La réponse est malheureusement très simple : c’est clairement non. Il y a presque vingt ans les 12 et 13 novembre 1999 toute la région de Carcassonne avait déjà été touchée par des inondations dramatiques. On avait dénombré 25 morts, 200.000 personnes sinistrées et plus de 600 millions d’euros de dégâts. Vingt ans après, on a le sentiment qu’aucune leçon n’a été tirée, qu’aucun effort d’infrastructure n’a été mené alors que la loi oblige les collectivités à se doter de programmes de préventions contre les inondations.
Certes, il y a eu des initiatives. Mais trop dispersées. Parce que c’est le lot de la décentralisation. Et que les maires ou les président de conseils départementaux veulent avoir leurs projets à eux. Par exemple sur la commune de Cuxac-d'Aude on a construit pas moins de 10 kilomètres de digue qui ont été très utiles. Mais cela a représenté un coût de 25 millions d'euros. Et entre 2006 et 2014, les collectivités de cette région n’ont dépensé au total que 81 millions. Ce qui est infime par rapport à tout ce que les événements de 1999 avaient fait apparaître comme besoins.
Comment expliquer une telle carence d’investissements, face à un bilan meurtrier, alors que pour des ronds-points on dépense des millions ? Il y a beaucoup de facteurs qui viennent ralentir les projets d’infrastructures, de création de bassins de rétention ou les agrandissements de canaux. Mais le principal que commencent déjà à dénoncer les élus locaux : ce sont les normes. Normes environnementales, délais à rallonge des enquêtes publiques, contre-expertises. Il faut souvent 4 à 5 ans entre la décision d’un projet et sa mise en œuvre. Sans compter les modifications intervenues à la demande de tel ou tel organisme. Là où il faut prévoir l’urgence, l’administration ralentit tout. C’est Ubu roi.
Cela veut dire que ça va encore recommencer à l’avenir. D’abord parce que comme le fleuve l’Argens qui se jette dans la Méditerranée à coté de Sainte Maxime, il y a des contraintes géographiques incontournables. Et puis il y a aussi des comportements humains inacceptables. Des collectivités locales continuent à vendre des terrains en zones inondables. Parce que la demande est forte dans ces régions ensoleillées. C’est absurde et même criminel. On l’a vu également à la Faute sur Mer avec la tempête Xynthia. Si bien que la justice a condamné l’ancien maire. Et c’est ainsi qu’on arrivera à une prise de conscience des élus, des administrations et des riverains.