Ancien proche de Nicolas Sarkozy et ministre du Travail de ce dernier, Xavier Bertrand affiche une liberté de parole totalement assumée depuis son élection en 2015 à la tête de la région des Hauts-de-France, élection en partie permise grâce au retrait au second tour de la liste socialiste face au danger du Front national. Dans une interview accordée au JDD ce dimanche, l’ancien député de l’Aisne s’est ainsi montré particulièrement critique envers la stratégie récente du parti Les Républicains. Entre radicalisation d’une frange du parti et course incessante derrière le Front national, Xavier Bertrand pointe notamment certains leaders du parti, tenants d’une droite dite "décomplexée".
Laurent Wauquiez et les "médiocres aigreurs" de Xavier Bertrand
Parmi les personnes visées figure notamment Laurent Wauquiez. "Courir après l'extrême-droite comme certains en ont l'idée folle est voué à l'échec. Oui [Laurent Wauquiez] court après l'extrême-droite. Il le dit lui-même et même Marion Maréchal-Le Pen se déclare prête à travailler avec lui. Il n'y pas que ça : il est le candidat de Sens commun. J'ai du respect pour chacun mais la laïcité dans les partis politiques aussi ça ferait du bien", avait-il notamment déclaré. Des déclarations qui ont fait réagir le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. "À mes amis : ne répondez pas aux invectives et caricatures. Ne laissons pas les médiocres aigreurs nous détourner du seul objectif qui compte : la reconstruction d’une droite fière de ses valeurs", a-t-il préconisé.
À mes amis : ne répondez pas aux invectives et caricatures. 1/2
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) 25 juin 2017
Ne laissons pas les médiocres aigreurs nous détourner du seul objectif qui compte : la reconstruction d'une droite fière de ses valeurs 2/2
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) 25 juin 2017
Hortefeux : "Les élus FN sont dans la région de Bertrand, pas de Wauquiez"
Interrogé sur ce sujet par LCI ce lundi, Brice Hortefeux, réputé proche de la ligne défendue par Laurent Wauquiez et auvergnat tout comme lui, a clairement pris position pour l’ancien maire du Puy-en-Velay. "Que l'on souhaite engager une réflexion sur les leçons à tirer d'un scrutin qui était imperdable et est devenu ingagnable, c'est naturellement indispensable. Est-ce que pour autant la démarche consistant à attaquer et à rejeter la responsabilité sur tout le monde sans exception sauf, à vrai dire, une seule, lui-même, est utile ? Ça ne me paraît pas aller dans le bon sens. (…) Xavier Bertrand a été élu président de la région des Hauts-de-France par le soutien des candidats de François Hollande. Laurent Wauquiez a été élu en battant les candidats de François Hollande, ce n'est pas du tout la même chose. (…) Xavier Bertrand indique qu'il faut trouver la bonne démarche vis-à-vis du Front national et ne pas courir derrière. J'observe simplement que les élus Front national sont essentiellement dans la région de Xavier Bertrand et que dans la région de Laurent Wauquiez, il n'y a quasiment aucun élu FN", a-t-il lancé.
Éric Woerth appelle à "ne pas se flinguer les uns les autres"
Face à cette guerre des chefs qui se profile à la tête du parti, le député Éric Woerth a timidement tenté de calmer les esprits. "On a plein de talents et on ne va pas commencer à les flinguer les uns après les autres", a demandé l'ancien ministre du Budget sur Europe1/CNews/Les Échos. "Je pense encore que nous pouvons vivre et travailler ensemble. Il y a toujours eu beaucoup de discussions au sein du groupe. Moi je suis unioniste : c’est toujours plus simple de construire des petites chapelles que de construire des cathédrales", a-t-il ajouté avant d’indiquer toutefois que "Xavier Bertrand n'a pas tout a fait tort dans son diagnostic sur l'état de la droite".
"Xavier Bertrand n'a pas tout a fait tort dans son diagnostic sur l'état de la droite" #LeGrandRDV
— Eric Woerth (@ericwoerth) 25 juin 2017