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Plus d'un Français sur 2 convaincu que le débat n'est plus possible aujourd'hui en France

Par Justine Houllé

Dans une société où l'actualité internationale ne s'arrête jamais et se retrouve sans cesse bousculée, les débats prennent de plus en plus d'ampleur sur la scène médiatique et au coeur des réseaux sociaux. Dès lors, une question se pose : aujourd'hui, quel regard les jeunes générations portent-elles sur la notion de débat ?

Deux personnes sont en train de discuter et d'avoir un débat sur un sujet précis
Farknot_Architect de Getty Images

Idées représentant le terme "débat", finalité d'un débat, critères essentiels pour un débat de qualité, place du débat dans la société, thèmes abordés lors de débats... un sondage Ifop-Fiducial pour Les Voix de la Paix, en partenariat avec L'Express et Sud Radio, analyse "Le regard des jeunes générations sur la notion de débat".

Partage, écoute, démocratie : des notions de plus en plus éloignées de l'idée que les Français se font d'un débat

À quoi la notion de débat vous fait-elle penser ? Spontanément, plus de trois Français sur dix (34%) allient le terme de débat à la "discussion". Parmi eux, 44% ont entre 15 et 17 ans, avec une égalité presque parfaite entre les hommes (45%) et les femmes (43%) de moins de 18 ans. Les sondés relient également la notion de débat aux "idées" (30%), à la "politique" (28%) et à l'"opposition" (23%).

A priori, rien d'inquiétant... sauf que plusieurs données viennent noircir le tableau : seulement 3% des Français sondés estiment que la notion de débat va de pair avec les notions de "partage" (1%), d'"écoute" (1%) et de "démocratie" (1%). Un constat révélateur de l'état de la société actuelle... preuve en est à l'Assemblée nationale, où les députés sont les représentants directs du peuple. Véritable pouvoir législatif du pays, l'hémicycle est régulièrement le témoin, lors de débats ou de questions au gouvernement, d'invectives assez musclées entre différents parlementaires.

Débat de qualité : quand le "respect mutuel" entre les débatteurs devance les "arguments reposant sur des faits"

Malgré les tensions qu'un débat peut susciter, près d'un Français sur deux (49%) estime qu'un débat sert avant tout à "confronter ses idées et à faire évoluer ses propres opinions". Pourtant, outre la finalité du débat, les Français sont aussi attentifs à la qualité de la séquence oratoire. Par exemple, près de six sondés sur dix (57%) considèrent que le "respect mutuel entre les participants" est un critère essentiel à la qualité du débat. 23% d'entre eux le placent même en tête de leurs attentes.

Face à cette demande, le critère des "arguments qui reposent sur des faits" n'est pas autant plébiscité (44%), tout comme celui de "la compétence des participants sur le sujet du débat", qui dégringole (26%) et se retrouve parmi les derniers de la liste. Une situation inquiétante, à l'heure où la désinformation -notamment sur les réseaux sociaux- grignote de plus en plus de terrain et prend le pas sur les médias d'information dits traditionnels.

Plus d'un Français sur deux (53%) estime qu'aujourd'hui, "il n'est plus possible de débattre"

Actuellement, la place du débat dans la société est assez mitigée. Même si 83% des interrogés estiment que le débat est un "outil qui peut réellement faire évoluer les mentalités ou la société", d'autres tendances -moins encourageantes- se dessinent. Près de trois Français sur quatre (74%) considèrent qu'à l'heure actuelle, "les échanges sont dominés par l'émotion au détriment de l'argumentation rationnelle". 69% des Français pensent même que les débats manquent de "profondeur et ne vont pas au fond des sujets abordés".

Pire : plus d'un Français sondé sur deux (53%) a la sensation qu'aujourd'hui, "il n'est plus possible de débattre". Un sentiment de résignation confirmé par une étude du Conseil économique, social et environnemental (CESE) : à l'heure actuelle, plus de six Français sur dix déclarent ne plus croire que leur voix est entendue.

Féminisme, égalité des genres, lutte contre les discriminations : des sujets de société propices au débat

Que ce soit sur Internet ou en face à face, certaines thématiques de société suscitent une envie de débat chez les Français. Par exemple, un peu plus d'un Français sondé sur deux (51%) déclare pouvoir débattre sur le sujet du "féminisme et de l'égalité des genres". Idem pour la "lutte contre les discriminations", que 52% des Français considèrent comme un vecteur de débat. Ces sujets sont représentatifs des préoccupations actuelles des jeunes générations, puisque les sondés ont entre 15 et 25 ans.

Par ailleurs, la laïcité, les crises migratoires, l'accueil des réfugiés, le racisme et la place des religions dans la société française sont également des sujets considérés comme propices au débat chez les jeunes générations. Fait pour le moins étonnant : pour chaque thématique citée précédemment, les hommes de moins de 18 ans s'avèrent être les plus ouverts au débat.

En effet, 58% des hommes de moins de 18 ans se déclarent capables de débattre sur le sujet du féminisme et de l'égalité des genres, contre 56% pour les femmes de moins de 18 ans. Pour ce qui est du sujet relatif à la place des religions dans la société, on observe un grand écart d'intention entre les hommes et les femmes : plus d'un homme sur deux (53%) de moins de 18 ans estime qu'il est possible de débattre sur cette problématique, contre à peine plus de trois femmes sur dix (36%) de moins de 18 ans.

Les débats sur les réseaux sociaux, vecteurs d'une nouvelle forme d'engagement citoyen

À l'ère du numérique, les débats en ligne ont-ils le vent en poupe chez les Français ? Là aussi, la nuance est de mise. Pour l'heure, plus de huit Français sur dix (82%) définissent les débats en ligne comme "[favorisant] la diffusion de fausses informations". Les nombreux reproches adressés au réseau social X et à son fonctionnement, notamment depuis son rachat par le milliardaire Elon Musk, en sont le parfait exemple.

Néanmoins, les débats en ligne soulèvent un autre enjeu : celui de l'engagement citoyen. Sur ce point, plus de trois Français sur quatre (77%) estiment que les débats sur les réseaux sociaux permettent de "mobiliser rapidement autour d'une cause ou d'un mouvement". Preuve en est avec la situation humanitaire à Gaza qui, depuis l'attaque du Hamas le 07 octobre 2023 en Israël et la riposte militaire de l'État hébreu, a mobilisé des milliers de personnes en France et dans le monde entier.

De même, près de sept sondés sur dix (67%) pensent que les débats sur les réseaux sociaux "contribuent à l'émergence de nouvelles formes d'engagement citoyen". Parmi eux, plus de la moitié (57%) ont entre 15 et 17 ans et 71% d'entre eux ont entre 18 et 25 ans. De plus, les débats en ligne mobilisent même des Français (51%) au départ indifférents à toute forme d'engagement.

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