C’est la période du mercato. On a vu, à la veille de la Coupe du monde et au lendemain de la finale de la Coupe de France, l’émergence d’un nouveau joueur, qui s'appelle François Hollande.
Il a une capacité assez étonnante à récupérer les faits, les événements, comme un avant-centre récupère les ballons à son avantage.
Il était sur le banc il y a un an, mais il faut toujours se méfier de ceux qui y restent trop longtemps, parce qu’ils ont toujours envie de revenir.
Que se passe-t-il avec François Hollande ? Son livre n’est pas simplement un livre de Mémoires sur sa période à l’Élysée, qui rencontre un certain succès. C’est un fait politique. Avec cela, il a construit une tournée de promotion assez complète, notamment dans les villes de province, dans les librairies où il est, effectivement, bien accueilli. Et, de fait, il s’en sert aussi pour être légitime à prendre la parole lorsqu’il pense que l’actualité le lui demande, de manière spontanée, surprenante et rapide.
Le dernier exemple, ce sont les dernières déclarations scandaleuses du président Trump qui a mimé les attentats du Bataclan devant le lobby des armes. Ça a provoqué un grand émoi en France et il n’y a pas eu, à ce jour, de réaction officielle du président de la République, même si le gouvernement français a répondu.
François Hollande, immédiatement, a réagi, est allé devant les micros, en disant qu’il trouvait cette attitude inadmissible et qu’il fallait la dénoncer. Il a rappelé, évidemment, les démonstrations d’amitié, quelques jours plus tôt, entre Emmanuel Macron et Donald Trump. Hollande a qualifié de ‘simagrées obscènes’, des mots très forts, l’attitude du président américain.
À chaque fois qu’il fait ça, en creux, c’est une critique au président Macron et, en creux, un cours de politique aux socialistes, en leur disant ‘Voilà comment il faut parler’.
Lorsqu’il a critiqué Trump, tous les médias ont demandé l’interview de Hollande, à tel point qu’il a refait une sorte de pool présidentiel pour une journée, avec une caméra qui a distribué à tous les médias.
Il s’est installé comme le sniper en chef face à Emmanuel Macron et c’est un phénomène nouveau.
Dans son livre, il y a une phrase qui est très importante, qui structure toute sa démarche. Évoquant la fin de son mandat, il dit ‘Je ne suis pas un perdant, je suis un sortant’. Ça veut dire que, pour lui, il y a encore une compétition à jouer, parce qu’être un sortant, ça veut dire qu’il se prépare à jouer, éventuellement, un jour, une nouvelle compétition. Il fait comprendre qu’il n’a ni perdu ni gagné, puisqu’il n’a pas joué.
En tant qu’avant-centre, pour l’instant, il est celui qui marque les buts et que l’on remarque en permanence. Mais pour qui travaille-t-il ? Est-ce qu’il n’est pas, pour l’instant, dans une démarche assez perso, individualiste, construisant sa propre image et voyant comment le reste du match va évoluer ? On est encore loin de l’élection présidentielle. On ne sait pas dans quel contexte sera le président Macron, l’exécutif, son gouvernement à la fin du mandat. Et lui se dit que si les socialistes se cherchent un capitaine d’équipe, peut-être sera-t-il à nouveau capable d’être celui qui sera sur les rangs.
Pour le moment, en tout cas, il s’installe dans son mandat post-présidentiel.
Écoutez la chronique de Michaël Darmon dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Philippe Verdier et Billie