Retranscription des premières minutes :
- A.J.P. Association d'assurés engagés et responsables présente Sud Radio, le grand matin week-end, la force de l'engagement, Muriel Reus.
- Bonjour à toutes et à tous. Ce matin, je reçois Véronique Béchut, ex-chef du pôle stratégique à l'office mineur de la Direction nationale de la police judiciaire et dorénavant directrice de l'Observatoire de lutte contre les violences numériques faites aux enfants.
- Mais avant cela, comme chaque semaine, notre édito.
- Et ce matin, engageons-nous contre l'aveuglement numérique.
- En refusant de croire que les enfants sont en sécurité simplement parce qu'ils sont à la maison.
- Ce n'est pas parce qu'ils sont derrière un écran que le danger a disparu, au contraire.
- Pour des milliers d'enfants, chaque jour, le numérique est devenu une scène de crime, un lieu de piège, un espace de prédation.
- Aujourd'hui, l'âge des victimes de violences sexuelles en ligne ne cesse de baisser.
- Des nourrissons, des bébés, des enfants de quelques mois, des tout-petits, qui ne parlent pas, qui ne marchent pas, qui ne comprennent pas ce qu'ils subissent.
- Qu'ils sont filmés, photographiés, mis en ligne, exploités.
- Et le plus invraisemblable est que ce ne sont pas des cas isolés.
- Ce n'est pas l'exception, c'est devenu une tendance mondiale.
- Une étude menée en 2022 par le Centre australien de lutte contre l'exploitation des enfants, en partenariat avec l'ONG Protect Children, a analysé plus de 3,3 millions de fichiers pédocriminels diffusés sur le Dark Web.
- Et les résultats sont glaçons.
- Les enfants de 0 à 2 ans sont devenus la première situation.
- Et c'est possible de ces contenus.
- Ce n'est plus seulement une affaire d'adolescents imprudents.
- C'est aussi une affaire d'inconscience.
- Et aussi celle des parents.
- Car ces images ne viennent pas toujours de réseaux organisés.
- Elles viennent aussi des foyers des familles.
- Un bain partagé sur des réseaux.
- Un petit moment mignon immortalisé et posté sans y penser.
- Et détourné sans que personne ne s'en rende compte.
- 50% des contenus pédocriminels diffusés en ligne proviennent de photos postées à l'origine par les parents eux-mêmes.
- Par naïveté, bien sûr.
- C'est un sens de vigilance.
- Mais les conséquences, elles, sont bien réelles.
- L'autre angle mort, c'est le laisser faire numérique.
- 83% des parents ne savent pas ce que font leurs enfants en ligne.
- Le smartphone est un jouet, un nounou, un sas de répit.
- Il est aussi, parfois, une porte ouverte sur l'horreur.
- Car derrière ces écrans, des prédateurs traquent les failles.
- Ils attendent les connexions sans filtre, les discussions non surveillées, les images partagées en privé.
- Et surtout, ils recherchent ce que personne n'a encore vu.
- Dans les forums spécialisés, ce sont les images nouvelles qui valent le plus.
- Celles qui n'ont jamais circulé.
- Celles qui ne viennent pas des fichiers saisis par la police ni des grandes enquêtes internationales.
- Mais celles prises récemment, dans l'intimité, le cadre familial.
- C'est cela, la réalité de la prédation numérique.
- Un prédateur n'a pas besoin d'approcher un enfant physiquement.
- Il lui suffit d'un écran, d'un instant, d'inattention.
- Ce qui rend redoutable le numérique, ce n'est pas seulement sa puissance, c'est la banalité de son accès, l'innocence de ses apparences.
- Il ne force aucune porte.
- Il s'installe dans le quotidien, dans le creux d'une habitude, dans le silence d'une chambre.
- On a cru que la technologie allait élargir les possibles.
- Elle l'a fait.
- Y compris pour ceux qui exploitent, qui manipulent, qui détruisent, qui capturent l'enfance.
- Véronique Béchut, je suis ravie de vous accueillir ce matin.
- Vous avez été la chef du pôle stratégie à l'Office mineur de la Direction nationale de la police judiciaire.
- Vous êtes maintenant directrice de l'Observatoire de lutte contre les violences numériques faites aux enfants.
- Pendant plus de dix ans, vous avez infiltré les réseaux les plus sombres du numérique, ceux où la pédocriminalité se répand, s'organise, se banalise.
- Vous avez vu l'horreur, on peut le dire, s'infiltre.
- Alors, vous avez écrit ce livre, Derrière les écrans, Combattre la pédocriminalité en ligne, où vous racontez l'indicible.
- Et vous y livrez aussi une part de vous-même, cette femme derrière l'uniforme.
- Alors, qu'est-ce qui vous a poussé à écrire cet ouvrage ? Alors, tout d'abord, je voulais coucher les réalités de mon quotidien sur le papier.
- Je voulais que tout...
Transcription générée par IA