Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h, Patrick Roger.
- Il est 7h41. Vous êtes sur Sud Radio. Sud Radio vous explique. L'État n'est plus tenu. C'est ce qu'a dit hier Édouard Philippe.
- Mais alors qui dirige le pays ? Qui dirige l'État ? Nous sommes avec Christophe Ehoche-Duval, haut fonctionnaire essayiste qu'on a déjà reçu, qui a écrit effectivement plusieurs livres. Bonjour Christophe Ehoche-Duval. Bonjour Sud Radio.
- Bon. Qu'est-ce que veut dire par là Édouard Philippe quand l'État n'est plus tenu ? D'abord, c'est une phrase évidemment extrêmement choque et révélatrice, parce qu'il n'est pas seulement un ancien Premier ministre.
- Il a été pendant très longtemps conseiller d'État. Donc il connaît la machine à la fois politique et administrative.
- Donc je lui laisse la responsabilité de ce qu'il dit.
- Oui.
- Mais je crois que ce qu'il veut...
- ...nous faire dire ou nous faire comprendre, c'est quelque chose qui est assez juste, hélas, ce que ressentent nos concitoyens.
- C'est qu'il n'y a plus de démocratie verticale en France. C'est-à-dire qu'il n'y a plus de démocratie verticale par le haut et plus de démocratie verticale par le bas.
- Alors je sais pas si je peux un peu l'expliquer.
- Oui, oui. Ben allez-y. Oui, oui, oui.
- Alors écoutez, je crois que c'est ce qu'il semble dire. C'est-à-dire que verticalité par le haut, eh bien les hommes politiques maintenant n'ont l'air de plus écouter ce que signifie le sens des votes de la souveraineté populaire. Il n'y a plus de référendum.
- Oui.
- On ne nous consulte qu'une fois tous les 5 ans. Et pendant ces 5 ans, on a l'impression qu'ils font ce qu'ils veulent.
- Ça, c'est le problème de la démocratie verticale par le haut.
- Oui.
- Et en même temps, il y a le problème verticale par le bas. C'est-à-dire que ce que dit Édouard Philippe, apparemment...
- Il faut le laisser parler, évidemment. Je peux pas parler exactement à sa place.
- Mais ce qu'il semble dire, c'est qu'on n'est plus qu'une sorte de technocratie à mode électif et que eux-mêmes, les politiques, qui eux-mêmes n'écoutent plus les concitoyens par le haut, eh bien n'ont plus de réponse par le bas.
- C'est-à-dire que leurs administrations, elles ne sont plus tenues. Elles font ce qu'elles veulent. Elles sont en roue libre.
- Et ils peuvent plus faire transmettre les mandats populaires en déclinaison administrative ou en déclinaison de tous les jours.
- Et c'est ça que je pense veut vouloir dire Édouard Philippe. C'est un vrai problème de démocratie verticale en France.
- Oui. Bon. Alors en même temps, il disait ça aussi pour pousser.
- Emmanuel Macron a la démission. Mais c'est vrai que d'une façon plus large, on dit bien souvent que les ministres, quels qu'ils soient, ils n'ont plus aujourd'hui véritablement de pouvoir. Pourquoi dit-on cela ? C'est ce que vous avez dit tout à l'heure ? C'est-à-dire que c'est la technostructure qui tient le pays ? D'abord, effectivement, il va de soi qu'aujourd'hui, la complexité peut-être, mais aussi le fait que l'espace de la fonction publique, des administrations a pris une telle place que les ministres ne commandent plus véritablement ou peuvent donner le sentiment de ne plus commander véritablement.
- Je ferai une distinction entre la démocratie à la française et la démocratie à l'américaine. Dans la démocratie américaine, on est beaucoup plus francs.
- Chaque administration Trump, Biden, etc. change intégralement et immédiatement l'intégralité des chefs des administrations et sont donc aux ordres de Biden ou de Trump.
- Donc ils lui obéissent, donc ils répondent aux mandats populaires que les Américains avaient donnés à Biden ou que les Américains ont donné aujourd'hui à Trump.
- Qu'est-ce qui se passe en France ? On a une situation assez hypocrite. On ne veut pas appliquer le « spoil system » à l'américaine.
- On a donc des administrations qui se perdurent. Vous savez qu'on rigole souvent en disant « l'instabilité de la Quatrième République ».
- Et oui, effectivement. Mais en vérité, ce qui se passait, c'est comme les directeurs d'administrations centrales restaient à cette époque presque 20 ans.
- Ça ne changeait rien.
- Ils gouvernaient. Finalement, ils gouvernaient à la place de leurs ministres qui, eux, ne faisaient que passer.
- Et là, aujourd'hui, d'un mot avec ce...
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