esquiver". Il propose que l’État place immédiatement l’entreprise "sous tutelle pour qu'ArcelorMittal tienne ses engagements".

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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