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Élisabeth Lévy - "L'accusation de racisme est une arme de destruction massive"

Une carte de voeux envoyés à des policiers de Plaisir dans les Yvelines fait polémique. Celle-ci représente un policier manifestement ridicule face à un automobiliste apeuré par la bêtise de l'agent de police. Problème : l'automobiliste est noir et le policier, blanc. Il n'en fallait pas moins pour déclencher les ires des bonnes consciences, qui n'ont pas eu l'idée d'y voir une possible auto-dérision.

Tous les matins à 8h15, le regard libre d'Elisabeth Lévy dans le Grand Matin Sud Radio.

Parlons d’une carte de vœux qui fait polémique.

Signée par le commissaire et les policiers de Plaisir, celle-ci reprend un dessin de Wingzs exécuté en août 2015 pour dénoncer les violences policières sur les noirs aux Etats-Unis. Un policier armé d’un taser demande à un homme contre lequel il veut s’en servir de s’approcher de sa voiture car, dit-il, « mon taser recharge sur l’allume-cigare ». L’homme est noir et le policier blanc donc, forcément, ressort la thèse du racisme. Tollé au commissariat tandis que le dessinateur utilisé à son corps défendant fait l’outragé. Le commissaire a même été suspendu. Pour Darmanin, la messe est dite : « Ce dessin a choqué beaucoup de monde par sa connotation raciste. »

Peut-on au moins poser la question ?

On peut aussi réfléchir avant de condamner, se demander s’il n’y a pas un malentendu. Et si c’était même un dessin antiraciste ? Le flic semble être une brute stupide ridicule et le noir un citoyen lambda et sympa, effrayé. 

Certes, l'image est détournée et change de sens de facto. On peut aussi y voir une autodérision sur la police et sur la grande misère des commissariats.

Est-ce simplement anecdotique ?

Anecdotique mais emblématique d’un chantage implicite. L'accusation de racisme est une arme de destruction massive et permet de réclamer censure et exclusion. C’est très bien de bannir le racisme, à condition de ne pas le voir partout. Or, il y a, et c’est indéniable, une extension folle du domaine du racisme. Il serait dans les têtes, les institutions, les œuvres. D’où le terme racisé, qui signifie que tout membre d’une minorité ethnique ou culturelle en est victime par nature.

Cela montre avant toute chose l’impasse logique du nouvel antiracisme qui nous enjoint en même temps de célébrer les identités minoritaires et de ne pas les voir. Finalement, il serait raciste de voir qu’un homme est noir, ou de supposer qu’un homme en costume noir et chapeau, avec des papillotes, est juif.

Mais ce dessin représente un délinquant noir, me dira-t-on.

Non, il représente un brave type et un sale flic. Mais supposons que le camp d’en face ait raison. Si représenter un délinquant noir est raciste, et que de montrer une chipie hystérique soit sexiste – bien que l’un et l’autre existent, (comme les voyous blancs et les mâles hystériques) -, la seule représentation possible du mal qui nous reste n’est autre que celle du mâle blanc. “Le coupable idéal”, comme dit Pascal Bruckner. Les blancs n’existent pas comme groupe (hormis les revendications d’une identité blanche qui restent ultra-minoritaires) mais c’est le seul groupe qu’on a le droit de condamner en bloc. Or, on ne lutte pas contre les stéréotypes racistes en les inversant. 

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