Le dossier de l'Hôtel du Palais de Biarritz n'est pas clos. C'est Nathalie Motsch qui l'assure. Adjointe à l'urbanisme de la ville de Biarritz, elle vient d'annoncer qu'elle attaque en justice deux délibérations du conseil municipal pour excès de pouvoir.
Le 15 octobre dernier, les élus biarrots ont voté le transfert du fonds de commerce de l'Hôtel du Palais, ce palace de bord de mer, à la Socomix, société d'économie mixte qui en est le gestionnaire. Le 30 juillet dernier, c'était le fonds de commerce qui lui était transféré. La Socomix est certes encore contrôlée par la ville, actionnaire majoritaire à 54 %, mais cette dernière délibération acte l'entrée au capital de JCDecaux Holding qui, en investissant 15 millions d'euros, obtient une minorité de blocage au conseil d'administration.
85 millions d'euros, soit 4 ans de chiffre d'affaires !
Une situation "intolérable" pour Nathalie Motsch, qui dénonce une perte de contrôle de la ville et un endettement "pharaonique" pour financer des travaux, notamment en vue du G7 qui doit se tenir à Biarritz en août prochain.
"Il a bon dos le G7 ! Il ne justifie pas des sommes aussi pharaoniques", lance l'élue. Car les sommes avancées sont désormais de 85 millions d'euros de travaux, soit l'équivalent de 4 années de chiffre d'affaires.
Une somme bien au-delà des finances de la commune, qui a décidé d'emprunter auprès des banques et, donc, de se tourner vers un investisseur privé, JCDecaux. La crainte de Nathalie Motsch ? Que la ville n'ait pas les moyens d'éponger cette dette et n'ait plus qu'un recours, demander à JCDecaux de réinjecter de l'argent au capital de la Socomix, devenant actionnaire majoritaire et ainsi propriétaire du palace à un prix dérisoire. "La Socomix aura des charges nouvelles, explique-t-elle. Elle devra payer la redevance de 920 000 euros à la ville, un pourcentage du chiffre d'affaires à Hyatt et les dividendes à verser à JCDecaux. Tout est fait pour étouffer la Socomix !"
Le maire et son 1er adjoint parlent de "mensonges"
Plus que cette privatisation, c'est "la présentation insincère" du montage qui a été faite par le premier adjoint aux finances, Guy Lafite, qui est dans le viseur de l'élue, premier adjoint qu'elle qualifie de "chef d'orchestre" de ce montage financier :"En 2027, il faudra renégocier une dette qui sera encore de 45 millions d'euros. Ce n'est pas un cadeau que l'on fait à nos successeurs. Surtout, l'emprunt s'est fait à un taux variable. C'est une situation irresponsable !"
Déjà visés par un recours pour excès de pouvoir déposé par un autre élu municipal, François Amigorena et après la démission d'une conseillère municipale, Virginie Lannevère, le tandem exécutif local, Michel Veunac et Guy Lafite, ont annoncé la semaine dernière la signature des prêts bancaires. En avant toute, donc ! Les travaux peuvent commencer dans un établissement qui a cessé de fonctionner le 17 octobre dernier pour entrer dans une première phase de rénovation jusqu'à l'été prochain.
Le maire, comme son premier adjoint, ont dénoncé les "mensonges" de François Amigorena et reconnu que son action en justice avait provoqué "quelques ajustements à la marge" dans le deal avec les banques, à savoir la fin des intérêts dégressifs, mais un taux d'intérêt fixe jusqu'à ce que l'action en justice soit purgée.
Les recours déposés par Nathalie Motsch ajoutent une nouvelle procédure judiciaire à la situation, déjà explosive. Pour autant, l'adjointe ne prévoit pas de quitter sa délégation : "Je suis capable de travailler dans le cadre d'une cohabitation. Je n'ai pas de raison de renoncer à cette délégation passionnante à cause d'un désaccord à un instant T."
Inquiète de voir un jour le palace passer totalement sous pavillon privé et pour un prix dérisoire, Nathalie Motsch n'entend pas lâcher. Et ce dossier n'est pas près d'arrêter d'agiter les débats.