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"L'État veut des conventions individuelles, les zadistes une convention collective"

Par Benjamin Jeanjean

Alors qu’une procédure d’expulsion ciblée a été lancée très tôt ce lundi matin par les forces de l’ordre sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, Françoise Verchère, ex-conseillère générale de Loire-Atlantique et co-présidente du collectif des élus contre l’aéroport, était l’invitée du Grand Matin Sud Radio pour décrypter la situation.

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"Je voudrais qu’on ne parle pas d’évacuation, puisque ce mot désigne le départ de tout le monde alors que la préfecture et l’État parlent d’expulsion "ciblée"". Invitée du Grand Matin Sud Radio, François Verchère tient rapidement à mettre les choses au clair suite à l’opération de police qui a lieu depuis ce matin sur le site de Notre-Dame-des-Landes. "Je ne connais pas les cibles exactement, mais je sais que l’opération se passe en ce moment sur la fameuse route que nous n’avons pas réussi, hélas, à rouvrir totalement à la circulation. On est d’abord sur une opération d’ordre public pour ouvrir enfin cette route, et j’espère que ça s’arrêtera là", ajoute l’ex-conseillère générale de Loire-Atlantique et co-présidente du collectif des élus contre l’aéroport.

Selon elle, cette situation aurait pu être évitée. "Il y a des négociations en cours avec l’État pour régulariser un certain nombre de ces habitants qui sont aujourd’hui tous en situation illégale (comme les agriculteurs historiques) et régulariser certains lieux de vie et d’expérimentation agricole, sociale et culturelle. Hélas, il y a pour l’instant une incompréhension sur le fond : l’État veut des conventions individuelles, et le mouvement des habitants souhaite une convention collective. On voit donc deux mondes qui s’affrontent idéologiquement, mais c’est un peu stupide qu’on en arrive du coup à une chose aussi difficile qu’une intervention policière…", déplore-t-elle.

"Une fraction de zadistes ne veut même pas entendre parler d’une quelconque légalité"

Pour Françoise Verchère, la présence d’une minorité d’extrémistes au sein des zadistes complique la donne. "Tout le monde a occupé illégalement ce territoire parce qu’il y avait un mauvais projet d’aéroport. Nous-mêmes élus (traditionnellement en faveur de la légalité) avons accepté d’entrer dans l’illégalité au nom de la légitimité de notre combat. Tout le monde est dans l’illégalité, les paysans historiques sont aujourd’hui sous le coup de jugements d’expulsion. Bien sûr qu’ils ne seront pas expulsés, puisqu’avec l’abandon du projet d’aéroport ils retrouveront le droit à leurs terres. Le problème, c’est qu’il y a une fraction des occupants zadistes qui ne veut même pas entendre parler de rentrer dans une quelconque légalité. Eux, ils sont passés au stade où la ZAD n’est plus une "Zone À Défendre" mais une "Zone d’Autonomie Définitive"", affirme-t-elle.

"Vu de loin, on a l’impression que la vie là-bas n’est pas normale, ce qui n’est pas vrai ! Globalement, la vie est tout à fait calme. Il y a un problème qui est évident : la route. Il faut qu’elle soit ouverte à la circulation de façon totalement sûre, ce qu’elle n’est pas aujourd’hui. Le gouvernement peut donc difficilement faire autre chose qu’y aller avec ses muscles. Après, il faudra laisser un peu de temps pour régulariser les gens qui le veulent bien. En tant qu’association d’élus, nous soutenons les expériences qui veulent bien rentrer dans un cadre réglementaire", conclut-elle.

Réécoutez en podcast l’interview de Françoise Verchère dans le Grand Matin Sud Radio

 

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