Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h. Patrick Roger.
- Il est 7h41. Sud Radio vous explique. Le rapporteur de la Commission des finances à l'Assemblée nationale, c'est l'ELR Philippe Juvin, a mis sur la table une proposition qui surprend. Il propose de donner des HLM. Je dis bien donner des HLM aux locataires après 20 ans d'occupation, à condition qu'ils aient bien payé régulièrement et qu'il n'y a pas de problème.
- Et ils devront garder ce bien pour une durée de 5 ans avant d'en disposer comme bon leur semble.
- Sylvain Lévy-Valency, spécialiste logement, présentateur de Parlons Imo sur Sud Radio, le samedi midi, est avec nous. Bonjour, Sylvain.
- Bonjour, Patrick. Bonjour à tous.
- Bon, je ne me suis pas trompé dans ce que j'ai dit, là. C'est bien comme ça. Ce sont les conditions, c'est ça.
- Oui, oui, tout à fait. C'est même, on pourrait dire, une espèce de cadeau avant Noël. Mais pour bien préciser, si vous voulez bien, l'annonce de Philippe Juvin, c'est une mesure qui est parfaitement antiéconomique, puisqu'elle atteint le droit de propriété qui est garanti, je le rappelle, par la Constitution. En fait, pour être simple, elle repose sur l'idée que les locataires HLM, finalement, devraient être dotés du pouvoir d'autodérider un système qui est conçu précisément pour leur tendre la main et les accompagner dans leur parcours de vie. Oui.
- J'ai interrogé un spécialiste, Jean-François Prévost, le directeur général de Batiger, qui a lu cette proposition un peu comme une hallucination.
- Ah bon ? Oui, absolument, oui, oui. Tant les raisons que les conséquences d'une telle mesure seraient finalement un savant mélange de Ionesco et de Proudhon.
- Je m'explique. Le monde HLM, Patrick, repose sur des organismes, notamment des SA d'HLM privés, mais aussi des coopératives ou des offices publics.
- Tout le monde le sait. Oui.
- Elles répondent à une exigence de service d'intérêt général. C'est normal. Dont la mesure aurait pour effet de les priver, finalement, des ressources, puisque les entreprises privées, si jamais elles n'ont pas de recettes, elles font tout simplement faillite. Alors quid de l'avenir, finalement, des 4 800 000 logements détenus par elles ? Je rappelle quand même que la moitié des logements neufs autorisés en France en 2025, Patrick, le sont par des bailleurs sociaux qui continuent, malgré la crise, à produire du logement. Alors vous allez me dire pourquoi.
- Faudrait-il tuer le secteur HLM et diviser par deux le nombre de logements neufs produits en France ? Quel serait, finalement, le bilan global d'une telle mesure ? Oui, oui. Alors on va reprendre. Regardez. Nos sociétés HLM sont engagées depuis 40 ans dans la vente à prix réduit je précise à prix réduit de leurs logements locataires.
- C'est-à-dire qu'en fait, ce que dit Philippe Juvin, c'est qu'on va favoriser l'accession à la propriété. Mais ça existe déjà. Ça existe déjà. Et le système qui est en place, il est doublement vertueux. Pourquoi ? Puisque les ménages peuvent acquérir un logement à prix réduit, ce qu'on appelle l'accession sociale à la propriété, tandis que le bailleur, lui, avec ses recettes, il réinvestit les sommes.
- Et il y est d'ailleurs obligé pour rénover son parc ou construire davantage. Et c'est précisément avec ces fonds que, notamment, sont financées les rénovations thermiques du Grenelle de l'environnement, qui, du coup, ne seraient plus financées. Une vente en moyenne. En moyenne, c'est trois logements nouveaux. Non mais... Et puis il y a quelque chose. Faut bien préciser les choses, parce qu'on peut se dire...
- Ils ont payé 20 ans. C'est comme si c'était un emprunt. Et puis ensuite, ben voilà, ils deviennent propriétaires de leur logement.
- Mais sauf que c'est quand même à des conditions tarifaires plus avantageuses, le prix d'un loyer HLM que le privé. C'est-à-dire que globalement, tiens, vous payez pour un 3 pièces peut-être par endroit 800 euros, quand dans le privé, eh bien ce sera 1 500, 1 600, 1 500 euros, quoi. Un tiers de plus.
- Voire un peu plus, même, non, Sylvain Lévy ? Absolument. C'est parfaitement... Vous avez absolument raison. C'est parfaitement inéquitable.
- Eh ben justement, tiens, côté locataire, les locataires HLM, aujourd'hui, bénéficient d'aides qu'on appelle les APL. Vous savez,...
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