On avait cru comprendre qu’Emmanuel Macron voulait un véritable service national d’au moins trois mois. C’est en tout cas ce qui ressortait de ses déclarations après la remise d’un rapport parlementaire assez fumeux qui tordait totalement le projet. Le Président avait alors affirmé envers et contre tous qu’il irait au bout et voulait un service obligatoire d’environ un trimestre. On s’était réjoui en se disant qu’on sortait enfin des slogans pour campagne électorale. Parce que, souvenez-vous, un mois, c’était la durée qu’il proposait pendant la campagne présidentielle pour plaire à tout le monde, aux citoyens inquiets du délitement de la communauté nationale et aux militaires qui ne veulent surtout pas s’embêter à gérer les jeunes gommeux mal élevés.
Emmanuel Macron s’est rangé aux préconisations du groupe de travail qu’il a lui-même mis en place, et qui était dirigé, justement, par un militaire, le général Ménaouine. Le résultat : un service d’un mois, à l’âge de 16 ans, pour faire de l’associatif dans un cadre mal défini et recevoir quelques leçons de gentil catéchisme républicain. On efface toute velléité de donner quelques bases de défense civile, un minimum de rigueur et d’apprentissage de la vie en commun. On va continuer à se faire croire que l’esprit civique et la volonté de partager un destin se créent artificiellement en quelques séances d’éducation civique quand c’est avant tout un état d’esprit, dont l’une des dimensions est la conscience que l’on peut donner sa vie pour défendre la patrie commune.
De fait, Macron avait les militaires contre lui et n’avait rien fait pour les amadouer. Et puis, il ne fallait pas fâcher les jeunes eux-mêmes dont la frange militante a immédiatement hurlé à une intolérable atteinte aux libertés. Surtout, pas de contrainte, même pour le bien commun. Donc, on s’achemine vers ce compromis. Puisqu’il s’adresse à des jeunes de 16 ans, ils n’auront évidemment aucun droit d’agir réellement, de prendre des initiatives, ils feront de la figuration dans des associations. Et l’on va continuer le maternage pour ne pas traumatiser nos chers petits. Le seul point positif, c’est l’hébergement en internat loin de chez papa-maman pour découvrir la vie et les autres. Mais c’est compliqué à mettre en place, alors, même ça, on risque d’y renoncer.