Le monde de la mode a immédiatement réagi en se demandant qui allait succéder à Karl Lagerfeld ? On a la réponse puisque c’est sa propre adjointe, Virginie Viard, qui va le remplacer dans un premier temps. Mais peut-on vraiment remplacer une personnalité comme Karl Lagerfeld qui avait fait de son nom une marque et dont le destin était lié à celui de Chanel depuis 1983, soit 35 ans ? C’est toute la problématique d’une industrie comme la mode. Et on l’a vu à plusieurs reprises, par exemple quand Tom Ford a quitté Gucci. Pour l’heure la préoccupation de la famille Wertheimer, propriétaire de Chanel, va être de continuer à vivre sur le mythe Lagerfeld. Mais à mon avis, cela n’aura qu’un temps.
Lagerfeld étant mort, Chanel va être à vendre ? Pas demain bien sûr. Mais je ne pense pas que les deux frères Alain et Gérard Wertheimer qui sont propriétaires de Chanel aient le désir de garder cette entreprise. D’abord parce que ce sont des rentiers. Ce ne sont pas des entrepreneurs ou des bâtisseurs comme François Pinault ou Bernard Arnault. Ensuite parce que le monde de la mode a considérablement évolué et la marque Chanel a vieilli. Il faudrait aujourd’hui non seulement trouver un nouveau Lagerfeld, mais aussi rajeunir la marque. Ce qui coûte très cher. Enfin parce que les frères Wertheimer savent très bien que cette entreprise qui a enregistré en 2017 près de 10 milliards de chiffre d’affaires et 1,8 milliard d’euros de bénéfice est une proie pour beaucoup. Une proie qui vaut très cher à cause de ce nom magique et des deux C entrecroisés. Au moins 20 à 25 milliards d’euros. Voire plus. Une proie dont François-Henri Pinault a besoin pour diversifier son groupe trop dépendant de Gucci et dont Bernard Arnault a besoin pour être vraiment l’empereur mondial du luxe. De quoi faire de belles enchères et permettre à Chanel de rester français.