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Après l'attaque au couteau à Ajaccio, la question de l'insécurité revient sur le devant de la scène

"On a le sentiment que les délinquants n'ont plus peur ni de la police ni des gendarmes, ni de la justice", a estimé sur Sud Radio Bruno Bartocetti, responsable de la zone Sud du syndicat Unité SGP Police-FO.

Maureen COFFLARD - AFP

Le samedi 20 décembre 2025, en plein cœur d’Ajaccio (Corse-du-Sud), un homme de 26 ans armé d’un couteau a été mortellement touché par des tirs de policiers, après avoir menacé des passants et commerçants sur le cours Napoléon vers midi dans une zone très fréquentée du centre-ville.

Ajaccio : un drame en plein centre-ville soulève de nouvelles questions de sécurité

Selon le parquet d’Ajaccio, la police a d’abord tenté de neutraliser l’individu avec un pistolet à impulsion électrique, sans succès, avant qu’un agent ne fasse usage de son arme à feu à plusieurs reprises. L’homme, identifié comme Mouhamed Gueye, titulaire d’un visa étudiant et de nationalité sénégalaise, est décédé sur place. La piste terroriste a été écartée par le procureur, et une enquête pour homicide volontaire a été ouverte, tandis qu’une seconde procédure vise l’assaillant pour "tentative d’homicide aggravé" en raison des menaces proférées. Face à cet événement, le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez a demandé aux préfets de renforcer les patrouilles de voie publique, rappelant que "notre vigilance est maximale en cette période de fin d’année".

Une situation qui s’inscrit dans un contexte statistique contrasté

Les dernières données officielles du ministère de l’Intérieur sur la délinquance en France montrent une dynamique ambivalente : parmi les 14 principaux indicateurs de crimes et délits (hors homicides), 7 sont en baisse en novembre 2025, tandis que 5 sont en hausse et 2 stables. Les vols avec armes et les violences physiques hors cadre familial figurent parmi les catégories en augmentation sur les trois derniers mois, signalant un regain de certaines formes de criminalité.

"La police n’inspire plus la peur" : entre inquiétude, expériences locales et propositions politiques

Face aux violences de rue, aux points de deal et aux interventions armées comme à Ajaccio, policiers, élus et citoyens expriment depuis plusieurs semaines des diagnostics parfois convergents, souvent critiques, sur l’efficacité des politiques de sécurité. Pour Bruno Bartocetti, responsable de la zone Sud du syndicat Unité SGP Police-FO, l’absence de peur est révélatrice d’un problème politique. "On a le sentiment que les délinquants n'ont plus peur ni de la police ni des gendarmes, ni de la justice. C'est un problème de décisions politiques. Quand on n'a pas peur de sa police en France, lorsqu'on les considère comme des adversaires, comment voulez-vous qu'on se comporte dans une société face à une personne vulnérable que l'on pourrait dépouiller de son argent ou de ses bijoux ?", s'interroge-t-il au micro de Sud Radio.

Il illustre son propos par une observation du quotidien : "Dans les années 80, le policier rentrait chez lui en tenue, seul. Aujourd'hui, vous imaginez un policier rentrer seul en tenue chez lui ? Il se fait lui-même agresser…".

À Clermont-Ferrand, un pharmacien témoigne d’un point de deal reconquis grâce à la police

L'insécurité touche toutes les agglomérations et territoires. Dans le centre-ville de Clermont-Ferrand, la présence policière a transformé un espace jusque-là contrôlé par des trafiquants en un lieu retrouvé pour les habitants. Xavier Gibold, pharmacien près de la gare, raconte au micro de Sud Radio : "On a eu depuis le début de l'année cinq règlements de comptes et cinq décès coup sur coup, juste à côté de la gare. Ils ont pris possession d'un quartier entier. On n'a pas forcément besoin que les policiers restent en permanence. Mais pour les points de deal qui sont trop installés, c'est la solution".

À Nîmes, un couvre-feu municipal pour lutter contre les trafiquants

La ville de Nîmes a elle aussi fait face à une situation d'insécurité gravissime à l'été 2025. Au micro de Sud Radio, Richard Schieven, adjoint au maire de Nîmes en charge de la sécurité, met en avant une autre approche : "Le maire de Nîmes a pris cette très belle initiative d'un arrêté de couvre-feu, interdisant aux mineurs non accompagnés de paraître sur la voie publique de 21 h à 6 h du matin. Durant toute la fin de l'été, ce couvre-feu a été une vraie réussite. La population visée a été très impliquée, très coopérante".

Selon lui, ce type de mesure, quand il est accepté et compris par la population, peut contribuer à désamorcer des tensions urbaines, notamment celles liées aux narcotrafiquants qui ont agi dans certains quartiers périphériques de Nîmes. Ce retour d’expérience illustre l’idée que la réponse à la délinquance peut être locale, ciblée, et faire appel à l’adhésion des citoyens.

Retrouvez "La vérité en face" avec Jean-François Achilli dans "Le Grand Matin Sud Radio".

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