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Par avec Fadila Maaroufi

Roissy : une prière collective fait beaucoup parler...


Dimanche 05 novembre, une prière musulmane collective s'est tenue à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, suscitant la polémique sur les réseaux sociaux. Le PDG d'Aéroports de Paris, Augustin de Romanet, a dénoncé "une première regrettable" ; de son côté, Clément Beaune, le ministre des Transports, a prôné la "fermeté". On en parle avec Fadila Maaroufi.
Les invités

Ça balance dans Bercoff dans tous ses états

 Fadila Maaroufi et André Bercoff

Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 5 premières minutes de votre émission :

"Est-ce que c'est vraiment si grave, que ce soit juifs, chrétiens ou musulmans, si des gens ont envie de prier à un moment donné à l'aéroport, sans gêner les passages, est-ce vraiment si grave ?"

André Bercoff :  Alors ce n'est pas la même prière évidemment, ce n'est pas du tout la même prière, mais c'est une prière qui a eu lieu, une trentaine de voyageurs ont prié dimanche dernier, dimanche dans l'aéroport, en dehors des zones de culte dédiées. Alors voilà, c'était une prière pour l'islam, enfin une prière musulmane, et ça a fait polémique, c'était une trentaine de voyageurs partant pour la Jordanie qui se sont inclinés, qui ont fait la prière, et il y a des lieux, mais ils l'ont fait effectivement dans une des salles de l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle, et ça a été, alors ça a suscité pas mal de polémique, et Augustin Romanet a dit, oui c'est fâcheux, c'est la première fois, mais il ne faut pas trop monter en épingle. Alors Fadila Maaroufi, bonjour, vous êtes cofondatrice et d'héritier de l'Observatoire des fondamentalismes à Bruxelles, vous avez infiltré, on en a parlé, le réseau des frères, mais quelque part je vous demandais, est-ce que c'est vraiment si grave, que ce soit juifs, chrétiens ou musulmans, si des gens ont envie de prier à un moment donné à l'aéroport, sans gêner les passages, est-ce vraiment si grave ? Comme ça, on parlera évidemment du reste, mais est-ce que ça vous choque vous ?

Fadila Maaroufi : Alors pour moi c'est pas une question de choquer ou pas, c'est qu'est-ce que ça signifie en fait, qu'est-ce que ce geste signifie, et pour moi c'est ça où le problème se situe surtout à ce niveau-là, c'est une démonstration de force qui est en train de se passer.

André Bercoff : Vous pensez que c'est voulu comme démonstration de force ?

Fadila Maaroufi : Je le pense parce que des prières, on en a déjà vu à d'autres moments, dans les rues notamment, que ce soit dans les rues de Paris, d'Europe, un peu partout, et c'est vraiment une démonstration parce qu'on montre évidemment, et surtout à l'heure actuelle avec ce qui se passe avec le conflit israélo-palestinien, et on l'abordera un peu plus longuement plus tard, mais ça montre surtout qu'une visibilité, le fait que la Houma est bien présente, on est en groupe, parce que quand on voit les images quand même c'est pas deux, trois individus, c'est quand même tout un groupe, donc ça a un impact et ça a évidemment une influence sur la visibilité de l'islam politique, qui est entre autres de montrer les normes islamiques, de s'imposer dans l'espace public, parce que c'est ça dont il s'agit.

"Leur projet c'est rendre le monde entier musulman."

André Bercoff : Alors justement, s'imposer dans l'espace public et vous vous dites que, en fait, vous en parlez depuis longtemps, avec, je dirais, un certain courage, parce que vous êtes, je sais, menacés de mort, enfin vous avez beaucoup de réactions très hostiles, mais c'est quoi pour vous ? Ça fait partie de l'entreprise politique globale, organisée ?

Fadila Maaroufi : Alors pour moi, c'est la personne avec qui j'ai cofondé d'ailleurs l'Observatoire, donc Florence Bergeaud-Blackler, qui cherche aux CNRS et qui a fait son livre sur le frérisme, qui elle-même a eu des menaces évidemment, le démontre très bien, c'est-à-dire qu'on est en train d'essayer de normaliser, de rendre les sociétés Chari compatibles, et donc ça passe par quoi ? Ça passe par la visibilité des pratiques religieuses, mais qui est posée comme acte politique, clairement, c'est-à-dire que ce soit par le marché halal, mais que ce soit aussi par le côté visible extérieur, les signes comme le port du voile, comme le fait de crier Allah Akbar lors de manifestations, donc toutes ces manifestations qui sont montrées à l'extérieur contribuent et participent à la visibilité d'un Islam qui est plutôt politique, avec l'objet toujours qui est le même, c'est-à-dire une visée califale, une théocratie au bout de course qui est voulue par les frères musulmans.

André Bercoff : Et qui veut s'étendre au-delà du Moyen-Orient ?

Fadila Maaroufi : Tout à fait, c'est la prophétie, le projet califal mondialisé, c'est-à-dire que les frères musulmans ont ce projet, ils le disent d'ailleurs depuis des décennies, que leur projet c'est rendre le monde entier musulman.

André Bercoff : C'est ça, sous la bannière, effectivement, califale, comme vous dites. Mais est-ce que c'est consubstantiel, c'est vraiment les frères musulmans qui ont établi cette théorie, parce que ça existait effectivement Hassan el-Banna, on le sait, c'est depuis 1928, le fondateur, donc ça fait pratiquement un siècle, etc. Et est-ce que les conflits comme celui qui se passe actuellement au Proche-Orient, enfin qui n'est pas nouveau lui aussi, il a presque un siècle, mais ce qui se passe actuellement entre Israélien, Palestine, Gaza ou ailleurs, est-ce que ça exacerbe ça ? Ça joue quel rôle en fait, pour vous Fadila Maaroufi  ? (...)

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