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Le nouveau patron d’Air France commence à prendre ses marques

Benjamin Smith semble avoir réussi son atterrissage chez Air France. Peut-on enfin dire qu’il y a un pilote au sein de la compagnie tricolore ?

C’est sans doute un peu tôt, puisqu’il entame sa troisième journée comme patron d’Air France KLM. Mais lui, dont la nomination avait été si compliquée, et ensuite si contestée – parce qu’il est Canadien, et parce qu’il a obtenu une rémunération fixe de 900 000 euros sans compter un très gros intéressement – a su donner tout de suite les gages qu’il fallait.

D’abord il a annoncé qu’il allait acheter pour 450 000 euros d’actions Air France, afin de montrer qu’il croit au redressement. Ensuite, il a reçu Philippe Evain, le patron du syndicat des pilotes qui n’a dit que du bien de lui. Et enfin, il a adressé une vidéo de 8 minutes à l’ensemble des collaborateurs du groupe.

C’est un très bon exercice de communication interne que beaucoup de patrons feraient bien de reprendre à leur compte.

D’abord, il s’exprime dans un très bon français avec un fort accent américain. Ensuite il décrit son parcours en racontant sa vie. Sa naissance au Royaume-Uni. Sa passion pour l’aviation. Ses débuts dans un aéroport comme simple agent d’escale et salarié syndiqué. Tous les jobs qu’il a occupés dans le domaine aérien jusqu’à devenir patron des opérations d’Air Canada. Et bien sûr son honneur d’avoir été choisi pour diriger Air France-KLM.

C’est trop tôt pour savoir ce qu'il va faire pour redresser l'entreprise. Malgré tout, dans son message, il fait bien prendre conscience aux salariés que les grèves à répétition pourraient tuer Air France. "Attention, dit-il, les luttes internes ne font qu’une seule chose : elles offrent nos clients sur un plateau à nos concurrents." Voilà qui est clair. D’autant que Ben Smith a beaucoup d’ambition puisqu’il exprime sa volonté de "repositionner Air France KLM" comme le leader de notre industrie dans le monde. Rien que ça !

Tout ce que je peux vous dire, c’est que nous devons tous souhaiter qu’il réussisse. Et il a des atouts pour cela.

D’abord c’est un très bon professionnel du métier. Ensuite, comme la plupart des anglo-saxons, c’est un pragmatique. Enfin il est indépendant de l’État français qui est venu le chercher, des pilotes, des autres catégories de salariés et des actionnaires néerlandais.

Avec ça, il ne faut pas oublier qu’Air France est une compagnie très affaiblie. Financièrement, avec des pertes importantes liées aux grèves du printemps dernier. Commercialement avec une image de marque très dégradée. Et humainement avec des bagarres internes incessantes. C’est dire s’il a fort à faire. Mais ça n’a pas l’air de lui faire peur. Il y a donc enfin un pilote dans l’avion.

 

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