Un reportage de Clément Bargain pour Sud Radio.
Éric Dupond-Moretti est désormais Garde des Sceaux. Parmi les dossiers qu’il va devoir traiter, la lenteur des procédures fait figure de priorité. Plus de neuf Français sur dix estiment que la justice de notre pays n’est pas assez rapide. Dans les tribunaux, les justiciables comme les avocats en appelent à une révolution du système judiciaire sur ce plan-là.
Dans le couloir de ce palais de justice, Alain fait les cent pas. Depuis plus de trois ans, il attendait ce jour-là, celui de son procès. "L'impression que cela me donne, c'est la lenteur de la justice pour traiter les dossiers", résume-t-il.
Une justice qui traîne, c'est également ce que dénoncent les avocats, à l'image de Julia Llamova, avocate au barreau de Paris.
"La lenteur, ce ne sont pas que les justiciables qui en pâtissent, mais les avocats aussi. On a des dossiers qui sont en état et qui ne seront audiencés qu'en 2022. Parce qu'il n'y a pas assez de moyens, de magistrats pou traiter les dossiers".
Une attente pesante pour les parties civiles, livrées à elles-mêmes
Qui plus est, attendre des années pour qu'un procès aboutisse n'est pas sans conséquences. Ce peut être moralement épuisant, comme ce fut le cas pour Elena.
"Ce qui m'a choquée, c'est mon accompagnement psychologique. J'ai eu une audience au tribunal, d'un côté ça m'a libéré au niveau de la parole mais tout ce qui est avant le procès, je suis démunie ! On me dit "oui, appelez la psychologue de votre arrondissement". Mais elle ne répond jamais. Ça fait plusieurs fois que les policiers viennent à la maison, qu'il y a des violences familiales, j'ai besoin d'aide, mais elle ne répond pas."
Selon les dernières statistiques fournies par la Chancellerie elle-même, la durée moyenne entre l'ouverture d'une information judiciaire et le renvoi d'un accusé devant la Cour d'assises, est de deux ans et demi.