Les médecins ont décidé de briser la loi du silence. Éthiquement, pour eux, il n'était plus possible de se taire.
Cette lettre, ces médecins l'ont adressée aux députés de leurs départements, notamment le président de la commission d'enquête d'égal accès aux soins à l'assemblée. Lettre où chaque mot a été pesé, disent-ils.
Car s'ils voulaient décrire une réalité, en aucun cas ils ne veulent jeter la pierre aux personnels des EHPAD.
Depuis quelques temps, les prescriptions qui leur étaient demandées sortaient de la norme, des médicaments particulièrement forts destinés à des patients âgées, atteints d Alzheimer, qu'ils connaissent.
Pour comprendre cette hausse des demande de psychotropes, ces médecins ont décidé de provoquer une réunion avec le personnel soignant pour comprendre. Et là, pour eux, le choc a été rude.
Ils avaient connaissance, suite aux grèves, des dégradations des conditions de travail dans ces établissements. Mais là, ils découvrent une réalité encore plus douloureuse, des aides soignantes expliquant, par exemple, qu'elles étaient obligées de sortir sur le parking, crier, hurler, pour évacuer le stress lié aux cris des résidents.
D'où la demande accrue de prescription de ces psychotropes.
Les médecins sont formels. L'utilisation de ces médicaments pour les malades d'Alzheimer est plus que déconseillée voire dangereuse. Seule la prise en charge non médicamenteuse par la présence des soignantes est efficace.
Mais on le sait aujourd'hui, ce temps et ces bras, les soignants ne les ont pas.
Ces médecins se veulent des lanceurs d'alerte car, disent-ils, il n'est acceptable de tolérer plus longtemps ce traitement de nos aînés et des personnes qui en ont la charge.
Écoutez la chronique de Christine Bouillot dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard