Retranscription des premières minutes :
- « Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h, Patrick Roger. » « Il est 7h46, Sud Radio vous explique la réforme des retraites. Vous avez entendu avant-hier, Elisabeth Borne a dit que la voie était ouverte pour pourquoi pas revenir sur cette réforme.
- Sébastien Lecornu, hier soir, a estimé qu'une suspension de cette réforme coûterait au moins 3 milliards d'euros en 2027.
- Mais il a dit que le débat pourrait être rouvert. Bruno Chrétien, vous êtes président d'un think-tank qui s'appelle l'IPS, l'Institut de la Protection Sociale.
- Vous connaissez bien toutes ces questions. Bonjour à vous tout d'abord.
- Bonjour Patrick.
- Cette réforme continue de faire parler. Est-ce que vous croyez qu'on peut revenir sur cette réforme aujourd'hui pour la suspendre, l'abroger ? Et la modifier par la suite ? Alors, on peut toujours tout faire. C'est les joies du droit, entre guillemets.
- Mais après, est-ce que c'est possible économiquement et est-ce que c'est souhaitable ? C'est toute autre question.
- Pour être très clair, quand j'ai vu les débats sur « on va suspendre la réforme », surtout portés par la Première Ministre qui l'avait fait adopter difficilement, très honnêtement, je trouve que cette position est consternante.
- Pour quelles raisons ? Parce qu'effectivement, l'idée qui court...
- Actuellement, dans une période un peu folle, c'est de dire « on suspend ».
- Une personne n'a pas eu de l'abrogation de la réforme, plus du moins dans le camp présidentiel.
- Donc la suspension, ça voudrait très concrètement qu'on s'arrêterait l'année prochaine, en 2026, à 63 ans, au lieu de cette montée en charge.
- Il faut avoir à l'esprit qu'on a une montée en charge progressive qui est organisée entre 62 et 64 ans.
- On s'arrêterait à 63 ans et 171 trimestres.
- Je ne suis pas à faire technique, on est au matin.
- Oui, oui.
- Mais...
- Oui.
- Il faut tout de suite avoir à l'esprit que ça coûterait.
- Alors, tout dépend du périmètre.
- L'année même, 2026, on parle de 5-600 millions d'euros.
- À partir de 2027-2028, effectivement, 3 milliards.
- Et on est en 2035 à 6 milliards manquants.
- Il faut avoir à l'esprit quand même que la Cour des comptes avait fait valoir qu'on a, en 2035, il manque quand même 15 milliards en plus.
- Donc autant vous dire que si on devait suspendre, un, on aurait un problème de financement.
- Deux, ce serait un signal à l'égard des marchés qui serait...
- Absolument catastrophique.
- Donc on aurait effectivement une dégradation supplémentaire du coût du refinancement de l'économie.
- Donc pour être très clair, tout ça n'est guère sérieux.
- En tout cas, guère rassurant pour les retraités.
- Oui, c'est vrai.
- C'est ce que vous...
- Et vous qui travaillez avec beaucoup d'instituts de protection, justement, sociale, puisque vous-même, c'est un institut de protection sociale, est-ce que vous avez le sentiment qu'aujourd'hui, les gens qui se renseignent, qui ont la cinquantaine, ou qui ne sont pas très loin de la retraite, ou même un petit peu plus tôt, l'ont accepté, finalement, cette réforme, et se disent « Bon, je sais qu'il va falloir que je travaille un peu plus ».
- De toute façon, par nature, le français est râleur.
- Donc ça, c'est un principe de base, entre guillemets.
- Donc je pense que les gens ont intégré le fait qu'il y a une augmentation.
- Sachant qu'il y a deux réactions face à cela.
- Il y a ceux qui disent « Écoutez, je vais partir plus tard, mais c'est quand même la garantie d'avoir des droits plus importants. » Parce que...
- Oui.
- Ce que ne disent jamais ceux qui sont étonnants d'une remise en cause de cette progression d'âge de départ, c'est que l'alternative, si on baisse l'âge de départ, c'est des charges supplémentaires.
- Donc c'est soit des impôts supplémentaires.
- Honnêtement, on est quand même à un taux de prélèvement qui freine l'activité.
- On le voit bien dans notre économie.
- Soit c'est une baisse de pension.
- À l'extrême, pourquoi pas ? Mais il faut le dire clairement.
- Si on part plus tôt, on aura des retraites plus faibles.
- Or ça, évidemment, les tenants de cette thèse ne le font jamais valoir.
- Ce qui est quand même pas très...
- C'est très honnête sur le plan intellectuel.
- Et est-ce qu'il y aurait,...
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